12 septembre 2007

Suis-je communiste ?

En voilà une question qu’elle est bonne ! En ces temps troubles où l’on retrouve une fascination étrange pour les régimes totalitaires et où l’ordre est de plus en plus dressé en vertu, je me demande sincèrement si, au milieu de ce fatras d’opinions mal dégrossies je ne suis pas un communiste en puissance. Bien entendu, dès que j’ai le malheur de parler de communisme j’ai immédiatement droit à la levée de boucliers anti Staline qui me lancent sans aucune pitié si circonspection « Et que le communisme c’est de la merde », « Les communistes y ont faits que des problèmes »… avec une acuité et un niveau d’analyse dignes de l’école primaire. Boutade mise à part, on observe un rejet massif de l’idéologie communiste comme si celle-ci pouvait être assimilée à des modèles fascisants ou national socialistes. En soi, je suis le premier à affirmer que ce fut bien le cas pour plus d’un dictateur frappé de l’étoile rouge, cependant je suis plus modéré quant aux discours et aux idéologies.

Ne mélangeons pas tout : le fascisme c’est d’office le principe d’une autorité suprême, un guide qui a tous les pouvoirs et qui en conséquence ne peut ni ne doit se tromper. A tout prendre, cette vision oligarchique du pouvoir est bien plus proche du royalisme que d’autre chose au titre qu’aucune autre entité qu’elle-même ne justifie alors l’omnipotence de sa position. Paradoxalement, le communisme lui, dans sa phraséologie du moins ne prône pas une dictature d’un seul homme, c’est avant toute chose le pouvoir au prolétaires, donc finalement une idée pas si éloignée de l’idéal démocratique que nous brandissons à chaque fois que nous estimons nos libertés en danger. Par opposition la démocratie se devrait d’être communiste et non pas capitaliste car elle serait alors une image exacte des opinions du peuple dans son ensemble. Aujourd’hui nous sommes dans une démocratie petite bourgeoise (découpage de Karl Marx), c'est-à-dire que les petits bourgeois, vous, moi, enfin ceux qui ont des revenus suffisants, des artisans ou des cadres moyens sont ceux qui font la majorité de la décision lors de toute élection. L’absolue nécessité que le vote soit représentatif de toutes les classes est alors quelque peu troublée par l’absence notoire des bas salaires des urnes (prolétaires ?)

Jusque là, il est donc « clair » que le communisme n’apporte aucune difficulté et même est un bienfait évident pour le fonctionnement de la société. Tous nous serions des votants, et tous nous serions responsables. Aujourd’hui ceux qui votent sont ceux qui se sentent concernés, les lampistes étant malheureusement écoeurés par le manque de cohérence entre les mots et les actes. Pour s’en convaincre il suffit de se souvenir de ce discours récurrent : « un pour tous, tous pourris. » Certes, une forme de demi vérité ironique passe en ces mots, mais il serait bien plus judicieux de se dire qu’en changeant les pourris, avec un peu de chance on les remplaceraient par des un peu moins corrompus.

Là où divergent le capitalisme et le communisme ce n’est que sur la répartition des richesses. Le capitalisme incite à s’enrichir, le communisme ne fait que décider fermement tout le monde à répartir équitablement le revenu du capital. En gros, le manifeste du parti communiste dénonce non pas le fait de faire du bénéfice mais juste que celui-ci n’est jamais reversé à la force vive des entreprises, à l’époque l’ouvrier nommé prolétaire. Aujourd’hui le souci est de trouver un véritable prolétaire au sens marxiste du terme : nous sommes passés (en France du moins) à une société de service où l’industrie est devenue une zone sinistrée où l’on travaille plus par obligation que pour autre chose. De fait, la répartition des producteurs de richesses s’est déviée de l’industrie vers les services, et c’est une tendance qui ne fera que s’aggraver avec le temps. Prenons les délocalisations et ne les oublions surtout pas pour bien percevoir ce phénomène qui me semble inéluctable. Là où le capitalisme est effectivement une barbarie sociale c’est qu’il permet des enrichissements colossaux, le capital appelant le capital, et ce sans que pour autant qui que ce soit de productif puisse en bénéficier. Certains parleront des primes, des avantages, mais ce sont des oboles jetées aux employés par rapport aux capitaux dégagés par la spéculation et le provisionnement. De ce point de vue, je peux comprendre le communisme comme étant une idée logique et saine pour le progrès social.

Intégrons une autre contre vérité au débat : bon nombre de personnes voient dans le communisme le collectivisme d’état et l’interdiction de propriété individuelle. Attention, ce n’est pas communiste de regrouper les possessions pour les mettre sous une tutelle étatique, c’est du collectivisme. En URSS cette méthode fut mise en place à marche forcée, le fusil dans le dos ou la corde au cou. Par voie de conséquence, tout ce qui est forcé ne fonctionne pour ainsi dire jamais, surtout quand on parle de révolutionner une Nation toute entière. Trop empressés à couler les monopoles privés et les trop riches propriétaires, les bolcheviques n’ont fait que caricaturer des idées intelligentes où la production pouvait se mutualiser et ainsi prospérer sans nuire à ceux qui s’y mettaient. De fait, je crois que Marx aurait hurlé de colère contre les membres du politburo qui se sont revendiqués de son idéologie.

Ce qui est encore plus surprenant pardessus tout c’est que finalement là où le communisme et moi nous ne serons jamais d’accord c’est dans l’idée que je trouve saugrenue qu’on peut avoir foi en l’homme. En soi, Marx comptait sur la réaction et la révolution par le peuple pour le peuple. Jamais aucune révolution violente n’a débouchée sur autre chose qu’une phase de répression puis sur une dictature plus ou moins installée dans le temps : la révolution Française, la révolution soviétique, enfin finalement toutes les révolutions menées par les armes concluent toujours par un bain de sang innommable. Je ne crois pas au volontariat, je crois au déterminisme qui veut qu’on se doive d’imposer certaines règles à la société de sorte à maîtriser et canaliser les passions. Ca rend les choses tout de suite moins démocratiques mais, finalement, la démocratie n’a-t-elle jamais été autre chose qu’une utopie ?

Je crois qu’à terme, mais d’ici deux ou trois siècles, les idéaux de Marx et Engels seront réalité : société de loisir avec la fin de la course au travail et ce grâce à l’automatisation énorme des industries, l’apparition de principes et de mœurs nés du métissage mondial ainsi que de la fin de bien des clivages religieux et sociaux, et qui sait, si nous sommes raisonnables, la fin de l’ambition toujours croissante d’avoir plus que son voisin. Ce qui dévore tous les pouvoirs c’est le désir de surpasser l’autre plus que de se surpasser soi-même. Bien entendu, cette idée encore une fois utopique d’un futur débarrassé des guerres et de la violence ne sera probablement pas autre chose qu’un doux rêve, mais je crois sincèrement qu’une bonne part de ce contrat social visant à aplanir les différences sera quelque chose de concret dans les faits.
Suis-je communiste? Pas totalement votre honneur, juste séduit par cette équité qu'on fantasme sur nos bâtiments alors qu'elle reste encore une illusion pour les enfants...


Ce qui est incroyable en regardant cette vidéo qui est pourtant de propagande, c'est l'impact des images et la force des thèmes: unité des peuples au sein de la nation, production, courage, richesses, volonté, foi dans les hommes... des idéaux à respecter je trouve, même si malheureusement tout cela a servi des ambitieux et non un peuple qui fut opprimé et une terre canibalisée pour des objectifs idiots...

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