10 février 2012

Financdes à la noix

Dans ces temps troubles où les mots sombres fleurissent mieux que les roses (sans allusion sordide au PS, quoique !), les gens se parent de tristesse, d’inquiétudes plus ou moins fondées, et nombre de nations dans le monde paient le prix d’un excès de confiance dans un système bâti sur du vent. Aussi fou que cela puisse un jour paraître à nos descendants, nous nous sommes adossés à dispositifs conçus dans le seul but d’enrichir une proportion ridicule de la population, au détriment du plus grand nombre, le tout avec des risques incalculables. Par analogie, est-ce que quelqu’un aurait l’idée saugrenue de construire sa maison en bois à quelques mètres du cratère d’un volcan en éruption ? Non ? Pourtant, nous l’avons fait avec l’économie. Et il est donc légitime de se préoccuper du lendemain, quitte à enrichir les laboratoires pharmaceutiques à force de consommation de traitements pour l’ulcère, puis pour les inévitables dépressions nerveuses.

Mais concrètement, à quoi cela nous mène ? Le triple A est une fadaise, une mauvaise plaisanterie supposée noter les capacités de remboursement de la France. Hé, les cinglés de la calculette, les demeurés du tableur, vous semblez perdre de vue qu’un état en faillite, c’est un état qui disparaît corps et biens… et les banques nationales avec ! Depuis quand les banques sont-elles les tenancières des nations ? Depuis qu’on laisse aux banques le loisir de tenir le cordon de nos bourses à tous ! Pour ceux qui en douteraient, laissez moi vous rappeler quelques fondamentaux : les achats en espèce sont plafonnés, donc impossible (en théorie) de dépenser beaucoup d’argent liquide ; il est obligatoire d’avoir un compte bancaire pour percevoir un salaire ; il est impossible ou presque de se loger, faute de ne pas pouvoir payer les factures des charges et loyers en espèce. Sans compte bancaire, pas de vie dans le système donc. Et là, on laisse donc le pouvoir à des organismes privés, et au surplus on leur laisse le droit de nous dire, à nous autres citoyens qui se choisissent un gouvernement « Vous êtes des cons ». Ben oui : baisser une note, c’est inciter les investisseurs à se méfier de nous tous, grosses et petites entreprises comprises.

Là, j’entends déjà certains me dire que je raisonne comme F.Hollande lorsqu’il clame haut et fort que la finance est l’ennemi. FAUX ! Je suis totalement hors de ce discours démagogique, parce qu’il n’est pas du tout dans le débat. Le capitalisme est notre système, et les banques font partie du mécanisme économique. Sans crédit, point de développement ou d’investissement. Sans placement ni actionnariat, point de possibilité aux entreprises d’avoir de massives entrées d’argent. Alors, quel est donc mon idée ? Au lieu de cracher sur les banques, les traders, les financiers, faisons en sorte de les responsabiliser sur leurs actions ! Est-ce légitime qu’un type brassant des milliards d’un clic de souris soit complètement irresponsable ? Est-il normal qu’une banque trouve le moyen d’exiger des AJO à ses clients, alors qu’elle-même trouve le moyen de dépenser de l’argent… qui n’est pas le sien ?! C’est LA première des démarches à faire : rendre totalement responsable les banques, tout comme n’importe quel industriel est responsable de ses produits manufacturés. Rien que cela, ce tout petit principe fondamental pourrait faire peur aux banques, et ainsi donc les calmer dans leurs idées folles (comme vendre des parts de crédits véreux par exemple, ce qui est le principe des subprimes soit dit en passant). J’envisage également une autre idée « novatrice » : pourquoi doit-on payer des services et des frais divers à nos banques, alors qu’elles font des bénéfices… avec notre argent ! C’est quoi ce système où les clients deviennent paradoxalement des moutons, alors que la prestataire joue les loups ? La banque me doit ce service, au titre qu’elle s’enrichit sur MES économies, et ce sans même me reverser le moindre dividende. Mieux encore : pourquoi ne pas rémunérer obligatoirement les comptes courants ? Zéro frais, moyens de paiement gratuits, et une petite rémunération des comptes (admettons 1% par an sans impôt) ! Cela semble fou, mais j’estime que les banques sont tenues de nous rendre des comptes… et non l’inverse.

Tous les candidats présidentiables me font littéralement halluciner. On enchaîne les épreuves de force axées non sur des idées concrètes, mais que sur de la démagogie de comptoir. Moi aussi, je peux en balancer des idées comme ça. La preuve, je viens de le faire ! Ce que demandent les gens, c’est qu’on leur dise honnêtement et ouvertement quelles sont les vraies solutions, et pas spécialement des utopies. J’adore voir qu’à gauche on envisage de dépenser de l’argent qu’on n’a plus, et qu’à droite qu’on envisage de ramasser plus, quitte à enfoncer encore un peu plus les marchés dans le marasme le plus néfaste. Ce n’est pas en taxant à outrance qu’on se renfloue, et ce n’est pas en dépensant à outrance non plus qu’on relance une machine grippée par des décennies d’incurie économique. La crise mondiale n’est qu’un révélateur, une sorte de bain glacé où les vrais clichés de notre société nous mettent face à notre propre responsabilité. Les dépenses publiques, les déficits, ils se sont majoritairement creusés à cause de nos souhaits : santé, sécurité, confort, avantages sociaux, retraites… tous ces pôles de dépenses abyssaux, c’est au citoyen qu’on les doit (et je ne m’en exclue pas le moins du monde). Maintenant que le chômage explose, que les banques veulent récupérer leurs billes (après avoir perdu les nôtres, ne l’oublions surtout pas), la France est face à des dilemmes qu’il me semble extrêmement ardus à corriger : économiser et rembourser quitte à pressurer, ou bien emprunter en espérant des entrées fiscales plus élevées ?

Dans l’absolu, tous les candidats m’épuisent donc à coller la responsabilité unique et intégrale de la crise sur les épaules du parti au pouvoir. Nombre de leurs idées et interventions ne furent pas heureuses, mais je crois surtout qu’aucun gouvernant n’aurait fait mieux, faute de moyens de le faire. Soyons lucides : si le président sortant n’est pas réélu, il sera indispensable de comprendre que le nouveau président ne sera pas pour autant dans une situation soudainement assainie. La folie dépensière ne date pas de l’ère Sarkozy, et les gouffres creusés en notre nom sont loin d’être aisés à combler. J’espère que les Français comprendront cela, et qu’ils ne se mettront pas à dire, dans un an, qu’ils regrettent leur choix électoral. Tiens, c’est étrange : ce sont ces mêmes Français qui, une fois que N.Sarkozy s’est mis à appliquer son programme, se sont révoltés et criés au scandale ! Quel que sera le prochain gouvernement, mesdames, messieurs les ministres, je vous conseille de prévoir les bouchons auditifs, ainsi que les boucliers des CRS pour vous protéger des tomates et autres jets de légumes. Pourquoi ? Parce que le Français, une fois de plus, refusera (à mon avis) de voir plus loin que le bout de son nez.

La routine quoi !

Aucun commentaire: