16 octobre 2007

Rome ! (redux)

Bon… on ne se moque pas, ce texte prend la place de celui rédigé hier concernant Rome et César, car après tout il nous arrive à tous de ne pas atteindre ses objectifs. Ayant été déçu de ma prose (et ayant déçu une lectrice), je me suis empressé de le supprimer pour en refaire un. Après tout, le travail ce n’est que faire et défaire jusqu’à ce que mort s’en suive, ou jusqu’à la retraite -si possible, merci d’entendre cette prière-

Je disais donc avant de m’auto censurer pour les raisons énoncés ci-dessus, que je trouvais fascinant l’époque Romaine et tout particulièrement César pour qui j’éprouve une espèce de tendresse, comme un gosse face à un personnage de bande dessinée. Et oui, j’ai le goût de l’impérial, de la Majesté et du pouvoir, surtout quand celui-ci fut servi par un homme pétri par les plus grandes qualités et défauts qu’on puisse avoir. L’Histoire n’est pourtant pas avare en héros ou en despotes, et pourtant de tous c’est un de ceux que je trouve le plus fabuleux.

On peut dire que Monsieur a eu un cursus des plus enviables : sénateur, général puis finalement empereur, on peut dire qu’il a de quoi impressionner le plus prétentieux de nos technocrates. Aujourd’hui on ne dirait donc plus qu’il a de l’expérience mais un véritable palmarès ! D’ailleurs, un empire comme Rome a de quoi fasciner tant par on exceptionnelle durée que par son ampleur. Rarement empire fut aussi étendu, et rarement empire fut aussi techniquement abouti. Avec le regard d’une personne moderne on pourrait à tort prendre Rome pour un état sans réelle structure, pour une situation si vieille qu’elle en était lamentable… mais il y a deux milles ans c’était un état modèle, administré avec soin et disposant de fonctionnaires compétents et zélés. Le rayonnement de Rome était autrement plus glorieux que celui de Washington aujourd’hui… bon d’accord, Washington et gloire dans la même phrase ça laisse dubitatif, mais bon, je n’ai pas pu m’empêcher de sortir une conne.. (Comment ça je m’éloigne du sujet ?! D’accord…)

Revenons à César : explorateur doublé d’un conquérant, il est à l’image de ses deux livres basés sur les guerres en Gaule et sur la révolution à Rome, c'est-à-dire complexe, orgueilleux et soigneux de son image. C’est tout de même le premier des « grands hommes » (et même le seul !) à avoir rédigé une chronique de ses actions sur le vif et de les avoir publiées à des fins de propagande. Ce qui est exceptionnel c’est que c’est aujourd’hui encore un témoignage incroyable sur les conquêtes Romaines, sur la diplomatie vue par César et sur les peuplades d’Europe de l’ouest. A lui seul ce livre vaut pour référence tant on en apprend sur les habitudes et le caractère nos ancêtres Gaulois, Belges ou Suisses (pour ceux dont les origines sont européennes s’entend). Pour autant, il s’agira de se réserver une part de précautions car le second fait incroyable du livre basé sur la Gaule est que Jules César l’a rédigé à des fins… de propagande ! Et oui, surprise, Rome était une « démocratie » où étaient élus les sénateurs. Bien sûr, la démocratie Romaine était aussi l’esclavage et l’asservissement des vaincus ou l’utilisation d’otages lors des victoires. Mais pour un Romain, le peuple Romain était réellement souverain, enfin jusqu’à la prise du pouvoir par César (encore lui !)

La modernité de l’homme lui donne un caractère encore plus exceptionnel : fin stratège (mais parfois trop arrogant pour faire marche arrière), négociateur compétent (mais parfois dupe de sa propre aura) et surtout expert en propagande, César a démontré qu’un peuple se doit d’être satisfait pour conserver le pouvoir. Les offrandes faites à Rome furent architecturales, ceci tant dans la taille (théâtres, monuments divers…) que dans sa glorification. Après tout, être en grâce auprès des élus c’est ce que demande tout politicien qui se respecte, non ?

La légende veut qu’il était épileptique, dévoyé, souvent incapable de gérer correctement sa vie privée et pardessus le marché un expert en traitrise. Quoi de plus naturel pour un homme de pouvoir ? La légende se bâtit sur le bien et le mal après tout. Là où je trouve encore un peu plus de puissance dans cet homme c’est dans deux aspects de sa personnalité : face au combat il leva le glaive comme ses légionnaires, ce qui en fit un symbole pour toutes les troupes, et qu’à présent être un César c’est être capable de prendre « seul » le pouvoir. Quoi de plus galvanisant qu’un chef qui soutient l’effort au combat de son propre bras armé ? La guerre se faisait au corps à corps, pas à l’aide d’un téléphone de campagne. A tout choisir, je trouve plus honorable de mourir près d’un homme aussi courageux et fier qu’au bout du fil avec un planqué assis dans un fauteuil en cuir. Question d’époque je suppose…

Malheureusement, toute l’Histoire ne retiendra que la mort de Vercingétorix, la fin de la Gaule libre ainsi que les massacres… mais oublier les thermes, le latin, la littérature, l’architecture, les sciences, l’art de la guerre ce serait alors oublier un pan complet de notre propre culture ! Rome a donné un sens à l’armée de métier, elle a mis en place le principat, le sénat ainsi que de véritables textes de lois. Rome a également définie la notion de fonctionnaire ainsi que leurs attributions, tout comme les premiers principes d’urbanisme. Les routes Romaines ont été le premier réseau de déplacement fiable au monde, le premier du moins qui permit tant aux armes qu’aux biens de circuler librement dans l’empire. A ce titre il faut savoir que bon nombre de nos artères actuelles suivent quasiment trait pour trait les tracés de l’époque. Comme quoi…

« AVE CESARIUS ! » aurais-je pu crier en brandissant une lance…. En fait non, ma chevelure blonde et mes yeux bleus m’auraient classés Gaulois ou Germain et non Romain. Quoi qu’il faut enfin savoir que l’armée Romaine était aussi faite d’un panachage de troupes hétéroclites : pendant les combats en Gaule, la cavalerie était la tâche des Héduens, population Gauloise experte dans ce domaine où les Romains étaient très en retard. De la même manière des frondeurs, des lanciers, enfin bien des troupes furent associées aux victoires de Rome tout en étant des « libres » (non Romains mais non esclaves) et non des Romains de souche.

C’est peut-être ça l’intégration ! Monsieur le Président, on change le système ? J’ai comme une envie d’Alésia là…

La page Wikipedia sur Jules César:
Jules César
Une petite référence littéraire essentielle sur le personnage de Jules César (cliquez dessus pour accéder à Amazon.fr) :

Aucun commentaire: