24 août 2010

Du nom des expositions

La France, revendiquant un statut de nation cultivée, avec une histoire riche, aime à présenter des expositions sur tous les thèmes possibles et imaginables : l’art précolombien, en passant par l’art moderne, les équipements militaires, voire même l’histoire de l’informatique, tout thème peut se voir un jour exploité pour être mis en vitrine. Au demeurant, je trouve la démarche fort intéressante, surtout quand celle-ci offre la possibilité à l’ignare moyen (que je suis) d’appréhender des thèmes qu’il ne connaît pas. Ainsi, j’ai pu avoir l’occasion de visiter le centre Pompidou de Metz (que je vous conseille), aller à quelques expos et autres vernissages à Paris (chose que je ne vous conseillerai pas forcément), et donc d’observer, de temps en temps, les affiches des prochaines expositions « majeures » se déroulant près de moi.

Pourtant, là, j’ai eu comme un doute. Une exposition parlant des « Les grands Hommes : quand femmes et hommes construisent l’Histoire ». Déjà, rien que le titre ronflant m’a fait frémir. C’est quoi, un grand homme ? A la seule idée que l’on puisse mettre en scène des personnages historiques m’a donné le sentiment qu’il s’agissait plus de l’expression de la masturbation intellectuelle d’un conservateur en mal de visiteurs, que d’une véritable démarche artistique, ou intellectuelle. Moquerie mise à part, comment décrire, définir ou préciser ce qu’est un grand homme ? L’Histoire se construit hélas autant grâce aux bonnes volontés des uns, qu’à cause des ambitions des autres. Alors, définir si un dictateur fut un grand homme, c’est tout aussi possible que d’accorder cette définition aux anonymes qui, de par leur abnégation, agissent au quotidien pour aider autrui.

Je sais, je râle, je n’ai pas vu l’exposition, ni même cherché à en savoir plus sur le moment. Allez, fendons nous d’une page officielle sur Internet, pour y trouver des précisions sur la thématique. Ne soyons pas des salauds à œillères (comme je le suis souvent), soyons ouverts à la réflexion. Qui sait, les organisateurs sont peut-être plus futés que je n’eusse pu le penser au départ !

Les expositions sur le thème, sur le site de culture.gouv.fr

Ca y est ? C’est lu ? Qu’en pensez-vous ? Soyez honnêtes, parce que là, moi, je suis encore plus perplexe qu’au départ ! Alors, non content d’être racoleur, le thème de fond n’est pas tant « l’homme et l’histoire », mais plutôt « l’homme faisant évoluer son environnement » et « l’homme préservant son histoire en sauvant son environnement ». Chouette ! Donc, on a, je suppose, le droit aux éternels refrains sur un comte quelconque, passionné d’art, qui aura embelli son château (à la sueur de ses serfs bien entendu), ou l’histoire du petit conservateur qui aura réussi, avec courage, à camoufler des œuvres pour les tirer des griffes rapaces des nazis amateurs de belles toiles. Et le rapport avec la « construction de l’histoire » ? J’espérais une explication plus riche, plus emblématique de la détermination de personnages particuliers au fur et à mesure de l’histoire, mais là, non, on va venir me causer de Tartampion ayant voulu coller des arabesques sur des colonnes doriques !

Je me moque, je raille, mais c’est un fait hélas : la culture, c’est quelque chose avec laquelle nombre de personnes aiment à faire joujou, sans forcément se rendre compte à quel point ce jeu devient dangereux quand il détériore l’essence même de la visite ou de l’exposition. Oui, aborder l’histoire, la grande, en même temps que les petites sous-jacentes, cela fait partie d’un vrai travail de mémoire, et surtout d’un vrai talent de la part des conférenciers. Le petit détail, l’exaltation créée par l’anecdote, tout ceci doit être transmis au visiteur... Mais cela doit être quotidien, récurrent, de sorte à ce que chaque demeuré comme moi puisse retenir plus que l’ébahissement du déballage de dorures et de stuc d’un Versailles, de l’épatante grandeur du Louvres, de l’improbable beauté de l’art moderne, ou encore de la surprenante existence d’une chapelle perdue au milieu des immeubles d’Haussmann. Arrêtez de faire comme si un titre devait être le plus ronflant possible, cessez donc de gonfler l’ego de ces présentations. Je suis convaincu (et je l’ai constaté) qu’il y a une vraie passion pour celles et ceux qui font vivre ces moments culturels. Accordez leur simplement du crédit en évitant de rendre impropre le titre initial ! Là, je me serais contenté du « Les grands Hommes : quand femmes et hommes construisent l’Histoire », j’aurais passé mon chemin. Peut-être vais-je faire la démarche pour aller visiter quelques lieux listés, histoire de ne pas mourir aussi idiot que je ne le suis aujourd’hui.

Faites les musées, visitez les, vous ne regretterez que rarement votre démarche. Un autre tuyau : oubliez les chroniques des « experts » qui encensent ou vomissent une exposition. Une opinion, surtout dans l’art, doit venir de soi, pas d’un tiers se prenant pour une sommité. Si nous devions les écouter en permanence, m’est avis que nombre d’experts auraient fait disparaître Dali, Picasso, Rembrandt, ou encore Werner, sous prétexte qu’ils n’étaient pas dans l’air du temps.

Ah oui, une dernière chose : soyez toujours circonspect concernant les vernissages. Ils peuvent être tout aussi passionnants et réussis, que la concentration des pédants et autres représentants petits bourgeois prétentieux du quartier. Si vous y allez avec le cynisme et l’ironie en bandoulière, pourquoi pas, mais si c’est avec candeur... Oubliez.

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