08 mars 2010

Journée de la femme

Devoir créer une journée pour protéger et parler de la condition de celles qui sont nos sœurs, nos épouses, nos mères, c’est déjà considérer qu’elles ne sont ni respectées ni honorées telles qu’elles le méritent. Honte à l’homme d’avoir dû se résoudre à une telle journée, à devoir rappeler à toute l’humanité qu’une femme n’est ni un objet, ni un vulgaire symbole de condition physique. Une femme, ce n’est pas uniquement le mannequin exposé et étalé à tous les regards avides, c’est énormément plus de choses délicates et complexes auxquelles nous, les hommes, sommes trop souvent insensibles. Pourquoi avoir honte d’admettre que la différence fait la richesse ? Pourquoi réduire à néant cette différence en créant l’uniformité par la bêtise sectaire ?

Tout à la fois mère, séductrice, besogneuse, courageuse, pleutre, elles sont les êtres pour qui j’ai le plus grand respect. La société n’a eu de cesse de compter sur elles pour enfanter, éduquer notre avenir, tout en continuant à exercer le métier de femme dans le foyer, et bien souvent une autre activité au dehors. Qui a produit les uniformes et les armes des soldats envoyés au front ? Leurs épouses. Qui a assumé le fonctionnement des fermes quand les maris et les fils étaient envoyés s’étriper pour des causes aussi obscures que vaines ? Les femmes. A qui a-t-on demandé de sacrifier fils et époux pour le drapeau ? Ces mères éplorées à l’arrivée du télégramme fatal, ces épouses détruites quand on leur parle de « porté disparu ». Et nous, les hommes, sommes incapables d’assumer et respecter cela ? Honte à nous.

De Kaboul à Paris, en passant par Washington et Rio, elles sont toutes différentes et identiques à la fois. Qui sont-elles ? Des noms ? Des prénoms ? Des anonymes qui luttent, quotidiennement, contre une société qui exige d’elles d’immenses sacrifices. Une femme, c’est un cliché, c’est une jolie personne qu’on exhibe sans complexe, à qui l’on fait remontrance pour sa ligne enrobée, pour sa tenue imparfaite, ou à qui l’on reproche d’être « encore » célibataire et sans enfant. Pourtant, à l’homme on ne demande quasiment rien, si ce n’est d’être « viril ». Quelle blague, quel mensonge social. Cela me met littéralement en colère quand on se contente de ces quelques critères, alors que la finesse d’une femme apparaît d’autant plus qu’on en respecte l’essence. Je maudis les brutes qui étouffent leur compagne, je hais les pourritures qui confondent communication et violence conjugale, et l’exècre ces médias qui s’entêtent à colporter la « poule » décérébrée, servile, et surtout facile à vivre. Laissez aux femmes le droit d’être vivantes, de s’exprimer, d’être simplement humaines.

Le sexe ne définit ni la compétence ni l’intelligence. Le sexe ne stipule pas qui a plus de chance de réussir dans quelque domaine que ce soit. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une bonne épouse est une blanchisseuse, une cuisinière et une puéricultrice. Une bonne épouse ? C’est celle qui donne autant d’amour qu’elle en reçoit, c’est celle qui sait être à la fois sévère pour l’éducation de ses enfants, qu’elle sait être tendre pour soigner les petits bobos. Je ne veux pas d’une femme qui serait alors qu’une image, qu’un parti pratique sur lequel m’appuyer uniquement quand j’en ai besoin. Je veux que chacun sache que l’amour se partage, que le respect se mérite, et quand un homme l’exige, c’est ma main dans sa gueule qu’il cherche.

Nous tolérons sous des prétextes aussi pathétiques que la culture ou l’histoire, qu’on puisse emprisonner des femmes derrière un voile, ou, pire encore, dans une routine de violence et de haine ordinaire. Il n’est pas moins avilissant ou brutal de tolérer la mort de femmes battues, que d’accepter la burqa ou toute prison morale et/ou physique. A ceux qui me parlent de « ces cons de bouniouls », j’ai envie de leur rappeler qu’ils agissent de même avec leur épouse en exigeant qu’elles se taisent, en les brutalisant parce que « Monsieur » n’est pas satisfait, et qu’ils finissent par les tuer à force de coups de poings. Est-ce ça, notre modèle de société moderne ? Vous osez soutenir que nous sommes modernes ? Qui osera le dire à une femme à qui l’on refuse assistance et sécurité ? Les chiffres sont effrayants, ils glacent le sang, mais tout le monde s’en fout. Une femme est morte parce que son ex l’a tué, alors qu’elle avait répété ses appels à l’aide tant aux tribunaux qu’à la police. C’est tolérable, ça ? C’est acceptable ? On offre plus de sécurité aux chiens errants apparemment.

Petits rappels pour ceux qui pensent que tout est « réglé » :
Le viol n’est devenu un crime que dans les années 70
400 femmes décèdent de violences conjugales chaque année
2.000.000 de femmes sont victimes de ces violences

A ce jour... rien n’est réellement fait pour les protéger.

Alors ? La journée de la femme ? A mes yeux, c’est la journée des bourreaux. Nous cautionnons par le silence, nous tolérons par notre indifférence, et tout ceci parce qu’il faut que la société n’affiche pas ses tares. Honte à nous : le silence tue, l’ignorance efface.

Mesdames, mesdemoiselles, je vous aime pour ce que vous êtes, pour la beauté de vos formes, pour la finesse de votre esprit, pour ces baisers que vous m’offrez parfois. Messieurs, je vous hais pour votre arrogance, pour votre prétention à faire de vos épouses des objets, pour votre manque total de savoir vivre.

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