26 avril 2011

Des mots à définir

En vertu d’une éthique personnelle (donc nécessairement bancale), je me fends de rédiger les définitions des mots laissés dans mes commentaires. C’est ma forme de remerciement pour cette que trop rare intervention concernant mes écrits.

Ah, au fait : je trouve dommage que trop peu de gens prennent la peine de m’insulter, me contredire, car, dans le fond, c’est le but ultime de cet endroit, à savoir échanger. En effet, j’estime qu’il est de notre devoir à tous de communiquer, car c’est la communication qui établit le progrès, l’amélioration des choses, et surtout la possibilité d’inviter tout le monde à s’informer. Je sais bien que c’est utopique d’espérer que les hommes daignent apprendre de leurs erreurs, néanmoins profitons de l’opportunité que nous offre la technologie pour au moins tendre vers quelque chose de mieux que l’obscurantisme ordinaire.

Travail :
Comment aborder ce mot ? Il existe moult manières d’en faire la définition, que ce soit celle partant du principe insupportable que le travail c’est la santé, jusqu’au dangereux thème utilisé par Vichy dans son « Travail, famille patrie ». Dans tous les cas, rendons nous compte de ce qu’est le travail, pour alors en choisir la meilleure définition ! Le travail, c’est s’activer à une tâche, afin d’en récupérer une richesse quelconque. Ainsi, nous nous levons, nous cavalons après le temps, tout ceci pour passer un temps non négligeable dans une besogne bien souvent abêtissante, avec pour seule satisfaction de voir des chiffres s’aligner chez le banquier. A partir de là, le matérialisme ambiant cautionne la démarche, puisque « posséder, c’est exister ». En tout état de cause, le travail est donc la composante première du capitalisme, puisque le capital est tributaire du travail. Il faut des biens, des services, donc du travail pour que le système fonctionne.
Sorti de ce concept élémentaire, le travail est un parasite dans l’existence. En effet, quoi de plus avilissant que le travail ? Nous avons peur de le perdre, nous l’avons pourtant en horreur, et quand on en a pas, on s’atèle à en trouver un le plus rapidement possible… N’est-ce pas là la description exacte de n’importe quelle drogue donnant lieu à une addiction ? Croire que le travail est sain, c’est une croyance de riche ! Le travail abîme physiquement et mentalement, il est nocif car il peut même mener à se détruire sciemment la santé, à tel point qu’on parle aujourd’hui de « maladies professionnelles ». Dans ces conditions, difficile de croire que le travail soit quelque chose de bon pour la santé !
Enfin, le travail fut souvent associé à un acte citoyen. Foutaises ! Le travail, c’est accepter la servitude, c’est mettre entre guillemets nos aspirations les plus élémentaires. Le travail ne libère pas, au contraire même, il emprisonne les gens dans un cycle où l’existence individuelle se voit subordonnée à une production quelconque. De ce fait, les démarches démontrant que travailler est un acte patriote ne sont que propagande et miroir aux alouettes. Ne rêvons pas : si les pauvres devaient devenir riches grâce au travail, cela se saurait. Si travailler pour que l’état s’améliore était possible, cela fait bien longtemps que la démocratie et une société supérieurement cultivée aurait émergée du cloaque que sont nos nations.
J’ai donc une définition évidente pour le travail : le meilleur moyen d’occuper efficacement les masses, tout en ayant pour qualité de les faire taire suffisamment longtemps pour que les gouvernants puissent passer la main sans craindre une fronde. Tiens, d’ailleurs, les révolutions n’apparaissent-elles pas justement quand le travail ou la nourriture viennent à manquer ? Je pense que c’est à méditer.

Passion :
Sentiment temporaire mais particulièrement brutal qui a pour conséquence la création d’énormément de navets parlant d’amour, de tendresse, de folie, ainsi que de situation dignes des plus mauvais vaudevilles.
La passion, c’est avant tout une irrépressible sensation de bien-être quand une personne y songe, et c’est donc une forme insidieuse d’opium pour les personnes atteintes de cette maladie. Etre passionné, c’est donc s’enivrer rien que par la pensée. D’ailleurs, je suggère aux meilleurs scientifiques d’analyser la caboche des grands passionnés, histoire de voir s’il n’y a pas une interaction quelconque entre la pensée et l’endorphine par exemple. Quoi qu’il en soit, la passion est nécessairement intense, voire même dangereuse, à tel point que les trop passionnés sont souvent regardés avec circonspection.
Ceci dit, la passion, c’est aussi l’intérêt premier de l’existence. Pourquoi ? Parce que sans passion, il n’y a pas de sentiment, il n’y a pas d’intérêt pour les choses les plus élémentaires de la vie. Prenons la passion pour les arts : ceux-ci peuvent très bien être éliminés de l’existence, sans pour autant détruire celle-ci. Cependant, l’art est indispensable à la société, car l’art symbolise l’état général de notre monde. En conséquence, celles et ceux qui se passionnent pour l’art se passionnent indirectement pour le monde entier. C’est tout aussi vrai pour l’amour, le pur, le sincère, celui qui fait qu’une personne nous manque intensément, qui nous brûle le cœur quand nous sommes séparé de nos êtres chers. La passion c’est donc la Vie, dans le sens noble du terme. Dommage que l’homme ne sache toujours pas se contrôler, et donc faire en sorte que la passion ne devienne pas destructrice !

