09 avril 2013

Thatcher est partie pour toujours (bis)

NOTA: Je réécris ce message car il ne m'a pas satisfait, pas plus qu'il n'a été satisfaisant pour ma plus fidèle lectrice. En conséquence, voici la seconde version de ce texte que je reprends totalement à zéro. Mieux vaut raser que bricoler à partir de ruines, surtout quand il s'agit de mes écrits!

Qui se souvient de "la Dame de fer" parmi vous? Probablement peu de gens, si ce n'est les plus anciens, ou ceux qui ont eu le loisir d'entendre la chanson de Renaud où il cite la dite dame. Là, l'actualité la cite, car celle-ci est décédée, et son nom fait grand bruit en Angleterre. Alors, mais qui donc est cette madame Thatcher? Quel fut son rôle dans le royaume, et pourquoi est-elle aujourd'hui un sujet délicat? Il est notablement rare d'entendre des avis aussi divergents que, d'un côté, "une femme exceptionnelle", que de l'autre "je suis heureux qu'elle soit enfin morte". Elle a divisé et divisera encore longtemps l'opinion publique, à tel point qu'il me semble indispensable de la présenter un peu.

Je tiens à ce que vous notiez que je ne me présente pas en expert, et encore moins en historien de la perfide Albion. Je désire simplement vous exprimer ce que je ressens concernant cette personnalité que je dois admettre autant admirer qu'exécrer dans bon nombre de ses aspects. De là à dire que le monde se porte mieux sans elle, je ne me le permettrai pas. Elle a dorénavant l'éternité pour méditer sur ses choix et ses actes, car Alzheimer lui a ôté, des années durant, cette capacité à revenir sur elle-même... Si tant elle qu'elle fusse un jour femme à faire des bilans.

Ancien premier ministre Anglais, et surtout première femme à prendre ce poste, elle a représenté une grande mutation de la politique en Angleterre. Le pays, en crise, endetté, s'effondrant à force de passéisme, avait besoin d'un pouvoir fort, d'une autorité capable de lui donner une autre direction qu'une nostalgie galvaudée s'adossant à une industrie moribonde, et à la jouissance de territoires perdus. Thatcher est arrivée sur ce constat, et s'est empressée d'effectuer une mise au pas, à marche forcée, de la nation et des entreprises. Ses actions? Libéralisme, fermeture de sites devenus non rentables, politique économique dynamique et brutale, elle a fait les choix les plus radicaux pour relancer la machine qui s'étouffait. De fait, elle a donc eu une aura de femme de détermination, de convictions, capable de pousser à l'action là où la sclérose réduisait à néant toutes les politiques entamées précédemment. Alors, évidemment, ceux qui ont ensuite profité de cette relance se sont flattés de sa position, jusqu'à son expulsion du pouvoir. Pourquoi? Tout comme Churchill en son temps, la Grande Bretagne avait eu besoin d'un électrochoc, mais le peuple ne voulait plus d'une austérité tant dans les actes que dans le discours. Si le pays fonctionne, pourquoi le maintenir sous une chape de fermeté?

Mais alors, va-t-on me demander, pourquoi tant de gens haïssent celle surnommée la "Dame de fer"? Ce surnom n'est pas usurpé, et il n'a pas été créé pour décrire une action économique! Il résulte des gestes politiques de madame Thatcher. En gros, sa politique de négociation tenait en un mot: jamais. Ne jamais négocier, ne jamais tergiverser, ne jamais ouvrir une porte, ne jamais faiblir. Personnellement, je vois là une brutalité inutile, une violence sociale absolument hors de propos, ne serait-ce que contre son propre peuple. En effet, lorsque les mines furent fermées, et que les syndicats lancèrent des grèves, l'attitude de Thatcher fut sans équivoque: "je ne cèderai pas". Et, elle n'a clairement jamais cédé un pouce de terrain, ceci au prix d'une énorme souffrance sociale, d'une atroce lutte entre un pouvoir braqué et des gens désespérés. Lui a-t-on pardonné cela? Jamais personne ne pourra pardonner, même si, sur le fond, la fermeture des mines était inéluctable.

Mais cela n'est qu'un des aspects. Le second qui moi me révolte, ce fut sa gestion de L'Irlande du nord. Sachant le pays en proie à des mouvements indépendantistes, plutôt que de proposer une voie négociée, elle a choisi de faire entrer des blindés en guise de police, d'opérer à de véritables rafles, et d'agir en despote et non en chef d'une démocratie. Démocratie? Où ça? En Irlande du nord? Ses choix furent impitoyables, à tel point que cela a poussé l'IRA à radicaliser encore un peu plus ses actions contre le pouvoir en place. Ne nous leurrons pas: l'Angleterre doit à Thatcher bien des attentats en mesure de rétorsion face à sa politique d'intransigeance aussi dangereuse que cruelle.
Et cela ne fut que la "petite" crise... Bobby Sands. Bobby Sands. Les dix grévistes de la faim. Personne ne peut les oublier. Ils étaient activistes de l'IRA. Ils rêvaient d'un état indépendant qu'on leur a toujours refusé. Ils étaient des prisonniers politiques, on les as traités comme des criminels. L'Angleterre leur a vomi sa haine de cette détermination. Pour lutter, ils se sont mis en grève. Ils en sont morts, tous les dix. Et qu'a dit madame Thatcher?
Monsieur Sands était un criminel condamné. Il a fait le choix de s'ôter la vie. C'est un choix que l'organisation à laquelle il appartenait n'a pas laissé à beaucoup de ses victimes
Parce qu'il n'y a rien de criminel ni de condamnable d'amener des véhicules blindés dans une ville? Parce que ce n'est pas criminel de tirer sur la foule? Parce qu'une révolte contre une dictature est répréhensible?

Madame Thatcher, je doute que vous croisiez leur route dans les cieux... Mais je vous le souhaite. Oui, je vous souhaite de pouvoir disserter patiemment, intelligemment, avec celles et ceux qui furent vos victimes collatérales. Oui, vous avez relancée l'Angleterre, mais à quel prix! Celui du sang et des larmes. Tout comme Churchill, vous avez également payée le prix de l'humiliante défaite. Vous aviez, à la fin, la conviction d'être indéboulonnable. Or, personne ne l'est, seul le peuple peut décider du sort des politiques. Votre sort fut d'être mise au ban de votre parti, rejetée, à force d'autoritarisme excessif et d'intransigeance inutile. Pour que le surnom "Dame de fer" soit l'oeuvre d'un journal soviétique... Fallait le faire:
Le surnom de « Dame de Fer », que le journal soviétique L’Étoile rouge, organe de l'armée soviétique, lui décerna en janvier 1976 dans le but de stigmatiser son anticommunisme, symbolise sa fermeté face aux grévistes de la faim de l'IRA provisoire en 1981 ou aux mineurs grévistes en 1984-1985.(Wikipedia)

Je vous invite à visionner ces quelques liens très intéressants pour recadrer le personnage.

Margareth Thatcher sur Wikipedia
Bobby Sands sur Wikipedia

Un court portrait de Margareth Thatcher sur youtube

Et... Renaud qui a envoyé la chansonnette...

1 commentaire:

JeromeJ a dit…

Je connaissais personnellement que très peu toute cette histoire donc merci beaucoup pour cet article.

Je trouve personnellement que la fin justifie rarement les moyens.