23 avril 2009

Je hais le papier

« Comment ça, il hait le papier !? » s’écrie le défenseur de la presse libre, le fanatique de la belle lettre ou le monomaniaque collectionneur d’annuaires téléphonique, comment ose-t-il détester cette découverte vitale pour la culture et la distribution de l’intelligence de par le monde ! Je vous le dis, chers lecteurs, je voue une haine farouche pour cette matière qui a mis tout être humain au désespoir au moins une fois dans sa vie.

Il y en a qui y vont de leur pénible et non crédible ritournelle sur la presse indépendante, sur le besoin de communiquer et de critiquer, et surtout de rendre celle-ci disponible au plus grand nombre. Allons bon ! La presse est aussi indépendante que le khmer rouge fut sympathique sous Pol Pot. Mettez les pieds ne serait-ce qu’une seule fois dans une librairie et trouvez une once d’indépendance morale, politique et encore plus financière parmi les publications alignées sous vos yeux scrutateurs. Tous témoignent non pas d’une ligne éditoriale franche, mais plutôt d’une obstination farouche à paraître réactionnaire. Est-ce de la réflexion que de faire les poubelles des politiques ? Est-ce du journalisme que de soulever les jupes des maîtresses tant officielles qu’officieuses des grands de ce monde ? Ca n’a rien d’intéressant, si ce n’est pour une population ravie de pouvoir considérer les gens de pouvoir comme des égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire faibles, vulnérables face à la chair ou l’argent. De fait, le papier est alors haïssables car il se fait transport pour de la propagande ou pire encore pour du néant rédactionnel.

Sois honni, toi le livre qui, sous des dehors de promesses d’évasion ou d’aventure, tu te fais chante d’idéologies malsaines et de discours abscons. Trouver de la culture dans un Harlequin, c’est espérer découvrir de l’intelligence dans les antennes de radios dites « jeunes ». Nous sommes bien loin de ce que le livre nous promet : homophobie, racisme, xénophobie, discours rétrogrades, bref le livre est une arme de destruction massive de l’opinion publique. N’a-t-on pas censuré nombre d’ouvrages pour préserver les masses de leurs influences néfastes N’est-il pas évident qu’il vaut mieux s’envoyer en l’air que de balancer des citations toutes faites et incomprises ? Je sais que, parmi vous, il y a des amateurs de littérature. Quelle prétention ! Voilà qu’on se sent supérieur parce que l’on a feuilleté un classique quelconque, et que l’on est capables d’en extraire quelque réflexion supposée vitale pour l’avenir de l’Homme. L’évidence trône dans les étals des bibliothèques : une majorité d’ouvrages sont consacrés au nombrilisme humain, au lieu d’être force de proposition. Facile de critiquer, surtout si l’on offre rien comme solution…

Et puis que dire de ces papiers infâmants qui nous souillent l’existence de leur pénible présence : factures, lettres de relance, documents administratifs, tous concourent non à nous simplifier la vie mais au contraire à la rendre invivable ! Pourquoi les gens espèrent-ils une simplification des procédures ? Parce que le formulaire machin est indispensable avec la pièce comptable truc, et que sans cela l’ahuri chargé de vous répondre sera heureux de vous notifier, par écrit, que « Votre dossier est incomplet ». Merci à toi, oh admirateur de la rectitude, de la droiture dans l’empilement de documents ! Grâce à toi l’Homme a découvert qu’il est capable de gâcher son temps et son espérance de vie juste en quêtant LE document dont tous nous ignorons l’existence et qui, bien entendu, vous sera demandé. Ultime provocation, ne dit-on pas que, légalement, nous sommes tenus d’avoir nos papiers sur nous ? Et puis quoi encore !? Autant se faire marquer avec un code barre directement sur l’épaule de sorte à faciliter le travail de nos vigiles devant peu à peu gardiens de troupeau.

Et puis finalement, le papier est surtout un danger majeur, un risque pour l’humanité. C’est que ça coupe ces conneries de feuilles dans la ramette que l’on engouffre sans précaution dans la photocopieuse ! SALOPERIE ! Ca fait mal !!!

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