10 mars 2008

Je me demande…

C’est suite à des remarques réitérées et pleinement justifiées d’une violette que je pose une question existentielle tant à moi qu’à la foule de mes lecteurs : pourquoi faut-il aborder la guerre ou la crise comme sujet majeur pour l’analyse et la compréhension de l’humanité ? Certains se lanceront tout de suite dans un bilan historique avec documents et crimes odieux à l’appui, d’autres avanceront une psychologie indigente et une intolérance aussi culturelle qu’innée, et les derniers et non des moindres argueront que de toute façon l’homme est fait pour se détruire. A ce compte, autant dire tout de suite que la discussion est close en prenant le parti de dire que nous sommes foutus, ça évitera aux philosophes des phrases kilométrées et des formules éculées sur la nature même de notre humanité.

La question se pose de manière d’autant plus aiguë qu’aujourd’hui les nations européennes peuvent légitimement se vanter d’avoir réussi, au prix de sacrifices parfois inacceptables, à ne pas s’engager dans quelque conflit que ce soit. Evidemment, j’exclue toute intervention moralisatrice sou l’égide de l’épicier ONU ou pour jouer les tuteurs avec les républiques bananières africaines, non là je songe surtout aux conflits territoriaux européens, de ceux qui ont provoqués par deux fois un désastre mondial. Bien sûr qu’il est bon d’éviter à tout prix la guerre, bien sûr qu’il est indispensable de partager le monde avec bon sens et générosité, mais le pendant malsain de la paix c’est qu’elle crée à mes yeux des générations de personnes qui se détachent avec véhémence de valeurs qui me semblent pourtant nécessaires à la vie en communauté. L’identité n’est pas accessoire et à trop vouloir lisser le passé on obtient au contraire des aspérités difficiles à combler. Le discours récurrent des politiques est l’intégration (on a poussé le vice jusqu’à en faire une affaire d’état par la création d’une charge ministérielle) alors qu’il faut non pas maintenir des pièces rapportées mais plutôt assimiler pour que l’identité de nos enfants soit celle de la nation où ils vivent.

Pourquoi respecter un drapeau ou avoir une haute idée de l’intégrité d’un peuple est devenu une espèce de tabou ? En quoi la revendication d’être soi devient une tâche au lieu d’être un bienfait ? Au lieu de proposer des pis allers à toutes les nations reconstituées (avec le résultat qu’on connaît), pourquoi ne pas prendre le temps de savoir si oui ou non ces peuples sont faits pour cohabiter ? La Tchécoslovaquie s’est scindée sans un coup de feu, c’est donc qu’il est possible d’avoir une paix sans pour autant dénigrer l’identité nationale. Dans ces propos certains nationalistes se reconnaissent et poussent jusqu’à invectiver les minorités : une minorité n’est pas une tare, ce n’est pas non plus une opposition à combattre, une minorité c’est une identité à respecter mais avec l’obligation réciproque de respect des institutions en place. J’estime qu’on ne saurait dissocier unité de la nation Française avec la multiplicité de ses riches culturelles : bretons, alsaciens, parisiens, chtis pour ne citer qu’eux sont tous français avec chacun la spécificité de la langue, de la cuisine et de l’histoire. Il est donc urgent de comprendre qu’assimilation ce n’est pas détruire la particularité, c’est au contraire de se l’approprier pour qu’elle devienne une part intégrante du patrimoine. C’est pour cela qu’il m’est incompréhensible quand les dites minorités refusent l’effort de s’approprier la langue française ou pire encore quand elles dénigrent les institutions qui les accueillent et les aident.

Tout un tas d’associations braillent leurs grands dieux qu’il y a du racisme de la part des autorités, que les expulsions sont des drames sanitaires et qu’au surplus il s’agit plus de déportations que de retour au pays. Qu’on leur pose deux questions : la première, quelle est la limite « acceptable » pour l’immigration ? La seconde est que fait-on de celles et ceux qui profitent du système au lieu d’en être une partie prenante ? Pour la première je pose la question sous une forme plus insidieuse : dans quelle mesure peut-on envisager de laisser les portes ouvertes, et à partir de quel surplus de population cela deviendrait inacceptable ? Pour la seconde je laisse à chacun le choix de sa conscience ainsi que la lecture des dépenses de l’état. A force de choisir le paternalisme nous générons toute une population qui ne participe plus à la vie du pays mais qui au contraire s’en nourrit au point de l’étouffer. Il ne s’agit plus d’une question d’étranger opposé au « français » mais carrément d’actif à l’inactif. Que chacun trouve ses marques.

Je reviens sur le respect de la nation et de ce que peut représenter un engagement personnel. En quoi est-il déshonorant de défendre des convictions ? Comme dit un grand ami « le pays a la jeunesse qu’elle mérite », ce qui, je le crains sincèrement, signifie que bien trop de personnes se sont abaissées à se moquer de tout. J’ai senti un frémissement salutaire concernant le vote mais hélas, encore une fois la versatilité de la population est à hurler de colère : si l’on tend l’oreille on n’entend que des critiques et des « je n’ai pas cautionné ce président ». Mais alors, qui a voté pour lui ? Les faux culs comptez-vous ! Assumez votre décision, assumez celui que vous avez mis aux commandes. Je n’apprécie pas ce qui nous pend au nez pas plus que je ne tolère les entorses à la démocratie qui sont en cours de discussion (voir mon article sur la « Schutzhatft ») mais je ne lui renierai pas le droit de gouverner. Choisi par le peuple… donc à assumer de par ce choix. Cela n’interdit pas la critique, si seulement elle pouvait se faire constructive…

J’aime et je m’amuse de ce qui peut se dire au moment du dépouillement des urnes, notamment quand les grandes pointures de la politique viennent deviser à la télévision comme une bande d’analystes de comptoir. Dans ce fatras d’idées et de discours j’ai relevé un certain nombre de choses méritant d’être dites : d’un côté une gauche qui tente de se rénover mais qui en guise de programme parle de vote sanction, et de l’autre une droite prise à parti pour sa gouvernance mais prétendant à un bilan dont on n’a pour le moment vu que les mauvais aspects. Ce fut d’ailleurs particulièrement risible quand une certaine dictatrice en puissance (Mme Dati pour la nommer) fut remise en place par M. Fabius qui lui suggéra de ne pas parler de bilan avant d’avoir entamé quoi que ce soit de concret. N’étant pas spécialement amateur des deux personnages, je dois tout de même saluer cet homme qui a, lui au moins, une véritable expérience de ce que peut être la politique. Bref, aucune réflexion, rien que des petites phrases pour assassiner le parti d’en face. Hé dites, si ce sont les municipales c’est donc que le débat doit se faire localement sur les compétences et résultats de chacun et non sur une couleur politique. Prenons ma ville (Champigny Sur Marne) : elle reste communiste depuis des décennies parce que les habitants sont satisfaits, alors que le choix aux présidentielles, bien que de gauche, ne s’est pas majoritairement porté sur des candidats PC. C’est une preuve que les politiques d’en haut n’ont qu’une vue étriquée et qu’une conscience limitée de ce qu’est une nation… Dramatique non ?

Si donc nos politiques sont aussi peu compétents à défendre une véritable éthique nationale, comment peuvent-ils exiger du peuple d’être meilleurs qu’eux ? Il me paraît donc d’autant plus difficile d’obtenir une quelconque assiduité électorale que sociale dans la foule que ses dirigeants n’en respectent pas plus les principes. Elus, défendez une fonction, des principes, des idées, pas des partis, des fanions ou des couleurs simplificatrices. Le maire porte une écharpe tricolore pour symboliser son rôle dans sa communauté, n’oublions donc pas d’où viennent ces couleurs, d’où viennent notre droit de vote, et qui plus est celles et ceux qui luttèrent pour une véritable idée de la démocratie. En dénigrant l’armée, la police, la justice, la politique, nous, population, nous créons une aire de non droit où viennent se loger l’extrémisme, le communautarisme mais aussi l’immoralité économique. Nous ne respectons plus rien, alors qui nous donnerait la moindre légitimité pour critiquer ceux qui se servent à la gamelle de la démocratie ? Des idées dites « innovantes » sont balancées concernant l’économie, l’imbécile pouvoir d’achat agité tant en tant que menace qu’en tant qu’étendard, et finalement personne n’est gagnant à part celui qui sait se mettre hors de portée des lois. Ne demandez pas au pays de faire quelque chose pour vous, faites quelque chose pour votre pays pour qu’il vous donne votre part de sa réussite. A tous ceux qui couinent sur le portefeuille qui se vide, je rappelle que d’un côté vous demandez à avoir une véritable couverture sociale, que vous exigez une qualité de vie, de transport et d’infrastructures, mais qu’à l’opposé vous ne voulez plus revenir sur des acquis comme les 35 heures ou toucher aux retraites… je suis le premier à comprendre qu’on puisse refuser de venir mettre les mains dedans, mais ne vous demandez pas pourquoi les salaires se réduisent, pourquoi les prix augmentent si la proportion de productifs devient de plus en plus faible. Des entreprises sont aujourd’hui rentables non par la production mais par le négoce de leurs actions. On a vu de grands groupes jouer de la fusion acquisition pour gonfler artificiellement ses chiffres et personne ou presque saurait vous dire quelle entité est rentable ou non. Demandons nous donc ce que nous voulons : un pays qu’on respecte et où nous sommes moteurs, ou bien un pays qui ne demande qu’à être saigné à blanc…

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