07 janvier 2013

Remettons le couvert

Demandons nous si l'on entend vraiment les bonnes choses. Depuis des décennies, les médias sont la voix du peuple, ou la voix des politiques. De ce fait, les écouter revient soit à pencher du côté populaire (et encore...), mais surtout du côté de celui "qui tient le bâton". Bien sûr, on va me réaffirmer que les journaux, chaînes de télévision et autres modes de communication ne sont pas à la pogne des politiciens, mais, mine de rien, ils se font étrangement l'écho de certaines têtes d'affiche plutôt que d'autres.

Vous pensez encore que la presse se sait indépendante, et fière de l'être? Vous suggérez même que la télévision est un média qui ne cire pas les pompes de nos élus, parce qu'ils osent dévoiler des dossiers compromettants? Mais revenez sur terre, lestez vous les godasses, parce qu'à trop planer dans les nuages, la chute pourrait être fort douloureuse. Je l'affirme: un journal, une chaîne, ou un site internet d'information ne peut qu'être, tôt ou tard, tributaire d'un parti ou d'un ensemble d'influences issues de la politique au sens large du terme. J'exagère? Chaque média a sa couleur politique, ou pire encore son attitude complaisante envers le pouvoir en place. Certains ne cirent les grolles que d'un côté, d'autres cirent les grolles qui sont les mieux placées dans le système.

Mais pourquoi diable cet emmerdeur de chroniquer parle-t-il d'une telle évidence? Pourquoi s'échiner à revenir là-dessus, puisque tout le monde semble être au courant. Au courant, non, ça j'en doute, et complices par manque d'intérêt, ça assurément. Je crois qu'il nous faut regarder notre monde en face: nous le voyons par des écrans, et non plus par nos propres yeux. On a tous "vus": le 11 Septembre, la fin de Ben Laden, les répressions des dictateurs, ou encore les innombrables vidéos parlant de la bombe atomique nord coréenne. Oui. On a "vus"... ce qu'on voulait nous montrer. Des exemples? Ces vidéos recyclées de tirs nocturnes sur Bagdad qui furent estampillées Mogadiscio, Beyrouth, Tripoli et bien d'autres encore, La même vidéo, mais en des lieux très différents. Logique? Non. Propagande? Sans le moindre doute.

Alors quoi en penser? Se méfier de tout, de tout le monde, devenir paranoïaque? Toute la question est de savoir ce que vous voulez savoir, et pas ce que vous voudriez croire. Le savoir est une arme, et j'essaye de sortir armé. Or, bien de états veulent vous refuser cette arme, au titre que vous seriez (selon eux) incapables de vous en servir à bon escient. Ce que vous savez, c'est supposé vous suffire. Désolé, je ne me contente pas de 300 mots de vocabulaire, pas plus que je ne saurais tolérer la censure, sous quelque forme que ce soit. C'en est d'ailleurs affligeant de bêtise, car le net a ce pouvoir bizarre de vous donner accès à l'information, mais à travers le regard de personnes très différentes... et donc de confronter, analyser, comparer, et donc se faire une idée. Et c'est là que vous devriez, chers lecteurs, vous forger vos armes, pas à l'auge fournie par un ou deux médias à la botte de financiers que trop empressés d'être "courtois" avec certains politiques.

Indépendance et média n'a plus aucun lien. C'est un fait, irréfutable, dramatique même. Les médias dépendent des annonceurs; Les annonceurs sont mes fers de lance des financiers; les financiers attendent donc des politiques des aménagements et des arrangements. Donc les médias doivent savoir se taire quand il le faut. Ca n'est pas une insulte, encore moins une critique, c'est un simple fait. Certains restent droits en réussissant, bon gré mal gré, à tenir une ligne éditoriale "pure" (entendre par là une ligne éditoriale choisie et assumée, même si elle déplaît à certains), et surtout dépourvue de financement par la publicité. Chapeau bas. C'est un acte de résistance active, quant bien même je n'en apprécie pas forcément la teneur (le canard enchaîné en est un exemple: sa ligne éditoriale et sa façon de transmettre l'information m'horripile, mais je la préfère encore à nombre de torchons se prétendant autrement plus sérieux sans l'être en quoi que ce soit).

Mais pourquoi diable ce rappel à l'ordre? Parce qu'il faut remettre le couvert. Sans arrêt, sans répit, relancer les gens dans une réflexion sur leur droit à l'information. On ne doit pas se contenter de l'anxiogène fourni sur les grandes chaînes, pas plus que des chroniques de bas fond, les reportages orientés sur la drogue, la prostitution ou encore les banlieues. Il faut sortir des clichés pour ne pas en devenir les esclaves. Et surtout, avant tout, il faut réfléchir, synthétiser, et apprendre. Le monde ne se construira pas sur de la publicité, pas plus que notre culture doit se réduire à des ersatz d'Amérique violente et dépourvue de contrôle.

Un média, un journal, tous deux vivent de nos subsides. Choisissez bien, en connaissance de cause, agissez avec le bon sens qui devrait être le vôtre. Ne lisez que ce qu'il vous semblera être enrichissant, pas uniquement les pages des journaux gratuits farcis de Reuters non contrôlé et surtout non commenté. ne vous arrêtez pas aux évidences... Car, au fond, nous sommes tous capables de critique, d'intelligence, d'analyse. Comme dirait l'autre "Je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis, mais je préfère te voir octroyer le droit de le dire que de te censurer".

Censurez vous-même les propagandistes, et élevez hauts les voix qui condamnent la propagande.

A bon entendeur...

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