05 juin 2014

Si la politique m'était contée

Je constate, et ce avec un certain amusement, que la plupart des gens qui discutent et débattent à bâtons rompus de politique sont plutôt au niveau du dessous du comptoir, que dans les hauteurs nécessaires à la compréhension des sujets abordés. En effet, Stendhal aurait bien pu écrire le blanc et le noir, car cela aurait amplement suffi pour teinter les avis qui déferlent régulièrement dans ces conversations de bistro, où les épithètes fusent, les caricatures dégoulinent, et surtout où les raccourcis odieux sont loi. Depuis la guerre dans tel pays, en passant à telle décision "scandaleuse", jusqu'à "l'analyse" des résultats d'un gouvernement, il y a clairement de quoi se demander si, par le plus grand des hasards, la foule ne serait pas finalement son propre véritable ennemi.

Ne me prétendant pas expert, j'aime à tendre l'oreille, parce qu'il peut arriver cet instant de grâce où, au détour d'énormités, une réflexion intelligente finit par émerger. De ce fait, je me laisse porter par le flot d'ineptie, naviguant d'idée en idée, jusqu'à découvrir un refuge acceptable. Hélas, ce n'est qu'une illusion, un de ces mirages qui rendent fous les égarés dans le désert... ou bien font le bonheur des feuilles de choux s'étalant de leurs couleurs baveuses dans les kiosques complices. A partir de là, qui écouter? La toile? J'ai bien assez vilipendé mes "camarades" pour éviter une redite à ce propos; la presse? Pourquoi pas, à condition de faire le délicat tri entre le grain et l'ivraie; la télévision? Non, pas la télévision. Dans ces conditions, comment faire pour relever le niveau, aider les gens à s'élever culturellement, afin qu'ils saisissent que rien n'est binaire en politique, pas plus que la Vie elle-même ne le sera jamais.

Ayant horreur des messies, d'autant plus quand ils se drapent de dignité, je me demande qui serait capable d'offrir une parole intelligible et assimilable pour le plus grand nombre. Il n'est jamais simple d'être tout à la fois excellent orateur et honnête, l'un s'opposant généralement à l'autre. Démagogie, moralisation de quatre sous, plus notre auditoire est grand, moins il faut être honnête, sous peine d'en décevoir beaucoup trop. Alors, que faire? Ce n'est ni un choix, ni même une capacité personnelle qui doit entrer en jeu, mais clairement une volonté.... Mais le rôle de l'évangéliste politique, de celui qui va colporter les "bonnes idées" se résume au mieux à passer pour un vendu prêt à tout pour faire admettre la ligne de conduite d'un parti, au pire de risquer la potence pour avoir froissé la susceptibilité d'un despote quelconque. En conséquence, comment faire?

Peut-être suis-je en train de prendre le problème par le mauvais bout! La parole morale et politique, une fois énoncée en termes riches, pousse quiconque l'écoutant à s'en méfier. C'est mécanique: plus l'on est précis, moins l'on est crédible. Le démagogue de bas étage aura du succès parce qu'il saura dire ce que tout le monde veut entendre, alors que celui qui pointera les faits sera forcément suspect. On n'aime pas être mis en accusation, même si l'on a conscience d'avoir sa part de responsabilité! De là, je me dis que l'idéal serait un conteur, un Henri Dès politique, qui ferait de jolies petites ritournelles entêtantes, afin de nous figer dans le crâne quelques babioles morales et intellectuelles. Au lieu de balancer du "nounours est mignon et il danse", on pourrait avoir du "Voter c'est aussi utile que d'aller pi..." Ah... je dérape, une fois n'est pas coutume...

Quoi qu'il en soit, je suis certain qu'un type à l'air sympathique, souriant, gratouillant une guitare, et allant de sa chansonnette informative, serait bien plus efficace que les sempiternels débats qui émaillent les chaînes du câble. (Note pour moi-même: en finissant la phrase précédente, je constate avec dépit que les grandes chaînes généralistes ne daignent même plus faire débattre nos élus à des heures de grande audience. Cela a un double avantage pour nos politiques: de pouvoir dire "on a débattu en public", tout en ne risquant pas gros, au titre de la faible audience relative de ces chaînes). Ah, les joies de la formation, de l'ouverture d'esprit! Une petite mélodie serait certainement du meilleur crû!

Voulez-vous mes enfants, apprendre une petite chanson?
Peut-être voulez-vous en savoir plus sur Bygmalion?
Voulez-vous mes enfants, découvrir en chanson,
comment fonctionne les magouilles de notre nation?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les politiques sont là là là!

Voulez-vous les plus grands, apprendre ce qu'est une rétro-commission?
Peut-être ne comprenez-vous pas où file votre pognon?
Voulez-vous les plus grands, chanter à l'unisson,
Que la transparence n'est pas un voeu de nourrisson?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les escrocs sont là là là!

Voulez-vous les puissants, arrêter de nous prendre pour des cons?
Peut-être ne pigez-vous pas, qu'on sait chercher l'information?
Voulez-vous les puissants, être un peu moins cons,
En répartissant mieux la richesse, plus de gens consommeront?

Refrain: (trois fois)
Chantez avec moi!
La la la, les puissants sont là là là!

Et toi, pauvre con, qui se fout de ce qui l'entoure,
Ne viens pas chialer quand viendra ton tour
Parce qu'être sourd et aveugle aux problèmes de ton pays,
C'est ce qui fait le terreau des escrocs et des nantis...

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Certes, il manque un Amadou dans la presse désormais.