04 septembre 2013

Métro!

S'il est un lieu mythique pour le manque de civisme des gens, c'est bien le métro. En effet, c'est un haut-lieu d'incivilités, de comportements nombrilistes, et d'agressions diverses et variées. Notez bien, quand je parle d'agression, je ne compte absolument pas les méfaits de certaines personnes ayant choisi le métropolitain pour leurs razzias! Non, je parle clairement de torture des sens, que ce soit la vue, l'ouïe, l'odorat, ou même le toucher. Remercions le ciel que notre langue ne soit pas posée dans une de nos paumes de main, nous serions constamment à avoir envie de vomir... Bref, le métro, c'est l'endroit à fuir pour la quiétude des sens.

Qu'on se le dise, le franchouillard, le veau faisant partie du bétail partant bosser par le métro, est le roi du nombril. Si la terre a un centre de gravité autre que son noyau, une chose est sûr, il ne doit guère être éloigné de ce reliquat de notre cordon ombilical. Ainsi, certain de son autorité et de son importance, le bouffeur de grenouille pestera contre ses semblables, ne libèrera jamais sa place assise pour une greluche en cloque ou une vioque, pardon une femme enceinte ou une personne âgée, et trouvera le moyen de vous faire partager ses conversations téléphoniques à coups de hurlements pour tenter de couvrir le boucan de la rame. Hé oui, le civisme et le respect ne font clairement pas partie de l'arsenal éducatif de l'utilisateur du métro. Si l'on ajoute à cela son comportement débile visant à piétiner ses semblables, ou encore à user de la force pour espérer entrer dans une rame déjà bondée, il y a de quoi douter de sa santé mentale.

Le plus ridicule dans ces attitudes, c'est que des métros, vous en avez toutes les deux minutes environ, ce qui ferait donc dire que deux minutes d'attente, c'est trop pour l'abruti de base. Ce délai, est-il donc si pénible à supporter? Est-ce vraiment si avilissant de prendre le métro suivant? A croire qu'il y a une course gigantesque, une sorte de concours secret où chaque crétin se doit de prendre le premier métro disponible, quitte à passer pour un demeuré chronique. Prenons un exemple: deux cons se piétinent, s'invectivent pour monter à bord de la rame. Un troisième, moins stupide, patiente et se trouve une place assise dans le suivant... Puis les trois se rejoignent finalement à quai pour une correspondance en train qui, bizarrement, leur laissera à tous trois le temps de respirer. Et cet exemple, apparemment caricatural, est pourtant plus que courant! De là à dire que prendre le métro rend con, il n'y a qu'un pas.

Pour ce qui est des sens, la liste est aussi longue qu'une chanson des "artistes" de la nouvelle star, à savoir bien trop longue, et surtout particulièrement pénible. L'odorat? Entre ceux dont l'hygiène fait penser à un charnier en plein été, et ceux qui supposent que s'inonder de parfum rend plus attirant, il y a de quoi faire. Ajoutez à ça les humeurs de graillon, de malbouffe trimballée dans des sacs qui devraient être obligatoirement aussi étanches que les sacs à déchets biologiques, ou encore l'inusable parfum des passages sous un fleuve/rivière/canal, vous aurez un portrait précis de ce que vos naseaux doivent endurer.
Pour ce qui est de la vue, alors là, c'est généralement le florilège: Affichages criards de publicités tapageuses, graffitis illisibles et particulièrement laids, rien que la partie inerte brûle les rétines. Maintenant, ajoutons du mouvement! C'est à se demander si les gens ne font pas un concours d'inélégance, car le métro, c'est le baromètre du style (il paraît), et là, je me dis qu'on tire vers une zone de grosse dépression esthétique! Couleurs baveuses, hideuses, juxtapositions mal choisies, tout est bon pour se faire voir. Et puis, c'est le drame, le "jeune", l'extraterrestre, le petit con qui pense qu'avoir la ceinture du calebard au-dessus de celle de son froc, ça fait mode... Vite Germaine, file moi le fusil, j'ai un branleur à dessouder en urgence!
L'ouïe, parlons-en, de l'ouïe! Pauvre chose sensible, fragile, qui morfle durant tout le trajet à cause de l'absence totale d'insonorisation des rames! Ce n'est pas le tac tac classique des rails de chemin de fer, mais non, autant que l'on ait le droit aux stridules des freins en bout de course, au crincrin métallique atroce des pneus qui frottent, ou les couinements baveux des systèmes de fermeture des portes! Et ça, c'est le premier cadeau du métropolitain, parce que les usagers ont de l'imagination pour vous vriller les esgourdes: hurlements dans le téléphone portable, discussions "privées" dont tout le monde profite, boucan infernal des baladeurs jouant volontairement de la musique pour tout le monde... Et je ne compte même pas nos chers artistes du métro, ces types qui viennent tenter de grappiller quelques sous en jouant de la musique sous notre nez. A la limite, eux, je leur pardonne, ils tentent leur chance, parce que les autres, là, je les bâillonnerais volontiers, je balancerais avec une joie non dissimulée leurs merdes électroniques par la fenêtre, bref, je ferais littéralement un carnage.

Et puis, il y a cette fille qui lit son bouquin, dans un silence monacal. Elle potasse, elle se fout de ce boucan, de cette puanteur crasse. Elle lit, elle se fout de tout, et elle sourit à tout le monde. C'est probablement ça, le savoir-vivre: se foutre des autres en ayant l'air d'être au sommet de l'échelle de l'évolution, en ne faisant même pas preuve de mépris ou de dédain, tout simplement en étant indifférent à la bêtise humaine. Chapeau bas m'selle, vous me rassurez juste un petit peu sur la nature humaine!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Marrant le dernier paragraphe, je n'ai été dans la capitale que quelques mois mais je prenais le métro tous les jours et je me suis très rapidement retrouvé dans le cas de cette jeune fille que tu décris : je lisais des bouquins en faisant abstraction totale de ce qu'il se passait. Le minimum de mes actions se limitait à ne pas gêner les autres, me lever en cas d'affluence, faire un sourire gêné au clochard qui passait faire la manche...quelle horreur cette "région parisienne", plutôt crever que d'y retourner.

aGlumLieu a dit…

Tristement d'accord, si j'avais lu ton article plus tôt je n'aurais peut être pas eu besoin d'en écrire un aussi. Je trouve la chute très pertinente !

Je vais continuer de te lire :)