28 juin 2012

Marielle Gallo et ACTA au parlement européen



En réaction à cette interview d'une député européenne française
Marielle Gallo et ACTA au parlement européen

je tenais à mettre mon grain de sel là-dedans.

Donc: en italique et gras ses propos, en dessous, mes réactions (disons plutôt ma colère!).

Bonne lecture!

Maintenant, s’il s’agit du résultat de la campagne de désinformation que nous subissons depuis plusieurs mois, je comprends parfaitement les résultats que nous avons eus.
Désolé madame, mais informer les gens sur la possibilité de coller du brevet sur à peu près n'importe quoi, considérer que la culture est la propriété des entreprises et non de la société civile, c'est comme considérer que la foi serait susceptible d'être facturée à chacun de nous. On ne peut décemment pas défendre la "liberté", tout en collant des barrières aussi inutiles que faites pour justifier des procès en pagaille.

À la commission des affaires juridiques, à laquelle j’appartiens, le vote a été de 10 contre 12 parce que nous avons à faire à des juristes, j’ai pu faire appel à leur raison, leur raisonnement, au Droit.
Le droit et la légalité sont deux choses différentes: le droit d'un peuple d'accéder aisément à la culture, à l'information, c'est un droit fondamental. Le fait d'adosser ce droit à des règles pour que des financiers puissent s'enrichir à outrance, ce n'est qu'une question de légalité. On veut légaliser le racket organisé à travers des brevets, de la censure, et donc restreindre la possibilité que nous avons de nous instruire, d'évoluer.

Maintenant dans les autres commissions, il se passe ce que vous avez pu voir : on applaudit… on applaudit quoi ? Que la rue ait fait la loi dans cette affaire ? Je ne sais pas…
La rue, c'est elle qui élit ses représentants. La rue, c'est elle qui fait et défait les gouvernements. La rue, c'est à elle que vous devez votre poste... Lui manquer de respect de la sorte, c'est oublier que vous n'avez pas été adoubée par une cour ni par une famille au sang bleu. Vous l'avez été par le peuple, pour que agissiez pour ses intérêts, et non pour l'intérêt unique des multinationales.

On applaudit peut-être les citoyens, d’après ce que disaient plusieurs eurodéputés…
Le citoyen attentif de ses droits et devoirs ne peut que se féliciter d'avoir fait comprendre aux politiques qu'ils sont concernés par de tels changements.

Nous sommes censés représenter les citoyens, mais comme ils sont occupés à autre chose, nous sommes censés réfléchir à leur place !
Dire deux choses opposées en quelques instants, quelle insulte! D'abord, on reproche aux gens de faire fléchir (la rue) les institutions, puis ensuite on les estime trop occupés à autre chose? Mais comment peut-on s'intéresser à la législation, tout n'en y étant pas intéressé? Serait-ce un sous entendu malsain déclarant à demi-mot que les gens sont des idiots?

Signé par 38 pays pas seulement de l’UE, l’accord servait, sert, aurait servi, servira peut-être - je peux vous le décliner à tous les temps – à harmoniser les procédures afin de lutter contre la contrefaçon et contre le piratage. Mais surtout contre la contrefaçon de biens physiques dont les médicaments ou les cosmétiques qui sont un risque pour la santé et la sécurité des citoyens.
Ou plutôt empêcher définitivement la production de génériques à bas prix, d'instaurer un chantage envers les pays pauvres par des brevets à durée indéterminée, d'imposer que ce soient les trusts qui décident de la santé mondiale, au lieu de leur céder à un prix raisonnable la possibilité de se soigner.

Sur les 41 articles d’ACTA, il n’y en a qu’un seul qui parle du numérique. ACTA est essentiellement une lutte contre la contrefaçon. Il n’y a que l’article 27 qui évoque les questions du numérique, ce qui a déclenché évidemment la communauté internet pour participer à cette campagne de désinformation.
Désinformation, ou défense des droits fondamentaux du tout à chacun de ne pas avoir à craindre un système fait pour et par des sociétés avides? Pire encore: pourquoi la communauté ne serait pas compétente pour vous expliquer les faits sur la toile?

Mais je répète dans toutes mes interventions : l’étudiant qui télécharge dans sa petite chambre ne risque rien avec ACTA. Il est bien prévu que le délit n’est constitué que lorsqu’il est perpétré à échelle commerciale. Tout le monde n’est pas Megaupload que je sache !
Faux: HADOPI est la systématisation du principe que l'utilisateur est forcément un coupable qui doit prouver son innocence, et ACTA en fait de même à une échelle plus large que le net. Les majors n'hésitent jamais à attaquer pour des faits ridicules (détournements de vidéos sur la toile, sans but lucratif, la condamnation de gens ayant utilisé de la musique sans payer des droits et j'en passe)

Des eurodéputés qui ont voté contre, ils ne connaissent pas leur bible. Cette expression d’échelle commerciale est utilisée depuis 15 ans dans les textes européens. Jusqu’à ACTA, miraculeusement, tout le monde avait compris la différence entre échelle individuelle et échelle commerciale. C’est assez difficile de ne pas comprendre, mais quand on ne veut pas comprendre…
J'appelle ça de la langue de bois. Toute trace de piratage sera considérée à une atteinte au commerce des sociétés. Madame Michu téléchargeant un fichier vidéo sera tout aussi coupable qu'un réseau distribuant illégalement de la vidéo sur la toile.

Écoutez, vous êtes au courant tout de même que les Anonymous sont descendus dans l’Assemblée parlementaire en Pologne ! Ce n’est pas seulement une campagne de désinformation. C’est une forme douce de terrorisme qui effraie les gens. On leur fait peur. C’est un fantasme. Acta est devenu un fantasme. Et ça, c’est relayé par tout le réseau Internet. J’ai d’excellents rapports avec Jérémie Zimmermann, mais je n’ai pas sa puissance de frappe.
Vous avez la loi, les gens ont la toile pour exprimer leur opinion. Ce qui dérange, c'est que ce droit créé par la toile (communiquer sans contrainte avec le monde entier) permet à tout le monde d'être mis au courant. Il y a vingt ans, la loi serait passée sans heurt, car peu de gens s'y seraient intéressé. Maintenant que la toile offre un média ouvert, libre (ou presque), c'est immédiatement le scandale. "Comment ça? Ils se rebellent? Ils ne veulent pas de notre carcan?"

Moi ? J’ai tout l’alphabet ! La prochaine étape, c’est le vote en plénière. Je ne vous garantis pas que la raison triomphera ni l’intérêt bien compris de l’Europe qui est de nous protéger de la contrefaçon vis-à-vis de la Chine, de l’Inde, appliquer de bonnes pratiques en cette matière et servir d’exemple.
quelle contrefaçon? Celle organisée et légitimée par les états parce qu'elle génère, elle aussi, de l'argent pour les sociétés tierces? Qu'on admette la malhonnêteté morale des sociétés qui s'en plaignent! Exemple? On délocalise en Chine justement, en sachant que c'est la loi du plus fort sur place, et on joue les vierges effarouchées quand l'esclave commence à détourner le système? Mais qu'on cesse de prendre le Chinois pour des larbins, qu'on accepte enfin de comprendre que nous avons tendu le bâton pour nous faire battre! Rapatrions notre production, et observons: il y aura d'autant moins de contrefaçon qu'il y aura moins de moyen de production là-bas. C'est idiot, mais c'est flagrant.

Moralité: quand on ne respecte pas ses électeurs, qu'on ne s'étonne pas de se faire retoquer de la sorte!

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