25 mai 2009

Fosse aux lions médiatique

Je ne vais pas me relancer dans une énième diatribe contre les scribouillards vassaux des ordres établis, pas plus que je ne vais suggérer l’autodafé de nombre d’organes de presse. Aujourd’hui la question est d’actualité, tout en gardant à l’esprit mon profond mépris pour nombre de « plumes » de la presse » (au sens rédactionnel, donc qui couvre également les services d’information de la télévision). Ce qui m’intéresse là, c’est un article du figaro (dont le lien est présent en fin d’article), et qui donne la parole à l’un des accusés de l’affaire des sabotages de voie SNCF de la fin de l’année dernière. A croire que la rédemption peut exister, même dans la presse écrite !

Souvenez vous...
Psychose : des malades mettent des bouts de fer sur les voies TGV, ceci pouvant les faire dérailler. Réaction immédiate : les pandores s’activent, on chasse les assassins en puissance, et, en quelques jours (heures ?) un groupuscule crypto anarcho dieu sait quoi sort du néant. On les filme et immédiatement ils sont identifiés comme étant les coupables... ceci sans jugement, uniquement sur la foi de découvertes incriminant soi-disant les activistes en question. J’avais été plus que circonspect tant sur l’enquête que sur l’étonnante facilité avec laquelle elle avait été menée. Souvenir, quand tu me tiens par les bretelles...

Lien vers l'article du 12 Novembre 2008

Ce qui est amusant, c’est qu’à présent la chose revient sur le devant de la scène car l’un des auteurs présumés a non seulement une verve plutôt efficace, et qu’au surplus on lui donne le droit de parole si longtemps réclamé. Terroriste ? Le droit a pour devoir vis-à-vis des citoyens de prouver, car l’innocence est reconnue par défaut de culpabilité, et non le contraire. Ne sont coupables qui sont reconnus comme tels, et pas l’innocent qui doit prouver sa bonne foi. Plus nous avançons, plus la présomption d’innocence est littéralement bafouée, mais ceci à petites doses : quid de l’innocence des accusés d’Outreau ? Quid de tous ces innocents à qui le droit de parole a été ôté par la vindicte de la presse ? M.Coupat (un des accusés de l’affaire) dérange car il tranche singulièrement avec les gens ordinaires : il sait s’exprimer, il défend ses opinions, et il représente donc ce qui est le plus désagréable pour n’importe quel état (même de droit)... l’électron libre. Que l’on soit d’accord ou pas avec ses théories (je vous laisse seul juge et parti en lisant l’article), je ne saurais trop recommander à mes lecteurs d’agir « comme lui », c'est-à-dire en assumant leurs opinions, en les revendiquant, et en agissant de manière citoyenne.

Ces déclarations sont un retour de manivelle fort intéressant en tout cas : à force de croire que les affaires s’enterrent dès que l’on colle des accusés au fond d’une geôle, nombre de politiques et de journalistes oublient que le peuple a d’une part une mémoire, et que d’autre part les accusés peuvent, et parfois savent se défendre. J’ai beau ne pas tolérer des sabotages stupides comme ceux sur les voies SNCF, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire narquois et moqueur en songeant à ce dossier. On a voulu des coupables idéaux ? Ah bah merde, ils sont tout sauf idéaux en fait ! Le coupable idéal, c’est celui qui se fait broyer par la machine judiciaire, qui finalement s’accepte coupable sans l’être, et qui ne fait plus de vagues. Là, la presse accepte donc d’ouvrir tribune avec M.Coupat, et visiblement l’auteur du billet se voit alors très gêné. Hé oui, les gens peuvent tenir des propos cohérents sans avoir fait l’ENA ou journalisme, et qui plus est étayer ses propos de manière concrète et intéressante. J’applaudis donc l’effort fait par le journaliste, car il a eu le « courage » d’aller au bout de l’interview, de ne pas fustiger bêtement le gauchisme revendiqué par l’accusé, et d’admettre enfin la compétence du dit accusé. C’est assez rare pour être souligné.

Pour conclure, je suis assez content d’être tombé sur un article pareil. En effet, il démontre que, malgré les choix d’autocensure et de déformation de l’information, certaines choses savent rebondir et revenir sur le devant de la scène. La vindicte voulait crucifier, elle assiste à présent à l’assomption. Certes, M.Coupat n’a rien de Jésus, pas plus que je ne peux prétendre à son innocence, toutefois je suis convaincu d’une chose : innocent ou pas, l’état et la presse se sont ligués de manière trop flagrante pour être honnête. Il est temps de redonner de l’autonomie aux journalistes afin que, finalement, ils puissent traiter le quotidien avec honnêteté et justesse. Pour la propagande et le soutien aux institutions, c’est l’état qui doit savoir communiquer. Pour la critique objective et constructive, c’est à la presse d’agir, et surtout le faire sans un contrôle systématique et ostensible de l’état.

Source Lefigaro.fr

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