23 mai 2011

Colère d’un patriote

J’ai honte.

Non. Je suis en colère plutôt. J’ai rarement été aussi en colère que ces jours ci, et j’ai même du mal à contenir ma fureur. Qu’on se le dise, il m’arrive souvent de vociférer pour un rien, à m’emporter parce que je suis une grande gueule, mais là, c’est le cœur serré et l’esprit en ébullition que je rédige cette chronique.

Comme vous l’avez remarqué, j’ai été absent pendant deux bonnes semaines. La cause en est simple, je me suis rendu dans mon pays pour diverses raisons personnelles. Quel est ce pays ? La Croatie. Mes parents en sont tout deux natifs, et je suis donc un héritier de ce sang slave qui coule chaque jour dans mes veines. Et c’est de là-bas que j’ai pu assister à la condamnation à 24 ans de prison du général Ante Gotovina. Qui est-il ? Je vous laisse le soin de lire cette courte biographie issue de wikipedia.

Ante Gotovina Sur Wikipedia.fr

Alors, résumons : le général Gotovina a été condamné pour crimes de guerre, ceci suite à une négociation entre la Croatie et l’UE. Jusqu’ici, la plupart des personnes qui me lisent vont se dire « bien entendu ! S’il est coupable, qu’il aille en prison ! », et, quelque part, j’aurais presque tendance à les suivre, sauf que mon sang ne fait qu’un tour. Autant mon côté légaliste tend vers la justice internationale et la condamnation des criminels de guerre, autant mon patriotisme me pousse à hurler toute ma colère ! Pourquoi suis-je donc en colère ? Parce que je n’appelle pas ça un jugement, mais une crucifixion ; parce que je n’appelle pas cela la justice, mais le diktat de l’UE comme condition de l’entrée de la Croatie dans l’union économique ; parce que je n’appelle pas ça la droiture du gouvernement Croate, mais la vente pure et simple d’un héros de guerre pour permettre un avenir supposé meilleur.

Commençons simple : les conditions initiales de la mise en accusation proviennent directement de l’UE qui, sous couvert de « justice », a décidé de mettre en accusation plusieurs chefs militaires tant Serbes que Croates. En quel honneur ? Les Français ont-ils crucifiés leurs généraux incompétents en 1916 ? Les Anglais ont-ils condamnés à la prison les officiers ayant décidé d’incendier Dresde ? Les Américains ont-ils inculpés leurs chefs de guerre ayant utilisés le napalm et l’agent orange au Vietnam ? De quelle justice parle-t-on ? Il ne s’agit même pas de la justice du vainqueur, puisque la Croatie peut prétendre a avoir obtenue son indépendance sans véritable aide extérieure, et pourtant, nous vendons nos chefs de guerre pour de l’argent, car c’est là le cœur du problème. Gotovina, coupable ou non, n’avait pas à être lâché par les politiques Croates, et ce encore moins quand il est considéré comme un héros national. La Lâcheté des dirigeants en place est honteuse, à proprement parler scandaleuse. J’ai honte pour eux, et le peuple aussi, car il a l’impression de s’être prostitué pour avoir le droit d’accéder à la zone Euro. Le prix à payer est quand même affreusement cher.

Aujourd’hui, les anciens combattants disent ouvertement « Nous ne nous sommes pas battus pour ça ! ». Ils ont honte, ils sont en colère, et ça se sent. J’ai vu trop d’atrocités, de gens meurtris par le conflit pour les énumérer, mais une chose est sûre, ils sont tous furieux de voir Gotovina vendu à l’UE. Les affiches sont encore légion dans tous les villages du pays, et elles scandent toutes le même slogan : « Un héros, pas un criminel ». Quoi qu’il en soit, j’estime que c’est chaque belligérant de juger ses propres hommes, pas à des institutions prétentieuses qui s’octroient le droit d’avoir un pouvoir supérieur à une nation. N’oublions pas que c’est ce même tribunal qui a mis en accusation Milosevic, ce que j’ai toujours trouvé inacceptable. C’était aux Serbes de se faire justice, pas à l’UE de décider qui peut, ou pas, juger un président de la république !

On pourra m’insulter, me traiter de fasciste, de tout ce qu’on voudra, mais je le revendique haut et fort : un homme qui s’est battu pour sa patrie, qui est respecté de toute la population, n’a pas à être lâché de la sorte par les politiques, surtout pour des questions d’ordre économique. J’ai honte d’être Croate, honte de voir mon pays accepter de se vendre de la sorte pour des liasses de billets. Les gens, là-bas, sont ulcérés. Ils ont vu leurs fils mourir au combat. Ils ont vu des villages flamber parce qu’ils n’étaient pas de la bonne religion. Ils ont vu des voisins s’entretuer. Et on leur dit maintenant qu’un de leurs guide, un type qu’ils ont suivi jusque dans la mort, est un pourri et un boucher ? Je le dis haut et fort :

« HEROJ, A NE ZLOCINAC ! »

Aucun commentaire: