28 septembre 2009

La moralité des artistes

Attention, la question ne va pas se poser sur le pseudo engagement de nombres d’artistes, car au fond j’ai déjà traité la question, et puis j’estime que le mot même « engagement » sent plus la promotion personnelle que le véritable déterminisme. Donc, revenons au fondamental de la question : Les artistes ont-ils une morale ? A l’éclairage de l’actualité, j’ai tendance à revendiquer l’analyse suivante : Plus vous êtes célèbre, plus on vous passe vos travers. Vous en doutez ? Cela vous semble exagéré ? Regardons alors de plus près la chose, histoire d’avoir un regard neuf et honnête.

Prenons Mick Jagger. Icône rock, emblématique « leader » des Rolling Stones, Mick Jagger a été plus d’une fois mis sur le devant de la scène pour ses frasques sexuelles, ses problèmes de paternité non assumée (ou supposée, je laisse la justice se charger de ce genre de scandales), ainsi que pour l’usage de substances illicites. Alors, si j’ai bien saisi le raisonnement, le quidam ordinaire qui se drogue pourra faire de la prison, tandis que la star, elle, sera protégée comme un monument historique ? Déprimant, d’autant plus qu’il est plus que difficile de justifier qu’un artiste puisse être absout tandis que monsieur tout le monde vivra l’enfer de la confrontation avec le système judiciaire de sa nation.

Certains paient cher leurs écarts : certains sont condamnés à la prison, d’autres prennent des amendes astronomiques, mais l’argent aidant, la plupart trouvent des compromis plus que douteux avec la justice. Ceci étant, s’il s’agit de crucifier une star quand celle-ci devient politiquement gênante, rares sont les gouvernements qui hésitent. Caricaturons : Bernard Tapie n’a rien d’un enfant de chœur, mais tout de même, il a été stigmatisé et taillé en pièces parce qu’il était trop « visible » et virulent. Notons de plus que sa patience lui a valu de faire les poches à la banque qui l’avait accusé d’escroquerie ! Enfin bref, le principe est simple : tu es connu, tu peux payer, on tergiverse. T’es personne, t’es fauché… Tu morfles. Scandaleux ? Non, juste inhérent au concept même de capitalisme, où la rémunération est supposée être à la hauteur de la compétence. Un avocat de grand talent se paiera toujours plus cher que le débutant sans passé célèbre. Un Vergès coûtera autrement plus cher que l’avocat du coin… Malsain, orienté par l’argent, mais somme toute « normal » eu égard à notre système.

Là où tout cela devient malsain et limite dangereux, c’est quand une vedette est rattrapée par la justice pour des faits graves, et que, sans complexe, ses contemporains le défendent sans se poser de question. Roman Polanski, accusé dans une affaire grave de mœurs (détournement de mineurs notamment), vient d’être rattrapé par la justice. L’affaire est des plus étranges : arrestation en Suisse, demande d’extradition vers les USA, en sachant que le réalisateur avait fui les USA et ainsi été, en plus des actes qui lui sont reprochés, inculpé pour délit de fuite ! Quelque soit la façon dont on tourne la chose, il faut rappeler que les délits sexuels sur mineurs sont imprescriptibles tant en Suisse qu’en Amérique, ce qui dont lui impose d’être poursuivi sans limite de date ou d’âge. Et là, l’hallucination : la Pologne et la France le défendent, l’UMP (notre cher parti du président), ainsi que tout un ramassis de cons, pardon de membres du cinéma Français, se mobilisent et pétitionnent pour le réalisateur Polonais. C’est une plaisanterie ?! C’est se moquer du droit, se moquer des responsabilités individuelles, et différencier le commun des mortels des vedettes !

Honte à celles et ceux qui défendent R.Polanski sans se poser la moindre question morale. Quelque soit son talent, cela ne l’autorise certainement pas à ne pas respecter ses obligations morales et juridiques. S’il se sent innocent, qu’il se défende. Le droit est fait justement pour protéger (par le biais du principe d’habeas corpus) tant le défendeur que l’accusation. De quel droit serait-il protégé ? Une personne ordinaire, vous, moi, aurait été mis en accusation dans les mêmes conditions que d’une part la presse n’en aurait pas soufflé mot, et d’autre part tout le monde aurait eu des scrupules à défendre l’homme de la rue. Hé oui : le détournement de mineur, ça ne choque que si vous n’avez pas le compte en banque et/ou la notoriété d’une pointure du cinéma !

S’il est coupable : au placard. S’il est innocent, qu’on lui foute la paix. Pas de demie mesure malsaine en le protégeant, ceci allant à l’encontre de toutes les notions de droit et d’égalité que notre devise est supposée défendre. Il n’est pas tolérable, dans un état de droits, d’aller négocier et chipoter avec des règles fondamentales de protection des mineurs. A ce compte, l’assassinat est donc négociable ? On me fera un rabais sur ma condamnation si je suis un présentateur en prime sur TF1 ? M’accordera-t-on l’immunité si je réalise un film aussi vendeur que « bienvenue chez les chtis » ? Et mieux que tout, vais-je avoir le droit de porter un costume de pureté morale, alors que je bats ma femme et mes enfants, tout cela parce que j’ai vendu cinq millions d’albums en France ? Regardons en face notre justice, et demandons nous quelle est cette connerie de se mouiller pour de tels faits. Les USA ont leur justice, charge à nous d’assister, si besoin est, notre ressortissant en cas d’inculpation. En revanche, nous n’avons pas autorité pour remettre en cause leur système, tout comme les USA n’ont pas à nous faire la leçon sur la manière de gérer nos tribunaux.

L'article bien orienté de 1977 concernant l'affaire (sur Paris match)

Le même journal, avec l'article en rapport avec l'actualité du moment

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est curieux que tout le monde le défende ; il sait lui ce qu'il a fait, lui .

Il y a des marques à vie

il n'y a pas 2 justices , celle des gens connus , et ceux qui le sont moins ....

corrine