03 avril 2013

La honte n'est hélas pas mortelle

C'est ainsi, la honte ne tue pas. Le remord, la tristesse, l'abattement moral peuvent briser un homme, le pousser même à se suicider, mais visiblement, la honte ne mène vraiment pas à ce genre d'extrémité. Ainsi, quand on écoute les médias, on ne peut qu'avoir cette analyse à l'esprit, tant elle colle que trop parfaitement à deux situations qu'on aurait, de prime abord, absolument pas associées dans la même réflexion. Quelles sont-elles, ces deux informations? La première, le suicide du médecin d'une émission de téléréalité, ceci suite au décès d'un des participants, et la seconde, les révélations de M.Cahuzac, ex ministre, futur justiciable, et actuel détenteur avéré d'un compte douteux en Suisse. Vous ne voyez pas le rapport entre ces deux affaires?

Allons bon. Alors, faisons une explication de texte je vous prie. Préoccupons nous d'abord du sort de ce pauvre médecin, ce type qui a payé de sa vie la surexposition des gens liés à l'émission (que je me refuserai mordicus à nommer!). Qu'a-t-il eu à subir? La pression des médias, trop contents d'avoir quelqu'un sur qui frapper en déclarant, sans contrôle ni réflexion, que la responsabilité d'un médecin était engagée dans les conditions de l'incident. Tiens donc... On n'était pas préoccupés du sort des joueurs tant qu'ils faisaient rire ou vibrer le commun des imbéciles collés derrière leurs télévisions, mais là, maintenant qu'il y a eu un accident, c'est de "sa" faute? Personne n'a tiqué en se disant simplement "conditions extrêmes de chaleur, humidité, de fatigue, hypoglycémie probable, déshydratation, potentiellement dangereux pour toute personne normalement constituée!". Pas du tout! Allez, on accuse le lampiste, le type dédié au simple contrôle des joueurs, mais sans réel pouvoir ni de décision ou de blocage. On se doute bien qu'une production avide d'audimat ne laissera jamais le médecin interférer, car c'est justement la fatigue visible des compétiteurs qui fait vendre! Résultat des courses... un type se fout en l'air parce que nous sommes des salopards de voyeurs, que le fric dicte sa loi, et qu'il y a encore des ordures pour s'inquiéter plus du tirage que de la vérité. Messieurs dames les vendeurs de torchons, j'espère que cela vous fera mal dormir... même si je suis intimement convaincu du contraire. Hélas.

Et, à l'autre bout du spectre, on a donc un politique, vantard, jouant les innocents, qui finit par avouer qu'il a fraudé. Est-ce tant la fraude que cet aveu qui me donne la nausée? La magouille est aussi vieille que le monde, et elle n'a rien de si surprenante dans les hautes sphères. Soyons en convaincus, il est clair que ce n'est pas le seul à avoir magouillé, fait circuler des fonds, et surtout s'être drapé d'une innocence bien entendue mensongère. En tout état de cause, je me contrefous de savoir s'il a réellement triché, car, finalement, il va payer pour tous ses camarades qui en font autant. Cependant, là où ça me rend malade, c'est qu'il ait eu le culot de mentir en public, de revendiquer un ferme "non, je n'ai pas de compte en Suisse". Minute papillon: maintenant, tu l'avoues, et ce par voie d'internet et même pas devant les caméras? Ca me fait songer à ces gens qui rompent un couple par SMS: pathétique, stupide et surtout... honteux. Hé, pourriture, à qui devais-tu ton poste? A tes ELECTEURS. A qui devais-tu ton statut? A NOUS! Et de quel droit t'es-tu foutu de nous, surtout aussi ouvertement? Je suis révolté par ce mensonge débile, vérifiable, et qui plus est qui a mouillé plein de tes collègues. Mais merde quoi: tous légitimement (ou non s'ils étaient au courant de la vérité) se sont lancés dans une croisade pour te défendre, et les voilà ridicules en ayant défendu un escroc. Je parle d'escroc non par le côté financier, mais bien par le côté moral.

Maintenant, on se demande clairement d'où proviennent les fonds du compte, si cela n'affecte pas toute sa carrière, s'il n'y a pas eu collusion avec les labos pharmaceutiques à l'époque où il participait au cabinet du ministre de la santé. Je vais être méchant avec lui: s'il a été corrompu par les labos, il a été franchement ridicule et particulièrement mauvais tant les sommes en jeu semblent dérisoires. Sans déconner... plonger pour le demi million, quand les labos causent en milliards, il n'y a pas là quelque chose de particulièrement savoureux? Qu'il plonge, je ne verserai pas une larme sur un type qui s'est foutu de nous. Malheureusement, ou plutôt heureusement pour ma passion pour la justice, il y a potentiellement de quoi faire sortir quelques squelettes des placards de la république. Seulement, espérons qu'on n'enterrera pas tout ça, sous prétexte de ne pas trop remuer la vase dont peut être faite la politique des couloirs.

Et puis finalement, ce qui m'attriste le plus, ce n'est pas pour moi. Je suis un grand cynique, je me contrefous de ces pourritures qui trichent et volent. Parfois, le couperet tombe et les pourris payent pour leurs mensonges. Non, je suis triste, c'est pour celles et ceux qui avaient une certaine foi dans ce gouvernement. Je ne leur reprocherai pas d'y avoir mis un peu de confiance, parce qu'au fond, quand on vote, on le fait en ayant un minimum de confiance (sauf dans les républiques bananières, parce que là on pose le bulletin que vous tend le type armé du AK... mais c'est un autre débat). Ne soyez pas tristes ni offusqués, agissez plus en citoyens. Exigez de vos politiques qu'ils rendent des comptes, et qu'ils payent, le cas échéant, pour leurs travers. Je suis le premier à espérer que si Cahuzac est un véritable magouilleur, qu'il aille rejoindre une cellule à la Santé ou à Fresnes. Dur? Méchant? Non. Légaliste: je ne vois pas pourquoi un escroc lambda aurait le droit d'être en taule, et qu'un escroc tout aussi pourri, mais ayant porté une charge ministérielle soit à l'abri de la sanction. Si le gouvernement veut montrer un vrai visage respectueux de la loi, je les invite à ne surtout pas interférer ni commenter, et qui plus à témoigner avec sincérité, quitte à ce que cela soit fait à huis-clos.

PS: Hollande, au courant, pas au courant... cela change quoi? Qu'auriez-vous fait? En étant au courant, en ayant un ministre pourri dans le gouvernement, comment le virer? Sauf à pointer une incompétence, le président ne pouvait pas le pousser à sortir sans qu'on s'interroge (d'autant plus que les médias s'étaient déjà emparés de l'affaire). Alors, se taire? Le silence fait office de complicité, non? Dénoncer? Et comment dénoncer quelqu'un sans risquer d'en faire tomber d'autres? Le président a eu hélas le pire rôle: celui du père qui sait ou découvre la culpabilité de son fils, et qui, même en ayant tout ignoré, sera forcément soupçonné d'avoir été au courant des méfaits de sa progéniture. Laissons le bénéfice du doute, même si, je dois bien l'avouer... je m'en fous, une fois de plus. Collusion ou non, complice par son silence? Je m'en fous. Qu'il fasse déjà son boulot, qu'il se trouve des collaborateurs plus propres, et je serai déjà plus satisfait que je ne le suis actuellement.

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