08 avril 2008

Des idées plein la tête

Après m’être souvent déchaîné sur mes pairs et de les avoir affublés de bien des noms d’oiseaux, il s’avère qu’aujourd’hui j’ai envie d’innover. Loin de moi l’idée de cesser de vilipender la bêtise humaine, c’est juste que j’ai eu comme une espèce d’inspiration (non, je ne me moie pas du tout !), un moment de divagation imaginative m’emmenant par delà certaines frontières… Pour ceux qui me lisent pour la première fois non je ne consomme pas de stupéfiants ou de psychotropes.

Alors… laissons donc l’esprit divaguer et se lancer dans une petite histoire qui, je l’espère, saura un jour être autre chose qu’une introduction à un « autre monde ».

Votre serviteur.

Je m’en souviens encore, comme si cinquante ans de vie pouvaient être résumées à une seule et unique journée. J’arrivai de ma petite ville nichée dans les replis de la lande de l’est, et des idées préconçues plein la tête : diplôme technique en poche, mes vingt ans orgueilleux et le sourire en coin, je descendais pour la première fois à Varia, la capitale de l’état. J’avais la jeunesse enthousiaste surtout que c’était la première fois que je voyais un train en action. Ah ces machines à vapeur ! J’avais passé toute ma scolarité à étudier ces machines et ce dans l’unique but d’obtenir mon diplôme de vaporiste. Ranetta était une petite ville agréable avec son université, mais franchement, quel aurait été mon avenir si ce n’est l’entretien des machines agricoles ou au mieux celles des grandes mines de fer ? Je n’avais aucune envie d’être qu’un vulgaire agent de maintenance. Bref, je bavais littéralement sur la huit essieux qui avaient tirée notre train quand un policier vint à ma rencontre. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’avais encore jamais vu un agent en livrée de mon existence car tout au plus nous avions eu pour service d’ordre une petite brigade de volontaires tous atteints d’embonpoint chronique. Il se mit à m’interroger avec un accent à couper au couteau, me demandant papiers, destination et si je connaissais quelqu’un. Je répondis simplement que, étant donné mon statut de jeune diplômé j’avais eu le droit de venir tenter deux années supplémentaires à la faculté STEAM de Varia. Il sourit, me rendit mes documents et m’orienta vers un guichet. C’est alors que je remarquai la structure de la gare. Monumentale ! Faite de larges voûtes et arches en fer forgé et riveté, elle s’étendait sur des surfaces immenses ! Rien qu’en comptant depuis mon train je pus identifier vingt quais différents et tous intégralement couverts. Tout en bout se logeaient contrôleurs et commerces bigarrés, tous nichés sous les grands piliers de soutien. De là où je me trouvais je vis que toute la partie haute était vitrée avec soin, l’intégralité semblant dessiner pour les cieux le symbole de la compagnie et le drapeau de notre pays. Aussi étrange que cela puisse paraître c’est avant tout la suie qui me prit de court : la peinture vert olive semblait s’être étiolée pour laisser sortir un noir gras, une sorte de gangrène par flaques éparses jusqu’à se concentrer à la verticale des motrices. Plus loin, la lumière filtrait aisément et donnait donc un contraste bizarre entre les quais sombres et les allées illuminées.

Un sifflet me tira de mes songes, il était temps que je rejoigne les trolleys dont m’avait parlé l’agent. Je suivis alors des flèches jaunes m’indiquant un chemin particulier… et ce fut à nouveau un choc, en tout cas pour moi jeune étranger n’ayant vu que des petites maisonnées ou au plus des immeubles râblés et cossus. Ici, les rues semblaient être mes avenues, et les avenues ma ville toute entière. Varia dans son gigantisme avait étirée ses tentacules de pierre et de brique à des kilomètres à la ronde, et ce que j’en avais vu depuis les fenêtres de mon wagon n’était rien comparé à ce que je voyais là. Tous les immeubles semblaient avoir des hauteurs sans fin, chaque façade arborant un symbole familial ou des gargouilles finement taillées dans le marbre. Les fenêtres m’apparaissaient par milliers, innombrables trouées dans ces bâtiments orgueilleux. Au pied de ceux-ci se déroulait de l’asphalte, cette nouvelle matière dont on m’avait déjà vanté les mérites et qui tardait à sortir de la capitale. Des engins tractés par des chevaux croisaient la route de petites locomotives autonomes et sans rail, des voitures comme me l’a dit un passant à qui je posai quelques questions. Elles fonctionnaient à la vapeur, quelle question ! Cela sifflait, chuintait tant que faire se peut mais visiblement elles roulaient à de bonnes vitesses ! L’esplanade de la gare était si grande que des dizaines de ces engins y étaient garé et je pouvais aisément en dénombrer des centaines d’autres qui allaient et venaient. Ca et là des vendeurs à la sauvette tentaient de caser quelques cacahuètes grillées ou des journaux du jour en vantant leur marchandise en braillant.

Je m’approchai du symbole « T » du trolley et vit arriver cet engin étrange : c’était une locomotive mue par une chaudière à l’avant, le conducteur assis juste à côté, le tout tractant trois wagonnets à deux étages. L’ensemble était d’un rouge vif impossible à confondre avec quoi que ce soit d’autre. Les gens montaient, descendaient, se bousculaient et je fus pris dans le mouvement. En quelques instants je fus donc dans la masse de passagers, à attendre le premier à-coup du démarrage. Une soupape siffla, on entendit le conducteur annoncer le départ, un coup de corne pour alerter les voitures et l’engin s’élança. Il grinça, se plia un peu telle une mule sous l’effort et nous partîmes. J’avais l’air malin, à remonter ces voies en pleine ville sans savoir où aller. A force de fouiner dans le wagon je remarquai enfin le plan collé à la corniche : la gare centrale se trouvant là, je remontai probablement une de ces … dix sept lignes ?! Rapidement je vis l’ampleur du désastre. Où allais-je ? Un passager qui sortait à l’un des arrêts me dit rapidement « ligne huit » puis s’en alla avant que les portes ne se refermassent sur lui. J’étais donc entre la gare et … nulle part, cherchant à aller à la faculté STEAM… Le conducteur me sourit en remarquant mon désarroi et se mit à m’expliquer où aller, quelle correspondance, et je fus perdu en l’espace de trente secondes. Toujours aussi patient, il me nota le chemin à prendre et ce que je devais faire. Il me déposa donc à l’arrêt convenu, me salua, et reprit sa route comme si faire rouler un train en pleine ville avait quoi que ce soit de normal.


Voulez-vous une suite ? Dites le moi et je commencerai alors une petite histoire à suivre ici même !

Frédéric / JeFaisPeurALaFoule.

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