12 février 2013

Tatoué et nausée

"Quand on tend le bras, cela peut être en signe de révolte, tout comme en signe de soumission à un ordre quelconque". Ces mots, de moi, prennent tout leur sens une fois mis en perspective avec une pseudo actualité reçue par hasard dans ma boîte.
Ils se tatouent en "mémoire" des victimes de la Shoah"

Hé oui, de jeunes Israéliens se font tatouer le numéro de matricule qui fut apposé au bras de leurs ancêtres, ceci en signe de mémoire. D'une certaine manière, ils revendiquent donc le "N'oublions jamais" si cher à la dialectique liée à la Shoah. Quoi en penser? Quoi dire à propos d'un tel geste qui se révèle aussi définitif qu'engagé politiquement, du moins dans l'esprit de ceux qui l'ont fait?

Ma réponse va être simple: cela me file la nausée. Oui, la nausée, parce qu'il s'agit non plus de respecter les victimes de la barbarie nazie, mais bel et bien de jouer l'ostensible, le visible, le revendiqué, comme si ce tatouage de numéros pouvait, en quelque sorte, être une forme d'étiquette disant "Mon grand-père y était". Mais vous n'avez donc honte de rien? Vous n'avez pas honte de salir la mémoire des morts dans les camps, des survivants qui, eux, aimeraient qu'on cesse de les instrumentaliser, et des oubliés des statistiques, les "pédés", les "pas aryens" et tous les autres ayant partagé ce sort atroce? Ce n'est pas en agitant sous le nez des autres ce tatouage que vous obtiendrez le respect de vos morts, c'est en les honorant de votre détermination à trouver la paix!

Je suis profondément outré par ce geste. Tout d'abord, je n'arrive pas à comprendre ce besoin maladif de matraquer les autres de la sorte. J'en ai marre qu'on essaye de me faire porter le poids du souvenir d'autrui, et ce en oubliant tous les autres. J'en ai ras le bol qu'on puisse tenter de me prendre pour un abruti en occultant tout le reste. Où sont les victimes Soviétiques, où sont les Polonais, les Grecs, les Yougoslaves, les Français, les résistants? Ah non, eux, on ne les a pas tous tatoués, ils n'ont pas le droit à un mot de respect ou de mémoire. Je comprends donc par ce tatouage: "si tu es juif, que tu es le descendant de quelqu'un ayant connu Auschwitz, alors tu mérites le respect... Les autres, on verra plus tard". Ce n'est pas un signe d'appartenance morale que d'être tatoué de la sorte, ce n'est que de la connerie pure et simple.

Vais-je devoir me prosterner, m'excuser, faire mon acte de contrition pour obtenir un peu grâce aux yeux de cette génération de débiles? Hors de question! Tout simplement hors de question. La victimisation, l'instrumentalisation des souffrances des autres me fait vomir. Pas question que je les laisse capitaliser sur des malheurs qui ne sont pas les leurs. Ont-ils été emprisonnés, exploités, ou torturés? Non! Et en quel honneur, au nom de quel souvenir vont-ils m'exhiber sous le nez ce matricule de sinistre mémoire? Jusqu'où iront-ils pour tenter de me jeter à la face leurs "malheurs"? Mais merde quoi, et ceux qui sont tombés au front, ceux morts pendant la grande guerre, leurs vies ont donc moins de valeur? Et on s'étonne ensuite que ces jeunes débiles puissent être traités avec, au mieux, de l'indifférence, au pire avec un racisme latent. Je dis bien racisme, car j'exècre le terme "antisémitisme". Pourquoi me direz-vous... Observez donc: pourquoi est-ce le seul terme affecté à la xénophobie d'une religion particulière? Pourquoi les autres fois n'ont-elles pas le droit à un terme du genre? Pourquoi ne peut-on pas imaginer un terme spécifique pour les slaves que les nazis avaient en horreur? Marre qu'on tente de me faire ingurgiter ça!

Oui, merdeux tatoués, je vous hais, je vous vomis, je vous conchie. Oui, petits branleurs sans mémoire et sans respect, je vous exècre. Rien ne saurait justifier cette tentative d'aliénation des autres par vos actes aussi puérils que malsains. Rien ne me poussera à être plus respectueux de la mémoire de vos proches, et surtout pas de tels agissements. S'ils méritent le respect? C'est une évidence. Doit-on m'imposer "une" façon de lire l'Histoire? Et mon pied au cul, ça vous branche? Je le répète, je le martèle, et je le revendiquerai toujours: je n'ai pas été voter Hitler; je n'ai pas participé au massacre des civils en Europe. Je n'ai jamais défilé le bras tendu en chemise noire; je ne tolèrerai jamais que le nazisme puisse un jour réapparaître... Mais pas plus que je n'accepterai qu'on me fasse baisser la tête sous prétexte du "C'est nous les victimes".

Vous me faites chier, vraiment, parce que je ne pourrai jamais respecter quelqu'un qui exige ce respect. Le respect se mérite, méritez le avant de le réclamer.

Dernier point, et non des moindres: tant que Israël se comportera comme un état pourri avec les peuples qui vivent en et autour de lui, je ne lui donnerai aucune valeur ni morale, ni politique. Quand on parle de "colonies", quand on mure des populations entières, quand on déporte les gens pour s'approprier leurs terres, on ferme sa gueule, on se torche d'abord, et ensuite on réfléchit à ce qu'on peut demander aux autres. Ca ne me fait pas soutenir les actes terroristes pour autant, pas plus que cela ne me fera soutenir les partis extrémistes où que ce soit. Mais jusqu'à preuve du contraire, refuser la connerie des uns n'impose pas d'accepter celle des autres en face.

2 commentaires:

Thoraval a dit…

Si nos politiques pouvaient avoir ce discours clair, le monde tournerait mieux.

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Flatté de te croiser à nouveau l'ami et merci.