28 mai 2007

Superstition

Tiens, pourquoi notre râleur favori trouve-t-il le temps de rédiger deux notes au lieu d’une seule ? Qu’est-ce qui lui prend, serait-il agacé, énervé ou juste bien en verve ? Rien de tout ça chers amis critiques et lecteurs : ce n’est qu’une stupide question de superstition car il s’avère que la note précédente était la quatre-vingt-treizième (ouf !) note de mes élucubrations personnelles. Là, je vous vois déjà baver de plaisir en vous disant que l’imbécile que je suis se laisse mener par le bout du nez par des choses intangibles et irraisonnées. Certes, je vous concède (et non pas en deux mots, je ne cède jamais aux cons, je leur prête volontiers une corde pour se prendre, enfin passons…), je vous concède donc que l’idée de se trouver aux prises avec 13 me semble un rien pénible, mais n’y voyez rien d’autre qu’une provocation pour vous faire vainement réfléchir. Oui je sais, je suis comme ça, chiant et méchant à la fois…

Ah que les nombres et les chiffres sont marques de chance et de poisse carabinée, qu’un évènement si minuscule soit-il devient colosse quand il prend la forme d’une superstition ! Entre le chat noir, l’échelle, le 13, le marcher dans une crotte et aux idioties du genre le folklore recèle de vraies perles de ce genre. Que dire des sept années de malheur pour le miroir brisé, les vitriers devaient être rares fut une époque je pense… Et le chat noir tiens, qui n’a jamais croisé un chat totalement couleur charbon ? Amusant certes, mais lorsque ces idées furent bien profondément ancrées dans les esprits peu élevés de nos ancêtres, ceux-ci revendiquèrent le bûcher pour qui parlait à un chat. Parler à un chat, ça semble imbécile, mais … après tout ne parlons nous pas aux humains qui, eux aussi, sont des animaux ?

Le souvenir attendri de l’inquisition me fait également songer que, bien que convaincus que le Très Haut n’est pour beaucoup de monde qu’une vague survivance d’un folklore devenu obsolète avec l’avènement du tout puissant internet, je me trouve souvent face aux préjugés qui sont, quelque part, des superstitions intolérables. La couleur fait-elle l’odeur de la peau ? La tignasse rousse implique-t-elle une insupportable agression olfactive? Les plats épicés sont-ils réellement la cause d’ulcères chez l’Homme ? Bien des théories pour peu de pratique, et pire encore des images qu’on véhicule lorsqu’on en plaisante, mais qui sont prises pour argent comptant par ceux qui ne disposent pas de la fonctionnalité « second degré ». Hélas pour tous, moi y compris, il s’avère donc que les superstitieux sont au pouvoir, de manière tacite mais toujours évidente et forte.

L’ennui avec les superstitieux c’est qu’ils sont incorrigibles : passer sous une échelle ? Jamais ! Ne pas faire tout un rituel en évitant des déjections canines ? Sacrilège ! Pourtant, en martelant avec force la vacuité de ces comportements rien n’y fait vraiment, et le ridicule de la situation s’ajoute à l’inconfort de devoir subir ce genre de lubies. Là, le reproche tombe comme le couperet du boucher : ce n’est pas leur faute, c’est une question d’éducation. Alors, qui est l’abruti qui enfonce dans le crâne des gosses que le sacro saint numéro SEPT est signe de chance ? Ne peut-on pas avoir par exemple SEPT hématomes après une agression ? N’a-t-on jamais vu SEPT morts dans un accident de la circulation ? le SEPT porte-t-il chance en lui ? Pitié, qu’on arrête toute cette clique de préjugés pitoyables pour des adultes … « responsables » (j’ai eu du mal à me convaincre d’écrire ce mot pour l’associer à adulte… passons…).

Nous sommes tous des crétins en puissance, avec nos rituels inutiles et ridicules, des superstitions antédiluviennes auxquelles l’on se raccroche pour s’éviter la remise en doute de nos principes et fondements. La poisse, la guigne, ça ne se maîtrise pas mais ça s’appréhende grâce au « C’est pas ma faute, c’est pas de chance… ». Tu parles, baratin ! La chance n’est que le facteur variable nous dépassant, mais généralement notre propre responsabilité devrait nous faire tendre vers l’oubli de ces « conneries ».

Bon… voilà brève 94 qui se termine sous les applaudissements de mes fans… avec le 13 laisse discrètement en arrière.

Non non je ne suis pas superstitieux… quoique…

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