14 février 2008

Japon mystique

Suite au cadeau d’une amie proche j’ai pu savourer la musique d’un artiste nommé Frédérick Rousseau. Je n’ai hélas que peu d’informations sur lui et de plus Radioblogclub étant actuellement en pleine refonte, il m’est donc difficile de vous mettre un extrait de son œuvre. Toutefois ce que j’ai en ce moment même dans les oreilles est une musique au style très japonais et d’une douceur incroyable, et en compensation je vous mets la vidéo d’une composition totalement japonaise.

"Kibitaki Forest" par Liu Fang et Yoshio Kurahashi jouant respectivement du shakuhachi et du guzheng (cliquez sur les noms des instruments pour en savoir plus)


Ce qu’elle m’inspire ? Je ne sais pas si je dois cela aux clichés énumérés dans les films parlant de l’empire du soleil levant ou bien au fait que j’écoute avec délice ce style de mélodies, mais je dois dire que j’ai l’imagination qui travaille énormément. Vous, que vous fait-elle, provoque-t-elle l’apparition d’images, de situations ou de lieux ? J’aime assez écrire accompagné par une musique à laquelle je prends l’essence pour en tirer une histoire qui saurait se marier avec les harmonies. Ce mariage est vital pour moi car la Vie est faite de sons et non pas seulement d’images et j’ai la chance de ne pas être sourd… Alors savourons ensemble ce plat offert par la tradition des instruments de l’Asie et par ces accords si peu usuels dans la culture occidentale.

Historiquement il faut savoir que, sous des dehors de traditions et d’une stabilité maintenue par la fermeté d’une hiérarchie précise de la société, le pays fut longtemps secoué par des guerres et des changements de pouvoirs de par sa structure même de division en territoires en lutte pour le pouvoir territorial. On peut assimiler les seigneurs japonais aux seigneurs du moyen age européen et français notamment avec des régions protégées par une armée privée à la solde d’une noblesse militaire. C’est ici qu’intervient le légendaire samouraï, noblesse d’épée et soldat obéissant à un seigneur. Pour simplifier un samouraï prêtait serment d’allégeance et devait à son maître respect et d’utiliser son sabre pour le protéger. La voie du sabre, la philosophie mélangeant mysticisme religieux et art de la guerre est le point d’orgue de cette caste à part où l’art de vivre et de mourir et même de tuer sont ritualisés et précisés. Depuis les maîtres légendaires (Musashi Miyamoto décrit dans les ouvrages "La pierre et le sabre" puis "La parfaite lumière" de Eiji Yoshikawa) jusqu’aux récits épiques de combats entre des armées gigantesques pour l’époque, toute cette période est fascinante de richesses artistiques : peintures, dessins, céramiques diverses, intégration du zen dans la vie de chacun, bref un développement très intérieur puisque l’époque voulut que le Japon se referma sur lui-même jusqu’au milieu du XIXème siècle. C’est l’avènement de l’arme à feu ainsi que la fin du droit de porter le sabre qui mit fin au mode de vie féodal du Japon… dans le sang. Plutôt que de vous faire un résumé imparfait, mal documenté de cette riche histoire, je vous suggère plutôt de lire des ouvrages sur le sujet.

L’art du sabre, l’art de manier une arme et d’en faire aussi une philosophie de vie. C’est étrange comme la lame d’une arme a toujours fasciné les hommes. Considérée comme une arme noble le sabre fut immédiatement interdit aux paysans (tout comme toutes les armes d’ailleurs) et réservé à une élite combattante. Améliorée au fil des siècles (certains parlent en millénaires !), l’art du sabre est devenu plus qu’une technique combattante, le samouraï estimant que son âme est dans son arme. De ce fait, perdre ou détruire son sabre était un grand déshonneur, tout comme perdre son allégeance auprès d’un seigneur ou du Shogun. Sans maître, le samouraï devenait Rônin, homme souvent associé aux bandits de grands chemins et personnage peu recommandable parmi les hommes d’épée.
Je disais plus haut que les paysans n’avaient pas le droit à l’usage d’une arme, celle-ci étant réservée aux nobles. C’est à cause de cette restriction impériale que les paysans usèrent de leurs équipements (fléau à riz par exemple) et mirent au point l’art du combat sans pour autant enfreindre la loi. De ces « soldats » dérivèrent le fameux ninja, mythe cinématographique n’ayant qu’un lointain rapport avec la réalité. La majorité des ninjas étaient des tueurs à gage ou des gardes du corps qui majoritairement se fondaient dans la masse déguisés en jardiniers, paysans, serviteurs pour effectuer leurs basses besognes. Disposant d’un équipement très particulier dédié au meurtre, ils terrifièrent les chefs de guerre de part leur maîtrise du combat rapproché et des infiltrations nocturnes que par l’absence de possibilité d’identifier un ninja avant qu’il frappe.

Je n'ai pas suffisamment de connaissances sur tout ceci pour me permettre d'ajouter des images de peintures et autres oeuvres d'art, surtout de peur de mettre des clichés impropres à exprimer ce que put être le Japon médiéval et pré moderne... toutefois cherchez sur internet, le réseau n'est pas avare en belles photographies à ce sujet (notamment pour ce qui est de l'architecture ainsi que de l'art des jardins à la japonaise).

Maintenant… réécoutez le morceau, et laissez vous aller à imaginer ces hommes et ces femmes vêtues de manière traditionnelle, vivant dans les rues et avenues du futur Tokyo…et rêvez.

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