09 février 2011

Juste un peu hostile

Les objets qui nous entourent sont tous adaptés à nos désirs et nos besoins. Ainsi, nous avons créé la machine à laver, parce qu’il faut bien faire la corvée de lessive, et parce que nous sommes devenus particulièrement fainéants. En l’espèce, l’immense majorité de ces bidules, machins, choses se vouent corps et âme à nous servir, ceci sans jamais se plaindre. Les rares fois où elles réagissent, c’est en tombant en panne, ceci en signe de fatigue prononcée. Sorti de cet aléa toujours pénible, nos objets sont juste efficaces et pratiques. Pourtant, force est de constater que chacun d’eux possède un démon, une face cachée capable au mieux de nous pourrir une soirée, au pire de nous mettre en danger. Regardez autour de vous, et posez vous des questions sur ces trucs en plastique et métal qui, en apparence placides et paisibles, sont vos ennemis les plus vicieux… Car ils vous attendent au tournant.

La cuisine regorge d’équipements capables de transformer une existence à tout jamais. Il y a trois catégories d’objets distincts : ceux qui coupent, ceux qui écrasent, et ceux qui chauffent. La première semble tout à fait évidente, comme le couteau, le mixer, ou encore un mélange des deux, le couteau électrique ! Ca, cela semble évident qu’en cas de mauvaise manipulation, vous pouvez y laisser vos doigts, votre main, ou encore quelques morceaux de votre anatomie. Pour le coup, c’est l’homme qui se révèle maladroit au possible, et que le mixer, ou la trancheuse à pain ne fait que sont travail. Définitivement, nous pouvons donc affirmer que les objets en apparence les plus dangereux sont ceux qui sont les moins retors. En revanche, dans la catégorie « j’écrase joyeusement les doigts de pied qui ne sont pas protégés », il y a la cocotte en fonte de grand-maman, la pile de vaisselle posée sur le bord de l’évier pour sécher, ou encore le poivrier à la con tout en métal qui date du dernier noël. Ceux là, méfiez vous d’eux : ils prétendent servir comme contenants, ou encore comme décoration, mais ils sont susceptibles de vous déglinguer un doigt de pied ou un bras en quelques instants. Et les derniers sont des fourbes. Les trucs qui chauffent savent comment vous faire souffrir. Le four traditionnel, on s’en méfie, donc on ne l’approche qu’avec précaution. Mais le plat de lasagne, tout juste tiré de sa gueule béante et brûlante, qui n’a pas eu le moment de douleur atroce en le touchant par inadvertance ? C’est sadique, cruel, d’autant plus quand on a la dalle. Et que dire du micro-onde ? C’est un équipement sorti de l’esprit d’un malade mental profondément atteint ! La tasse, là, l’autre pour le café, elle sort toujours froide, mais ce qu’il y a dedans… bouillant, fumant, un désastre, et potentiellement un séjour aux urgences pour votre bouche et votre langue. Sans compter que les plats qu’on réchauffe cumulent : plat chaud, surface de la nourriture encore froide, et centre de l’amalgame de nourriture en ébullition. Nous en avons tous fait l’amère expérience je crois, donc inutile de préciser. Ah si, il y a la cafetière, la saloperie qui se met à transformer l’eau en vapeur, et qui donc vous ébouillante, mais sans pour autant faire couler la moindre goûte de nectar noir dans le verseur !

Le salon n’est pas mal non plus : le tableau fixé dans une cloison de placoplâtre qui vous tombera sur la tronche en pleine nuit, la télévision qui implose au moment le plus important d’une série inédite, ou encore le décodeur qui, joyeux drille, se fait un malin plaisir de corrompre votre carte d’abonné, vous condamnant ainsi à la télévision hertzienne et aux programmes de TF1. Si ça, ce n’est pas de la cruauté ! Mais le panel d’objets cruels n’est pas fini ! La table basse dont on a pris soin de choisir les pieds de forme carrée (juste pour y laisser ses petits doigts tous nus quand on s’y cogne), le canapé dont les ressorts ressortent au pire moment pour vous labourer le dos ou les fesses, et la chaise de salon, la robuste (en apparence) chaise de bois qui se disloque au moment où vous vous installez dessus… Et après, on va me dire que le salon est un havre de paix ! Ben voyons, j’ai connu des champs de mines qui sont plus paisibles ! Le tapis est pas mal dans son genre aussi il faut dire. Se recourbant au pire moment, immanquablement provocateur de chutes, il réussit à peupler les urgences d’un hôpital plus vite que n’importe quelle gastroentérite saisonnière.

Enfin, notons que toutes les pièces sont ainsi : la salle de bains avec la douche soit bouillante, soit glacée, le savon qui vous fait glisser sur le carrelage humide, le rasoir scalpe visage/jambes (selon l’utilisateur), le sèche cheveu qui transforme la chevelure en brasier d’été en Corse, ou encore le miroir assassin qui vous rappelle votre tronche de déterré au lever… Il y aurait de quoi faire un inventaire pour chacune des pièces de la maison. Je vous le soin d’y jeter un œil, et de prendre vos précautions. Tout est une menace, tout est dang… aïe, j’aurais dû faire gaffe, ce pourri de fauteuil vient de s’affaisser, et donc de me mettre bien trop bas pour travailler. Enflure de chaise !

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