17 mars 2009

Légiférons

Si la complexité des lois et autres édits est si importante, c’est qu’ils sont supposés couvrir l’intégralité des aspects de la vie courante. En effet, nous autres êtres humains, nous sommes bien moins organisés et préparés à la vie en communauté que la plus insignifiante des fourmis. Ah ça ces foutues bestioles à mandibules savent vivre ensemble : une fourmilière, une hiérarchie immuable, des règles élémentaires indispensables à la survie et pas d’élection ou de décisions collégiales. On est bien loin des clichés qui nous servent de nécessités pour nous comporter à peu près décemment en groupe !

C’est quand même comique, enfin je trouve, d’aller se tarabuster la boîte à neurones pour pondre des réglementations sur tout et n’importe quoi. Songez-y un instant et vous allez être saisi d’une stupeur effrayante : tout est codifié ! Depuis la dimension des toilettes jusqu’à la longueur maximale autorisée d’un rosier mis en vente dans votre jardinerie favorite, nos chers politiques se sont fendus de coller des lois, règles et tables de vérité sur absolument tout ! Mais quel foutu pervers est allé s’essorer le ciboulot sur la qualification et le calibrage des bananes ? Quel vicelard manquant de pouvoir s’est vengé sur le quidam innocent et sans connaissance des choses de ce monde, en lui imposant la couleur des marquages au sol, le dimensionnement standardisé des couffins et enfin, ô combien indispensable à la vie, la graduation pécuniaire des amendes sur le voie publique !

Je me moque, mais tout de même il y a de l’abus. Que l’on colle au placard un assassin avec des durées déterminées par une législation, cela se comprend et même se justifie (alors que les fourmis, elles, ne connaissent pas la rébellion et au pire se nourrissent du corps de leurs congénères mortes)... Mais aller se tripoter le citron sur la distance minimale entre deux prises de courant ! Franchement, chaque jour nous met en joie sur ce domaine : le journal officiel recèle des perles de modifications, ajouts, annulations, corrections de lois que nul ou presque n’a même l’idée d’aller consulter. On m’a déjà affirmé que le code civil français est le plus riche, le plus complet et le plus complexe qui soit au monde. En gros le raisonnement tenu est le suivant : si c’est écrit dedans c’est interdit, tout le reste par défaut est autorisé. Les USA fonctionnent un peu à l’envers (il paraît, je ne suis pas juriste pour deux sous). En gros, si ce n’est pas explicitement autorisé c’est nécessairement interdit. Dans un cas comme dans l’autre cela apporte souvent ses contresens et obsolescence de la législation en vigueur. Nous sommes devenus les rois de la loi qui de toute façon est si restrictive et si difficile à mettre en œuvre que, techniquement, nous sommes tous tôt ou tard hors la loi. N’allez pas arpenter des chemins vicinaux sous peine d’être coupable de violation de propriété privée sans le savoir. Ne songez surtout pas à laisser votre animal de compagnie se soulager hors de votre propriété, et encore moins dans le caniveau !

Revenons sur l’hypocrisie des lois. Celles-ci sont généralement rédigées à un instant de l’histoire, un instantané d’une situation « imposant » de rédiger un article supposé utile. Prenons un exemple historique qui a été récemment abordé dans nombre de documentaires. La loi sur l’IVG. Tout est parti de la loi du 31 Juillet 1920 interdisant l’avortement, le rendant ainsi passible d’emprisonnement tant pour la personne pratiquant l’acte « médical » que pour la patiente. Pourquoi ? L’idée était de repeupler la France saignée à blanc par les tranchées de 14-18. Ainsi, un médecin n’avait pas le droit d’expliquer aux femmes ce qu’est la contraception, ni même de leur donner la moindre information sur la physiologie féminine. On peut donc comprendre qu’à ce moment l’idée était de maintenir l’épouse comme « femme au foyer », le cliché périmé de femme mère, celle qui se tait et « pond » des enfants. N’est-ce pas là quelque chose qui méritait d’être revu ? En 1972 une femme a été mise en examen pour avoir aidée sa fille violée à avorter. Le procès fut si médiatisé qu’il devint le fer de lance du droit à l’avortement (procès de Marie-Claire à Bobigny). Il aura fallu une médiatisation à outrance pour que la femme puisse enfin disposer de son corps et se faire entendre... Lamentable non ?

Pour la bonne bouche, deux liens à lire et à méditer...
A lire : Historique sur le droit à l'avortement
Historique des droits de la femme... certaines dates sont ahurissantes

Aujourd’hui nous avons encore de quoi faire : la société est en mutation constante et nombre de lois sont aujourd’hui caduques. Je suis certain qu’un peu de curiosité nous amènerait à des découvertes au mieux risibles, au pire terrifiantes. Tenez, par opposition à mon commentaire sur l’avortement (et envie de provoquer la gente féminine... on ne se refait pas) : pourquoi l’homme (aussi bien soit-il) n’est-il pas traité à égalité avec son épouse lors de la gestion du droit de garde des enfants ? Je vous invite tant hommes que femmes à réfléchir sur la façon dont notre société avance et souvent recule bêtement. Autant les libertés fondamentales deviennent de plus en plus réelles pour chacun, autant nous nous enfermons dans un carcan de « moralisme » puant. La femme exhibée, objet ne semble plus choquer personne. On nous parle d’ode à la féminité... faux culs que vous êtes... mais là je dérive de sujet !

Bonne soirée... et bonne mise en examen !

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