27 août 2010

Liberté d'opinion

Suite à mon article d’hier, je me suis pris de curiosité sur le pouvoir d’Internet, ainsi que sur ses impacts potentiels sur le monde réel. C’est étrange, surprenant même à quel point le moindre propos peut être recyclé, déformé et instrumentalisé, au point de mener des auteurs « apparemment » de bonne foi au tribunal.

Avertissement à mes lecteurs : Je ne m’engagerai en rien sur les vérités des acteurs des différentes versions des affaires citées. Je ne suis pas juriste, pas plus que bien renseigné sur les dossiers. De ce fait, je laisse à chacun la possibilité de se faire une opinion. La mienne est simple : nauséabond et très grave tant pour la liberté d’opinion, que sur le pouvoir des contradicteurs. Donc quelques liens à consulter : certains passages sont littéralement puants (à mon goût). Encore une fois, je me fais colporteur, à vous de décider.

Tegam Vs Guillermito, sur kitetoa.com
L'affaire Ney, sur kitetoa.com

NOTA: ces dossiers ne sont pas récents, mais assez signifiants pour que je m'appuie dessus.

Maintenant, passons à ma propre vindicte, à ma colère intérieure ! Là, je suis l’auteur, j’assume pleinement le moindre de mes propos. Je fais également notifier la source de cet article, de manière à ne pas « agir dans le dos » de qui que ce soit. Question de politesse et de respect pour l’auteur des différents rapports. Qu’il soit rassuré, je ne compte pas le vilipender, même si nous avons des divergences d’opinions sur certains de ses articles. Etre d’accord sur tout n’aurait pas été rigolo, n’est-ce pas ? (Sinon, vous ne seriez pas là à me lire je pense…). Je reviens à mes moutons, car mes digressions trop nombreuses peuvent rendre chèvre (je donne dans les bestioles en ce moment). Sur les deux affaires, c’est l’analyse indépendante qui fut attaquée, l’une sur le piratage, l’autre sur un antivirus qui, apparemment, se révélait pas aussi efficace que sa publicité le laissait entendre. Diffamant ? En quoi ? Insultant ? Qu’on m’explique ce qu’il y a de diffamant à se poser des questions, ou à démontrer qu’un outil payant n’est pas à la hauteur des attentes des clients…

Allons plus loin : celui qui a voulu montrer au monde qu’un produit pouvait être peu fiable a fini condamné par la justice. Parce qu’il a eu le culot d’utiliser une méthode commune en informatique de sécurité : démonter le fonctionnement d’un logiciel, et le contourner pour s’assurer qu’il y avait source à inquiétude. Que la société incriminée ne soit pas satisfaite par le résultat, c’est logique : personne n’aime voir son (seul) produit voir démoli par un n’importe qui, et le tout porté sur la place publique. Toutefois, les grandes sociétés évitent généralement de faire du bruit, parce que si c’est prouvé, ce serait ridicule d’aller au juridique (mauvaise publicité double : non seulement je suis pris en faute, mais en plus je m’acharne sur celui qui prouve que je suis mauvais). Et là, par contre, on donne « raison » à la société, et l’on lynche juridiquement. J’ai du mal à voir où est la justice là-dedans, et tout l’imbroglio de « connivences », d’espionnage (risible), ou encore de travail de sape sont à hurler. Confondre justice et mythomanie, et obtenir gain de cause, c’est donc défaire tout droit à la critique constructive aux citoyens. Faisons une analogie : demain je critique un produit que j’ai acheté et que j’estime minable. J’en fais part dans mes colonnes. Et on me colle un procès parce que je « serais » un salarié caché d’un concurrent qui veut la mort de la société ? Le juge, s’il est un tant soit peu raisonnable, éclaterait de rire une fois l’enquête menée bien entendu.

Et l’autre article n’est guère plus « frais » : de l’acharnement thérapeutique, des menaces, de la haine gratuite, de l’entêtement. Je ne comprends pas qu’on puisse se complaire dans le rôle de « victime », surtout quand soi-même l’on va jusqu’aux menaces physiques. Il existe des dispositifs pour traiter la diffamation, pour gérer les calomnies. Alors pourquoi passer par la case « haine et violence » ? La violence, ce n’est que la seule solution que puisse trouver l’entêté à court d’arguments. J’ai en horreur ceux qui recourent à cette façon d’agir, d’autant plus quand il y aurait possibilité de discuter. Les espaces d’échange ont été conçus pour, justement, offrir tribune à chacun, sans distinction de « qui a raison, qui a tort ». Affligeant qu’il soit devenu nécessaire d’aller au procès pour tenter de museler la haine gratuite et la bile de certains. Je suis même horrifié de lire les détails, tant ils tiennent de la folie pure et simple !

Et ça, ce n’est que deux affaires, deux extraits parmi des milliers, sûrement anonymes qui, face à la bêtise humaine, ne peuvent qu’être censurés, ou finir au procès. J’ai, par le passé, été actifs dans certains forums. Par curiosité, je voulais voir si l’on pouvait avoir des discussions sereines, contradictoires, et constructives. Réponse : majoritairement non. Abordez frontalement les mensonges des uns, et vous aurez le droit au mieux à la vindicte, au pire à une plainte au pénal. Magnifique : dans un état de droit, être menacé de prison pour avoir « dénoncé le mensonge », c’est à mes yeux légitimer l’attirail répressif que sont les HADOPI, LOPPSI et autres acronymes liberticides. Je ne peux décemment pas apprécier les échanges que j’ai pu lire sur le site : honteux, inacceptables, je ne peux pas cautionner ni le chantage, ni les menaces.

Des critiques ? Des défenses ? Bien entendu ! Le droit de réponse EST l’essence même du réseau. Pour la première affaire, pourquoi ne pas s’être contenté de démontrer le contraire des assertions du « pirate » ? Pourquoi ne pas avoir simplement démontré l’efficacité du produit ? Dans la seconde, pourquoi jouer de la menace et de la diffamation, au lieu de s’entretenir sereinement avec l’auteur initial de l’article ? La vérité serait donc si douloureuse ? Qui n’a jamais fauté n’a jamais agi. Qui ne se trompe pas, n’agit pas. Je pense qu’un produit, une opinion, une action peut être mauvaise, insuffisante, ou même ridicule. Mais c’est naturel, cela fait partie du quotidien. En revanche, refuser de reconnaître l’erreur, et pire encore, menacer celui qui la constate en le traînant devant les tribunaux, ce n’est pas une action élégante, ni même constructive. Violence pour violence, autant se faire justice soi-même à ce compte là.

Le Web est neutre (en principe) : il est un support, et non une idée. Celui qui est l’idée, c’est l’auteur. Face à face, les idées, les opinions doivent se confronter. Si l’on ne critique pas, on ne peut pas envisager le progrès. Sans l’autocritique, aucun progrès pour soi. Et là, j’ai peur que le réseau ne devienne qu’une source de revenus pour avocaillons à l’affût d’affaires de diffamations et autres dossiers aussi ridicules que malsains.

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