02 mars 2011

Lancez lui une bouée bordel

Si les politiques étaient des nageurs, il faudrait sérieusement envisager de coller des CRS à chacune de leurs allocutions, simplement pour leur éviter de se noyer. C’est ainsi : nos élus, forts d’être désignés par le peuple, n’hésitent pas à dire n’importe quoi, avec une conviction digne des gosses les moins sages. En effet, dire tout et son contraire, c’est un peu assimilable à un môme qui s’essaye au crash-test contre un mur avec son vélo, et qui affirme ensuite que c’était quelque chose de marrant… le tout alité à l’hôpital suite à l’impact. Nos hommes politiques ont ce je ne sais quoi de candeur dans leurs propos, à tel point qu’ils en sont désarmants !

Bon, bien évidemment, ils ne disent pas ce qu’ils pensent. Pensez-vous ! Qui serait assez débile pour aller revendiquer en place publique, en plein mandat, que « Les Français sont des cons, ignares, nombrilistes, et qui méritent leur sort ! ». Personne ! Il vaut alors mieux dire « Les Français traversent une crise mondiale difficile, qui nécessitera des efforts, des économies, et que chacun soit concerné pour tendre vers une phase de reprise ». Baratin, quand tu nous tiens. Malheureusement, certains dérapent, disent des conneries, et font les beaux jours des feuilles de choux qui garnissent joyeusement les étals glauques de nos libraires analphabètes. Petit aparté à ce propos : vendre du journal ne sous-entend pas les lire… Enfin bref, revenons à nos politiques. Je les adore quand ils mettent les pieds dans le plat, je les trouve succulents quand ils perdent le peu de crédibilité dont ils étaient crédités. Certains sont même allés jusqu’à devenir « Il était vachement bien ce type, jusqu’au moment où il a eu le malheur de parler ». Et là, hélas, nul n’est présent pour leur procurer une bouée de sauvetage.

Ce que j’aime en politique, c’est que les amitiés, c’est comme le mauvais pinard, car tout le monde prétend avoir un vin de garde en cave, et c’est finalement le picrate qui arrive sur la table. Ainsi, les amitiés politiques ne tiennent que le temps où elles se révèlent nécessaires. Ensuite, le couteau dans le dos est monnaie courante, ainsi que le retour de manivelle. Faire une liste des « amitiés » brisées serait comme construire l’historique de tous les politiciens, car chacun sait que le politicien est ce personnage qui trahit sans vergogne, et qui, dès le lendemain, saisit la main de celui qu’il a entubé la veille. Bien sûr, la main serrée n’est pas toujours bon signe, et ce serait même plutôt le contraire, car, à chaque session de secouement spasmodique de mains jointes s’associe une photographie souvenir. « Chouette ! J’ai serré la paluche d’un dictateur aujourd’hui déboulonné, et on vient me dire que j’ai merdé ! Victoire pour les médias et l’opposition ! » Les photographies sont la mémoire des crasses, et là, encore une fois, au lieu d’avoir un gentil maître nageur sauveteur, les politiciens « mouillés » reçoivent en guise d’aide une bouée de sauvetage en plomb.

Ah, cette faune sauvage, ces animaux qui constituent la chaîne alimentaire… Merde, on se croirait dans un documentaire animalier ! Mais pas du tout ! Vous êtes bien face à cette hiérarchie mouvante de requins, de hyènes cyniques, d’agneaux à sacrifier, ou encore de renards patients qui, à la dérobée, s’entretuent joyeusement, le tout avec l’indispensable et ineffaçable sourire pour la sempiternelle photo souvenir. Reprenez quelques clichés des années 2000, puis regardez ceux qui étaient là pendant les meetings. Maintenant, mettez ce cliché en regard de la situation actuelle, et fléchez les « qui a écrabouillé qui », les « Qui a trahi qui », ou l’inusable et intéressant « Qui a pris la place de qui ». Impressionnant, non ? Et là, ce n’est plus le CRS de plage qui devrait bosser, mais carrément le fossoyeur, histoire de coller les squelettes ailleurs que dans les placards des uns et des autres. C’est souvent la même histoire : on en a un qui a les dents longues, un autre qui a la grande gueule, et un dernier qui se fait tout petit pour ne pas se prendre la foudre sur la tronche. Pas de bol, car, généralement, quand il se met à pleuvoir, tout le monde se prend la flotte, et elle n’épargne que trop peu. Les plus malins s’équipent, les arnaqués se retrouvent à la porte sans parapluie, et tous les autres tentent de s’abriter sous un préau anonyme. Dans ces conditions, c’est quand même à celui qui sera le plus fourbe… et j’avoue aimer compter les points.

Finalement, un bon politique, ce qu’il doit avoir en priorité, ce n’est pas tant du talent à revendre, mais plus soit une bonne bouée de sauvetage, soit avoir les compétences en brasse coulée nécessaire à tout requin qui se respecte. Moi ? Je ne suis même pas foutu de faire une longueur sans chercher l’assistance du plancher des vaches, alors nager en politique, n’y pensez même pas !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

1 pure délice a lire...bibi