21 mai 2013

C'est bon d'être con parfois, hein le Duc!

Ah, mais je crois qu'il y a quelques lecteurs qui se languissaient de mes coups de sang, de ma gouaille (parfois maladive), et de mes grognements. Et pourtant, ce n'est pas peine d'avoir eu envie d'écrire, mais certaines obligations se font plus impérieuses que nourrir votre vorace passion pour les plumes décalées (bande d'affamés!). Bref, désolé du retard, me revoilà pour placer un excellent souvenir personnel, à savoir un film que j'adore, non mieux encore que j'adule, tant il est décalé, profondément bizarre, mais hautement intéressant.

The big Lebowski.

Comment décrire cet OVNI cinématographique? Comment même vous préciser à quel point tant les auteurs que les réalisateurs et les acteurs sont perchés bien haut dans le ciel, comment ils sont hors de tout contact avec le sol, et que nous, pauvres spectateurs bien pris au dépourvu? Les mots peuvent vraiment manquer, je dirais qu'à ce point de "C'est quoi ce truc", on en est rendu à la spéculation et aux phénomènes hallucinatoires... Et le tout dans une jubilation plus que profonde.

Alors oui, déjà, vous vous doutez bien qu'après une telle dithyrambe il va y avoir nécessairement une description du scénario, quelques détails sur des scènes clé... Mais allons pour le contrepied total, essayons autre chose, à savoir vous donner envie de voir (ou revoir) ce film sans trop en éventer quoi que ce soit! Cela semble simple, du moins en général, surtout quand on est face à une bande annonce aguicheuse, pétrie à coup de musique "épique", d'images stroboscopiques et de plans rapides, et accessoirement assaisonnées de quelques nanas bien foutues à fortes poitrines... Mais là, non, c'est plus complexe, il faut que je couche sur le papier - sur mon clavier en l'espèce - de quoi vous faire saliver, vous stimuler le cortex, tout en restant plus que discret sur la forme, les personnages, bref sur ce qui fait le sel de "The big Lebowski".

Alors je m'y mets. Tout d'abord, ce film est l'essence même de la moquerie subtile des mauvais polars. Pamphlétaire, provocateur, l'oeuvre se paie ouvertement la tête de ces films qui se prennent au sérieux, tant sur le fond que sur la forme. Lebowski aurait pu être un énième film policier d'action, si le tout n'avait pas été volontairement perverti par des frères Coen probablement hilares à chaque moment du tournage. Ce film, c'est un cadeau aux amateurs de cinéma de genre, une sorte de cri d'amour profond pour les personnages torturés, les antihéros, bref tout ce qui fait l'essence des films de genre à l'américaine. Au lieu d'être stressés par des situations classiques de polars, vous y serez pris de fous rires, et même sûrement stimulés à l'idée de trouver des références à autre chose, à d'autres films, donc vous serez amenés à ne pas être passifs face à ce film. Et rien que ça, c'est déjà un exploit en soi. Loin du popcorn, restez très loin même du popcorn, sous peine de risque l'étouffement lors d'une crise d'hilarité sincère et bien venue.

Un bon film? Les gens en parlent, le critiquent, grognent et vocifèrent, opposant les amoureux de ce "truc", et ceux qui n'ont rien trouvé dedans. Aux deux je peux dire "Vous avez raison!". "The big Lebowski", en hymne au nanar policier, en mettant en place une intrigue aussi dingue qu'absurde, vous fera soit repousser le film en le jugeant comme un navet, ou au contraire l'aimer avec tendresse, parce que chaque bizarrerie, chaque tache sur le corps de ce film est voulue. Il n'y a rien à jeter, si ce n'est le tout quand on n'apprécie pas la chose. Pour faire un parallèle, c'est comme siroter un excellent Whisky: soit vous aimez ces saveurs boisées et ce parfum si caractéristique, soit vous fuyez la chose parce que vous ne lui trouvez rien d'autre qu'un retour en bouche et en gorge agressif et peu savoureux. Moi, je le goûte donc comme un 18 ans, une sorte d'apothéose du cinéma aimant le cinéma!

Les acteurs, qu'en dire? Tous sont au sommet! Cabotins, dans leurs rôles respectifs, comme disent les jeunes ils sont "au taquet". On sent que chacun s'est amusé, pour ne pas dire s'est éclaté à tenir des rôles aussi barrés, déjantés, décalés, bref des rôles qui vous collent ensuite à la peau comme la saveur d'un baiser après une nuit plus qu'agitée. The big Lebowski , c'est une aventure pétrie de drôleries, de grimaces, de mimiques, et de dialogues taillés sur mesure pour faire rire et réfléchir à la fois. Alors oui, on va me dire "c'est too much, ça dépasse les bornes, c'est con comme une paire de godasses usagées"... Mais c'est le but bordel! Cette oeuvre n'a pas d'autre but que d'être jubilatoire, une sorte de petit péché, comme la tablette de chocolat qu'une femme fière de sa ligne cache à ses copines mannequins. Plaisir coupable? Oui, assurément, car ce n'est ni une pointure dans les effets spéciaux (il y en a d'ailleurs... subtils mais complexes d'ailleurs!), ni même dans le rendu. Quoique. En y songeant bien, n'est-ce pas là du talent que de faire oublier la technique au profit du fond lui-même?

Offrez vous un moment de Lebowski, accrochez vos zygomatiques, préparez le Synthol pour les soulager après la séance, car pour moi nombre de répliques sont parfaitement cultes dans ce film. Et puis, pour finir et vous faire baver un peu plus (bande de gourmands), je vous mets la bande annonce ci-dessous!

BON FILM!

Ah PS: les anglais ont une expression pour décrire de style... c'est le WTF: What The F*ck... (en gros "C'est quoi ce bordel?")

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