16 septembre 2010

Pourriture de temps

Non, je ne pense pas à ces types jamais satisfaits et qui grognent sans arrêt contre les aléas météorologiques. Vous les connaissez tous, ces « Trop chaud, trop froid » qui couinent sans arrêt, qui ne se satisfont pas de ce que l’environnement leur donne. A les écouter, il faudrait soit une chaleur tropicale, ou un froid polaire, le tout à contre emploi de la saison en cours. Personnellement, ils ont le don de m’horripiler au point d’envisager de leur brailler dans les oreilles « Ta gueule ! », de sorte à ce qu’ils ressortent de l’épreuve sourds, et si possible muets à tout jamais. Pourtant, ce ne sont pas ces insupportables empêcheurs de pleuvoir en rond, mais du temps, celui qui s’écoule, celui qui ne suspend jamais son vol, celui qui vous arrache la beauté pour la remplacer par des rides taillées au burin que j’ai envie de chroniquer.

Salaud de temps qui passé ! A cause de toi, je vois mes cheveux virer du blond éclatant de l’enfance trop vite envolée, au gris souris de triste signe. Age mûr ? Pas encore, mais ces années s’annoncent sans pitié, car elles semblent avoir décrétées que je serais argenté et non doré ! C’est quand même dégueulasse, car je n’y vois absolument aucun usage esthétique. Pourquoi diable faudrait-il muer de la sorte, quel intérêt biologique que me coller du blanc dans la tignasse ? Sans rire, certaines femmes, hypocrites je suppose, prétendent que cela ajoute un charme particulier aux hommes. Mouais, alors qu’elles m’expliquent alors pourquoi les cosmétiques s’échinent à nous présenter des bruns parfaits, au torse sculpté, et dont l’âge n’est jamais celui de l’homme mûr ? Jusqu’à preuve du contraire, notre société vieillit, alors merci d’adapter le discours aux quadras en devenir merde ! Rendez moi mes cheveux blonds !
Bon, d’accord, certains se dégarnissent plus qu’ils ne changent de robe, à tel point qu’on peut leur parler de la perruque en peau de fesse qu’ils portent sur ce qui leur tient lieu de cafetière. Eux, parfois, sont mieux lotis puisqu’ils prétendent se raser le crâne pour ressembler à une star quelconque qui aura lancée la mode du dégarni assumé. D’ailleurs, si les bonzes se rasent la fiole, c’est probablement tant pour des soucis de « pureté », que par simple précaution en prévision d’un âge où les cheveux se comptent un par un (à défaut de se couper en quatre).

Pourriture de temps, tu es un sadique fini, et les femmes te subissent plus encore que nous autres, les hommes. Des preuves ? Pourquoi leur saboter l’organisme en déclarant sauvagement « ne pense pas procréer, une fois passé les quarante piges, rempile tes désirs, c’est foutu pour toi ! ». Ordure, tu pourrais leur laisser un délai, surtout que tu en laisses un autrement plus long aux hommes. Ce n’est pas équitable, d’autant que les femmes doivent malheureusement subir le diktat éhonté de la mode et de l’esthétique. Une belle femme à cinquante ans ? J’y crois, j’en ai vu beaucoup, mais toutes fantasment sur des gambettes de gamines, sur un visage lisse comme de la peau de nourrisson. Vous n’y croyez pas ? Alors dites cela aux sociétés de cosmétique qui vous casent des camions entiers de crèmes à la con, placebo esthétiques pour vous faire croire que vous allez rajeunir visiblement. Toi, le temps, salopard sans vergogne, serais-tu subventionné par l’Oréal et consoeurs ?!

Même les mômes vous font sentir que le temps file ! Regardez les ces chérubins, ces graines de cons en devenir : ils poussent plus vite que le chiendent, vous pourrissent très vite l’existence dès qu’ils apprennent (toujours trop tôt) à parler, et en une décennie à peine, savent ce que c’est consommer, mais à vos frais bien entendu. Le sketch est terrible : en l’espace de quelques mois, ces bestioles gloutonnes changent si vite de taille que vous autres, parents au départ paumés dans les fringues pour mioches exigeants, devenez experts es frusques à la con aux coloris façon la gerbe, mais totalement hype. Notez qu’en plus vous ne rendez pas service à votre progéniture en suivant la mode. En effet, ils vous maudiront pour les vêtements has-been de l’enfance, tout comme ma génération maudit les pulls cardigans, les cols roulés qui grattaient, ou encore les pièces en skaï 100% pur plastoc cousues aux genoux pour allonger la durée de vie de frocs en velours marron chiasse. Ou alors, faites le sciemment, un peu comme une vengeance pour ce qu’ils vous coûtent. Après tout, coller du rose bonbon à des petites filles, c’est sûrement un acte très réfléchi, une action de rétorsion contre des gosses qui pleurent toujours trop, se réveillent jamais au bon moment, et qui font de votre vie sociale un désert absolu.

Et puis le temps a parfois du bon… C’est rare, mais cela arrive. Le pinard, le frometon bien fait, ou encore les alcools qui vieillissent en fûts aiment le temps qui passe. Rien que pour ces miracles de la science de la distillation, j’arrive à pardonner tout le reste au temps. Cette ordure d’horloge aura raison de ma blonde crinière, mais elle aidera à peaufiner les arômes d’un magnifique whisky (Irlandais, j’y tiens), ou la robe d’un excellent vin de garde.

Santé à tous, et longue vie !

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