02 avril 2013

Je me sens ironique aujourd'hui

Bon, alors, réfléchissons un instant je vous prie. J'ai bien précisé "un instant", car je sais que l'immense majorité de mammifères décérébrés que nous sommes a énormément de mal à accorder plus de trois minutes à une quelconque réflexion autre que "on bouffe quoi?" ou bien "quand est-ce qu'on s'envoie en l'air?". Là, je sollicite donc un peu de ce temps si précieux afin que nous puissions, de concert, réfléchir à l'avenir radieux qui se présente à nous. Entre les désastres écologiques, économiques, politiques, sociaux, et maintenant même militaires, nous avons de quoi douteur sur le bien-fondé d'une foi aveugle en un avenir clément pour l'Homme. Alors quoi? L'Homme est condamné à se mettre lui-même dans la tombe? N'a-t-on donc pour seul espoir que de préparer la prochaine guerre à coups de bunkers personnels et de "survivalisme" (j'ai horreur de ce néologisme, mais il colle à la situation)? Rien n'est moins sûr que l'avenir!

L'actualité de ce début de décennie n'a rien d'aussi radieux que ce qu'envisageaient nos ancêtres en fantasmant les années 2000. Point de bagnole volante, de skateboard capable de flotter dans les airs, de grolles qui se lacent seules, pas plus que de météo si prévisible qu'on pourrait savoir, à la minute près, quand sortir le paréo ou le parapluie. Hé non, le quotidien de notre monde est lamentablement gris, ordinaire, tout juste a-t-il pour changement à revendiquer celui d'avoir créé un maillage mondial des "idées" grâce à l'ordinateur. Bref, rien de transcendant: on pollue avec nos machines à quatre roues, on s'entasse dans des trains bondés même pas en lévitation, et pire que tout on continue à trembler face à la menace d'une fin du monde propice pour vendre du cauchemar cinématographique. Désespérant? Non, juste normal, puisque les rêves d'hier ne sont que trop rarement les réalités de demain.

Mais alors, doit-on broyer du noir, prendre les choses avec cynisme, se désespérer même de la nature humaine? Mais depuis quand n'est-on pas confronté à cette même nature humaine dans toute sa splendide décadence permanente? "On a le choix des armes" vous dira un Américain, et un Français répondra "et nous celui de sa camisole chimique personnelle". Drogue, alcool, médicaments (que je distingue des stupéfiants puisqu'il y a un aspect légal), misérabilisme social et moral, tout est bon pour rendre notre société moins harmonieuse et plus sinistre. Ah ça, pour se coller une grosse déprime, l'Homme est le roi. Par contre, pour aider les autres à se sortir du trou, bizarrement, on est tout de suite bien moins nombreux. Et alors? Oui, et alors? Chacun est libre de creuser sa propre tombe, du moment que la fosse en question n'est pas sous les pieds d'un autre...

... Et c'est là le souci, le vrai souci de l'Homme en fait. Celui qui joue les fossoyeurs le fait bien trop souvent pour autrui, parce que l'Homme est LA bestiole qui adore emporter avec lui un maximum de victimes. Terrorisme, magouilleurs financiers, tricheurs industriels, pollueurs, revanchard politique, tous ont pour point commun de ne pas savoir crever en solitaire, et de préférer le flamboiement d'un génocide à l'honneur du suicide rituel. La preuve? La Corée du nord se lance actuellement dans des bras de fer qui pourraient fort bien nous faire revenir dans les années 50 avec la terreur du nucléaire, des pays entiers sont en guerre civile parce qu'il y a (et aura toujours) des despotes qui refusent de se faire destituer, et des groupuscules armés au nom d'une foi (qu'ils n'ont pas) tentent des coups d'état en veux tu en voilà. Préparons nous! Le monde a besoin d'un coup de sang apparemment, et il pourrait nous tomber sur la tronche plus vite que prévu.

Dans l'absolu, nous savons que trop bien ce qu'il y a de l'autre côté du miroir. Nous sommes tous face à des réalités impossibles à nier: chômage, crise, naufrages industriels en pagailles, de quoi faire déprimer le plus solide des optimistes. Et pourtant, ça n'a rien de bien nouveau, ni même de si étonnant. Il faut que nous ayons des crises pour remettre le monde sur certains rails, et ce n'est pas la mort d'une banque ou d'un état qui changera fondamentalement la donne. La preuve? On a vu la Prusse tomber après le premier conflit mondial. On a vu l'URSS en profiter. On a vu le Reich nazi apparaître et mourir en emmenant l'Europe dans l'horreur (ahhhh, le nihilisme...). On a vu l'URSS couler à pic et se disloquer. Et quoi? Des guerres, des morts, des victoires, des défaites, des paix signées... et le monde continue de tourner. Tout est donc affaire d'ampleur!

Pourquoi d'ampleur? Parce qu'au fond, notre monde bouge à coups de crises, de coups de sang, et quoi qu'il arrive, le monde s'en relève, à partir du moment où il reste des gens pour le faire se relever. C'est ainsi, inutile de fantasmer ni d'espérer un monde pacifié, calme... Cela n'existe que sur le papier et dans la tête des rêveurs. De fait, suis-je donc convaincu que notre monde va disparaître? Bien au contraire, j'ai l'intime conviction qu'il va continuer à changer, à avancer, vaille que vaille! Est-ce de l'optimisme? Non mes chers lecteurs: je crois que l'optimiste voudra un monde sans guerre, le pragmatique cynique comme moi a déjà le monde qu'il attend, à savoir un monde tristement ordinaire, violent, glauque, mais qui redonne espoir avec de simples petites touches, anodines et ordinaires, comme le sourire d'un gosse, le baiser d'une femme aimée, ou tout simplement un lever de soleil sur la ville. C'est con, mais bordel que c'est bon!

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