27 septembre 2010

Bien pensant nauséabond

Je suis heureux ; oui je confirme, je suis heureux d’être tombé sur un article aussi bien argumenté que bien construit sur une réflexion que je me fais depuis des année sur le « bien-pensant » qu’on tente de nous inculquer dans tous les domaines. Depuis la politique, où avoir des idées contradictoires vous fait taxer de fasciste, jusqu’aux réflexions historiques qui vous donnent le droit à des épithètes parfois pires, il semblerait que l’on tente désespérément de faire de nous des moutons pleurnichards, l’échine courbée, de sorte à encenser des idées et des situations données. Or, à mon sens, le débat d’idées, ainsi que la progression intellectuelle se doit d’être tant critique que constructive.

Pour le coup, malheureusement, le thème est une fois de plus la déportation et le traitement des juifs de France pendant l’occupation. Sujet épineux, nauséabond, il a systématiquement été traité de manière niaise, pour ne pas dire minimaliste, de sorte à ménager toutes les susceptibilités. J’ai notamment en horreur que les atrocités nazies soient sans cesse agitées comme épouvantail, mais ceci en excluant toutes les autres victimes : quid des homosexuels, tziganes, communistes, opposants, des intellectuels ? Où sont ces gens qui, eux aussi, ont découverts le système concentrationnaire de l’intérieur ? Le nazisme a-t-il fait des victimes uniquement chez les juifs ? Certes, ils furent les principales victimes, mais certainement ni les premières, ni les seules. Rappelons que les premières rafles et arrestations ciblèrent les opposants au régime, et qu’au surplus Dachau fut un camp pour « réhabiliter » les déviants sociaux, donc en substance les opposants à la dictature nationale socialiste.

Si l’on analyse donc ces faits, je ne peux que soutenir ce qui est dit dans le blog ci-dessous.

Le dernier blog - De la compassion
Oui, les horreurs ne sont certainement pas à oublier, pas plus qu’il ne faut taire ce que ces régimes et ces tortionnaires ont de pire. Pour autant, a-t-on le devoir de verser sa larme à chaque nouvelle épopée sentimentaliste sur le thème ? Est-on tenu par un devoir de servitude morale vis-à-vis des victimes ? Mon premier et unique devoir est de me souvenir, afin de ne pas répéter les erreurs du passé. La culture, l’instruction, l’information ont pour but de préserver la mémoire de ce cauchemar européen, pas d’en exalter le souvenir au point de nous faire culpabiliser. Non, je n’ai pas voté national-socialiste, non, je n’ai pas participé ni collaboré pendant l’occupation, non je n’ai pas défilé ou salué un nazi avec le bras tendu. Dans ces conditions, qu’on n’exige pas de moi que je sois en larmes lorsque les films sur les thèmes durs de la déportation fleurissent, et encore moins que je taise toute critique si le film s’avère mauvais. Ce n’est pas refuser le souvenir, c’est assumer ma responsabilité actuelle, celle d’un homme, d’un électeur, d’un être qui refusera de soutenir toute politique totalitaire, tout comme de jouer le négationnisme. Je suis outré quand une personne tente de minimiser les crimes de la seconde guerre mondiale, je suis scandalisé quand certains tentent d’occulter la responsabilité des alliés dans les carnages de Dresde, ou encore quand les USA se dédouanent des désastres atomiques en instrumentalisant la guerre contre le Japon, mais je suis tout autant sidéré et furieux quand on veut me faire porter le chapeau pour le passé.

L’interview de la réaliste est symptomatique de cette attitude aussi niaise que nauséabonde. Je ne suis pas tenu à fondre en larmes à chaque film (navet) qui a pour but de m’arracher les dites larmes, et encore moins s’il s’agit tacitement de me reprocher mon « indifférence » quand je ne réagis pas comme on l’attend de moi. Je vais être franc : la liste de Shindler, film magnifique, magistral, ne m’a pas arraché de larmes, mais énormément de réflexions sur l’âme humaine. J’ai été pris aux tripes par l’art consommé de Spielberg pour le silence et la narration visuelle, mais je n’ai pas pleuré. Trop distant ? Non, simplement honnête avec moi-même, avec mes convictions. Je ne me crois pas insensible, car cela me remue profondément, tout comme énormément d’autres films sur des thèmes très différents, mais décrits avec force et conviction. Croix de fer traite du sort des soldats Allemands sur le front de l’est. Peckinpah m’a remué les tripes jusqu’à la terreur ; JFK a interpellé ma conscience de citoyen et d’électeur, malgré des propos propagandistes et passablement grossiers dans la démonstration ; Le dictateur de Chaplin a éveillé en moi le désir de constater qu’il y a plusieurs manières de revendiquer pour toutes les libertés.

En parlant de Chaplin, je rejoins totalement l’auteur du blog, ceci en utilisant justement le film « Le dictateur » comme exemple parfaitement flagrant dans l’analyse que l’esthétique et l’émotion sont intimement liées aux opérations de propagande, puis de nivellement de l’intellect dans les sociétés. Charlot, dans son mimétisme avec Hitler, nous présente le monstre comme amusant, ridicule, presque pathétique dans la scène culte du monde sous la forme d’un ballon. Quoi de plus esthétique que cette sphère flottant dans ce bureau strict et gigantesque ? Quoi de plus drôle d’abord, puis effrayant, dans ce dictateur qui s’amuse avec un ballon, pour ensuite comprendre que c’est avec le monde, le vrai, qu’il joue ? L’esthétique et le sentiment ont la force nécessaire pour faire taire les oppositions, pour censurer tacitement toute forme de critique. De là, qu’un seul constat : si l’on veut me forcer à pleurer, n’est-ce pas là déjà une attitude despotique et dictatoriale ? Si l’on veut m’imposer de bons sentiments, n’est-ce pas pour me rendre servile à des idéologies que je ne défendrai jamais ? Sans dériver sur des critiques déjà faites par mes soins concernant des associations comme la LICRA, je trouverai toujours douteux toutes celles et ceux qui joueront du violon et du reproche tacite (ou explicite) pour que je les soutienne. Encore une fois : non, je ne soutiendrai jamais ceux qui renient les atrocités du nazisme, non, je ne légitimerai jamais aucune politique raciale, mais ne me demandez certainement pas de cautionner la politique des colonies, de l’isolement de Gaza ou quoi que ce soit de ce genre, sous prétexte de victimisation. A chaque époque ses combats, ses horreurs, ses errements. A chacun d’assumer sa part de responsabilité dans le temps, et non pour toujours.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tout comme à ton habitude....il est parfait !
pensée partagée sur le sujet.... j'adore
Didine :)
bisous