13 mars 2013

Mais c'est qui au fait, ce pape dont tout le monde parle?

Oh, ça y est, je vais encore une fois me faire des autocars d'ennemis, parce que je vais poser des questions qui fâchent, et lancer des affirmations que nombre de personnes classeront dans la case "arbitraire", ou du moins "abusif". Hé oui, je vais encore être en délicatesse avec les acharnés de la bonne parole, avec les convaincus par le métaphysique, et surtout par les créationnistes trop heureux de trouver quelqu'un sur qui taper. Vous êtes prêts? Personnellement, j'ai mon bouclier, une tenue de CRS, et quelques munitions pour vérifier si vos yeux aiment ou non les produits chimiques. Et c'est parti!

Alors tout d'abord, qui c'est ce type? Le pape? Globalement, on peut résumer sa fonction comme étant le chef unique de l'église catholique, donc la plus haute autorité existante pour les croyants. C'est celui qui doit communiquer avec Dieu, puisqu'il est supposé être la dernière marche avant le Seigneur. Jusque là, rien de bien étonnant... Mais ce serait oublier que non content d'être une autorité religieuse, c'est aussi une autorité morale et politique. Oui, je distingue la moralité de la Foi, car la Foi peut pousser à l'immoralité, tout comme la moralité peut être décriée par la Foi. Donc, notre bonhomme a non seulement sa chapelle à surveiller, mais aussi ses relations avec celles des nations, des autres religions, bref avec à peu près tout le monde sur terre. Et ça, bizarrement, ça n'est quelque chose qui nous semblerait naturel de voir apparaître dans les prérogatives d'une autorité spirituelle. Et pourtant, le Vatican est un haut lieu de la diplomatie mondiale, avec ses embrouilles, ses dessous de table, ses affaires louches... Mais ça, chut, ça reste dans le secret de la confession!

Bon, revenons à notre type tout en blanc. Il est élu dans un système pyramidal plus de deux fois millénaire, avec bien entendu aucune responsabilité des croyants dans son élection. On n'a pas là un exemple flagrant de démocratie, même si je concède au Vatican l'idée que de faire élire un expert en théologie par des gens n'y connaissant pas grand-chose n'aurait que très peu de sens. Bon. Admettons qu'il soit correctement élu, on sort le fumigène blanc, et voilà un pape élu. Jusqu'à quand est-il en poste? Théoriquement, comme pour le mariage, jusqu'à ce que la faucheuse le sépare de son titre. La preuve en est, Benoît XVI vient de provoquer une révolution en agissant à l'encontre de ce raisonnement en cédant sa place. 700 ans que ça n'était pas arrivé! Je parie que les archivistes du Saint Siège se sont fait des maux de tête pour vérifier tout ça sur le papier parcheminé de leurs archives... Donc, en gros, on élit en ce moment même le prochain pape, alors que le précédent est encore en vie. Enfin un truc qui a du sens, non?

Je me demande bien ce qu'on peut avoir comme lourd secret à trimballer quand on a ce rôle de pape. M'est avis qu'il s'agit de sacrées foutues casseroles, comme les archives du Vatican doivent en fourmiller: corruption, malversations, collaboration avec des états criminels, camouflage d'hommes d'église coupables de crimes sexuels et j'en passe. Sympa, la diplomatie, quand il s'agit de dire "On ferme les yeux, ça va trop remuer de merde". En l'espèce, c'est un rôle à faire tenir à un politique et non à un homme d'église, enfin il me semble que mentir et fausser la vérité sont les deux mamelles du politicien, et non du théologien. Alors, Benoît XVI, usé par les magouilles et scandales qui ressortent sans arrêt comme un poisson de premier Avril? Probablement. Et puis, allons plus loin...

Est-ce un rôle aisément tenable, que celui de pape? Imaginez donc: il faut ménager le "on défend le mariage à tout prix", ainsi que "La Vie à tout prix", tout en oubliant, en vrac, que le SIDA fait des millions de nouveaux contaminés faute de protection correcte, que le mariage n'est plus guère qu'un symbole, et que la notion de "famille" est devenue quelque peu floue ces trois dernières décennies. Il y a trente ans, un président divorcé? Hors de question! Aujourd'hui? Un homme avec une autre femme sans être marié? Oh, il fait ce qu'il veut le bonhomme! Tout change, mais est-ce que l'église change, elle? C'est un des problèmes qui se joue pour sa survie, du moins je le crois.

Et puis, bonjour l'autorité morale... Qu'on m'explique comment un type qui n'a jamais touché une femme, jamais eu d'enfant va venir me faire la leçon sur ma vie conjugale et le rôle de père de famille. C'est comme demander à un mécano de donner des cours de chirurgie plastique! Ca n'a plus de sens, et encore moins quand les mariages mixtes (origines et religions) sont de plus en plus courant. Comment le pape va-t-il dire et maintenir le rôle de la mère et du père dans une famille, quand cette évidence n'est plus solide face à la réalité des choses? Ca me chiffonne, et je me demande si Benoît XVI n'a pas reniflé le mauvais coup, la réforme à faire que personne ne veut surtout toucher.

Et enfin, l'autorité politique de l'église n'est-elle pas un danger en soi? Nombre de nations ont séparé l'église et l'état pour leur plus grand bonheur. Toutes celles qui ne l'ont pas fait sont soit des intégristes/nationalistes (sous couvert de patriotisme), soit carrément des dictatures. Et ça, voyez-vous, je me dis que si une église dicte des lois capables de mener à la guerre, c'est que la dite église n'est pas dans son rôle. Aidez-moi pour mon âme, mais ne me demandez pas de lever les armes pour vos principes.

Benoît XVI, ancien pape, vous avez eu raison de démissionner. Laissez aux autres le soin de se bouger un peu, de voir combien le monde a changé... Et combien il va encore changer ces trois prochaines décennies!

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