Joie :
Tiens, encore un sentiment à la con. Oui, je dis bel et bien à la con, parce que la joie est un sentiment quelque peu tordu et vicieux. Je vous vois déjà préparer des massues pour me passer à tabac, mais raisonnez un peu avant de vous lancer dans un pogrom ! La joie, c’est le sentiment de satisfaction que nous éprouvons pour toutes les bonnes et mauvaises raisons du monde. L’accouchement est une joie pour ceux qui ne le vivent pas directement, la mort d’un assassin est un soulagement et presque une joie pour ses victimes indirectes, tout comme une victoire sportive est une joie pour les gagnants, et un drame pour les autres. Bien souvent, la joie s’exprime donc au détriment de quelqu’un, voire même de tout un groupe. On célèbre des dates de victoires militaires, et donc nous invitons les masses à éprouver la joie pour ces évènements. Et donc, quid des victimes, des perdants, des errements du monde ? La joie n’est pas que l’expression élémentaire du bonheur, c’est aussi l’expression de notre égocentrisme humain, puisque la joie est un sentiment personnel. Après, qu’on puisse la rendre communicative, afin que la majorité soit concernée, pourquoi pas, mais, dans l’absolu, être en joie, c’est un sentiment totalement personnel et qui se suffit à lui-même. En étant presque méchant, je pourrais quasiment affirmer que la joie est donc l’onanisme de la passion… Mais ce serait alors choquer les esprits chagrins. Quoique, l’idée d’entendre couiner les doux rêveurs éveille en moi un sourire cynique de circonstance !

Parfum :
Agression du sens de l’odorat. Par cette seule réflexion, je définis clairement ce qu’est le parfum. Depuis que les civilisations se sont entichées du concept de sophistication, les parfumeurs se sont lancés dans la quête de l’odeur idéale, de l’essence susceptible d’exacerber les sens, et donc d’éveiller l’humanité à de nouvelles sensations. Pourtant, plus le temps passe, plus je me dis que l’acharnement à concevoir le parfum idéal n’est que l’expression d’une tentative désespérée de camouflage du manque d’hygiène chronique des hommes. Typiquement, passez quelques instants dans une parfumerie, et entretenez vous avec une des vendeuses… Et accrochez vous à vos oreilles, cela vaut le détour auditif ! Entre les questions existentialistes sur l’âge, l’allure, le style, donc le pedigree de l’utilisateur final, et les dithyrambes sur les notes boisées ou fleuries de tel ou tel parfum, il y a de quoi s’esclaffer. Pourtant, friands que nous sommes de descriptions à vertu informatives, nous écoutons ce baratin avec la sagesse d’un gosse ficelé à sa chaise d’école primaire ! Le parfum, c’est donc le meilleur moyen de faire croire que sentir bon, c’est nécessairement se sentir bien. Je songe d’ailleurs aux slogans aussi stupides qu’inadaptés qui sont le lot des parfums. Un tel sera fait pour « la femme », un autre réveillera « la masculinité qui sommeille en vous », et un dernier saura même, avec une compétence colossale, vous « rendre plus beau ». Hé, les baratineurs, vous savez ce que j’en pense, de vos slogans à la con ? Ah merde, la réponse est dans la question.
Le parfum, c’est, en conséquence, un produit ayant pour unique qualité de vous faire pleurer le portefeuille aussi efficacement qu’un repas hors de prix dans un restaurant prétentieux. Malheureusement, la majorité silencieuse s’entiche de ces essences, probablement parce qu’il est plus agréable (en théorie) de sentir la fleur séchée, que la sueur de travailleur. De là, je m’interroge sincèrement sur le sens de l’odorat. Après tout, chaque parfum réagit différemment selon la personne qui le porte, parce que nos peaux sont toutes différentes. Appareiller le bon parfum avec la bonne personne, cela nécessiterait bien plus qu’une vague aspersion fugace d’un échantillon éventé dans une boutique embaumant littéralement ses clients. Les effluves, les senteurs, les parfums, cela devrait être contrôlé par des laboratoires, avec une sélection individuelle de la bonne recette… Et pas polluer l’atmosphère irrespirable des ascenseurs et autres endroits clos ! Notez enfin que nombre de personnes ne se parfument pas, elles se baignent dans leur parfum. Qui n’a pas croisé l’abruti empestant sauvagement le musc de synthèse ? Qui n’a pas intérieurement hurlé contre la bourgeoise sur le retour qui refoule à des lieues à la ronde ? Le parfum, c’est l’assassin des sens, la pire chose dont on puisse s’enticher !

Voyage :
Action de se mouvoir sur des distances supposées plus grandes que celles que nous couvrons habituellement. Le voyage est quelque chose qui attire l’être humain, à l’instar de l’instinct grégaire des sauterelles. Ainsi, les hommes aiment à se déplacer en masse depuis un point A jusqu’à un point B où, généralement, il trouvera à redire sur tout sauf sa propre attitude. En effet, notre échantillon humain aura déboursé des fortunes pour se mouvoir, pour accéder à la plage, puis il tendra vers la critique permanente sur, en vrac, la nourriture, l’excès d’étrangers (tout en étant lui-même un étranger sur le territoire), le trop de soleil, ou le manque de soleil, voire même la présence de la population locale. Le voyageur est donc, majoritairement, un parasite qui s’installe quelques temps ailleurs que chez lui, qui ruine totalement l’écologie locale, puis qui repart avec des clichés plein la tête. Ecoutez donc ces voyageurs en bande organisée, ces touristes insupportables ! Ils sont d’une pertinence dans l’analyse que même les plus grands experts en sociologie ne sauraient critiquer. « Ah, s’il n’y avait pas les Vietnamiens au Vietnam, ça fonctionnerait bien mieux »… Qu’on leur coupe la tête, cela serait une mesure salutaire ! Ah, parce qu’ils se sont reproduits en plus ? Bon, c’est pas gagné quoi.
« Les voyages forment la jeunesse ». Si je tiens l’imbécile qui a sorti ce truc, je lui fais bouffer l’intégral des éditions du guide du routard ! Les voyages ne forment certainement pas la jeunesse, elle lui fait voir qu’il existe bien autre chose, mais globalement, les jeunes voyagent de manière organisée, encadrée, de sorte que très rarement ceux-ci peuvent s’imprégner du véritable folklore locale, ou plus prosaïquement des réalités de ces contrées inconnues. Croyez-vous sincèrement qu’on fasse visiter des quartiers pauvres aux touristes ? Croyez-vous que les jeunes verront les files d’attente devant les bureaux d’embauche ? Jamais, bien entendu. Le tourisme, ce n’est pas l’industrie du voyage, c’est simplement l’industrie du cliché, de la carte postale mentale, et rien d’autre. Dans ces conditions, le voyage comme nous le concevons ne mène qu’à s’empiffrer d’images confortables et sans véritable fondement.
Enfin, il existe le voyage au sens poétique du terme. Mais si, celui que vous prenez dans une boite de sapin, le grand truc, avec le tunnel de lumière et tout le merdier qui va autour ! On voyage tous dans le « Mort Express », et chacun descend à l’arrêt qui lui est destiné. De fait, nous préparons méticuleusement nos voyages à l’étranger, mais bien plus rarement celui qui, pourtant, est supposé être obligatoire. A croire que l’inconséquence de l’homme n’existe que pour rendre les choses plus pénibles encore à nos proches. Ce foutu grand voyage, toutes les religions en parlent : purgatoire, enfer, paradis, bref tout le cirque ordinaire des destinations finales est décrit de sorte à faire frémir l’imbécile moyen. Il faut de bonnes peurs pour faire de bons fervents, et rien n’est plus vrai que la peur de la mort. Ceci étant, je me demande quel serait le sens de l’existence sans la trouille de casser sa pipe… Peut-être un sens plus sain, celui de la conscience de notre temporalité, ou bien un truc du genre. Quoique : ce serait supposer que l’homme est intellectuellement apte à comprendre qu’il est biodégradable, or la majorité des hommes sont mégalomanes, égocentriques, un rien paranoïaques, ce qui les mènent immanquablement à créer des statues à leurs effigies, à renommer des rues pour leur propre gloire, ou encore à se lancer dans des travaux titanesques… pour bâtir des tombeaux. Hé oui, l’homme aime à se montrer quand il passe l’arme à gauche : pyramide, caveau, tombe richement décorée, que ne ferait pas l’homme pour paraître, et ce même dans l’au-delà ! A ce compte là, je crois que je vais voyager en urne funéraire. Pourquoi ? Parce que, d’une part, on pourra disposer de mon réceptacle pour en faire un vase sympa à mettre sur la cheminée, et d’autre part parce qu’une urne, c’est quand même plus pratique qu’une grosse caisse à la con doublée de soie. Je n’ai jamais pété dans la soie, ce n’est pas dans l’éternité que je vais commencer !

Aucun commentaire: