21 mai 2010

Sauver la princesse ? Foutaises !

Le rôle du prince charmant, c’est celui du grouillot qui va tout se prendre sur la tronche tout au long de sa misérable existence. A lui les batailles épiques à base de tripe et de sang, à lui les épopées à travers les contrées inhospitalières, à lui enfin le sauvetage de la gourde qui… de la princesse et future épouse pardon. Merde, une vie de chien quoi ! Quand on y pense, ça n’a rien de gratifiant d’être un ancien combattant dont l’esprit sera perturbé par le syndrome post traumatique, qui aura été probablement blessé plusieurs fois, et tout ça pour quoi, rejoindre une dinde qui n’aura pas été foutue de renifler qu’une sorcière qui fourgue des pommes, ça sent le mazout !

Sans déconner, je ne vois pas pourquoi le prince devrait s’envoyer de véritables campagnes suicidaires pour aller chercher la prisonnière du plus haut donjon qui soit. D’ailleurs, tuer un dragon, c’est peut-être tuer une bestiole protégée par des conventions internationales. Qui me dit que le dragon, c’est forcément méchant !? Un ahuri dans son bouquin fait pour faire rêver les gamines, et exciter l’esprit de chevalerie des gamins ! Salaud, il y a maldonne. Je l’affirme, le chevalier sur son canasson, il doit sûrement sentir la bidoche faisandée, la sueur, et avoir une haleine propre à vous souder les nasaux pour une bonne semaine. Et en plus se taper les marches, de la baston, tout ça pour trouver une minette qu’il n’a jamais vu… et devoir, pardessus le marché, la réveiller d’un baiser… Très peu pour moi. C’est digne de la connerie la plus profonde. Vous iriez, vous, vous faire taillader la paillasse pour un(e) inconnu(e) ? Moi pas, sauf à condition d’une rétribution à la hauteur des frais et des risques ! Comment ça, ça ne fait pas chevaleresque ? Parce que le mythe du chevalier pimpant et honnête, vous y croyez encore ?! Redescendez sur terre : sans aller dans le détail, la plupart des chevaliers n’étaient guère plus que des mercenaires camouflant les exactions derrière un paravent orné d’armoiries prétentieuses… Enfin bref, passons.

Et puis aussi pourquoi la princesse est systématiquement une gourde finie, infoutue de se dépatouiller, de fuir les emmerdes, ou encore de se servir de ses neurones pour réfléchir ? Moi vivant, je n’épouserai jamais une femme qui accepterait de n’importe qui des fruits sans se méfier, une idiote qui se laisse réduire en esclavage, et encore moins une imbécile qui pense que le chevalier prototype doit avoir la dégaine d’un athlète olympique, les neurones en plus (ou en moins… tout dépend). La première chose que se devrait de faire une princesse, c’est savoir s’entourer, fuir les flatteurs, écouter et prendre bonne note des conspirations, mais certainement pas laisser faire l’air de dire « j’ai rien compris à ce qu’ils disent, mais ça a l’air rigolo ». ANDOUILLE ! Les contes de fées, c’est pour les mioches, pas pour des adultes qui favorisent toujours les plans foireux, les intrigues aux choses simples et pourtant pas si débiles que ça. En quelque sorte, la princesse de ces foutus bouquins, c’est celle qu’il faut sauver pour la mettre en cloque, puis lui demander de faire la lessive et le repassage. Pauvre chose…

De là, franchement, vous trouvez que ça fait envie ? Hélas, pour certains, oui ! Hé, les perchés, redescendez de votre extase au LSD, et regardez la vérité en face. Le prince charmant aura la même gueule qu’un détenu de Guantanamo au réveil, la princesse celle d’une bavure de commissariat sous Ceausescu. Aucune femme ne vit dans la naphtaline, aucun homme ne ressemble à une gravure de mode à longueur de journée. On vit, on vieillit, et, franchement, tomber sur le prince ou la princesse, c’est d’emblée accepter des concessions. Non, ils ne seront pas parfaits, pas plus qu’ils ne sauront toujours être aimables ou patients. Non, ils ne sauront pas toujours faire preuve de bon sens, certains iront même jusqu’à s’engueuler pour des broutilles, mais c’est aussi ça, vivre. Alors merde, le cliché de la princesse à sauver, vous pouvez le coller au bûcher pour un autodafé que cela ne me ferait pas frémir.

Par contre, si la dite princesse a l’intelligence et l’humour nécessaire pour supporter mon cynisme, le tempérament pour me dire « Merde ! » quand c’est nécessaire (souvent eu égard à mon ego démesuré), alors là, oui, éventuellement, la démarche de partir à la chasse au dragon pourrait être intéressante. Et au pire, si c’est une emmerdeuse carabinée, je n’aurai qu’à la remettre dans sa tour, trouver un dragon de compagnie aussi coriace que son prédécesseur, et même, je ne suis pas radin, coller quelques crocodiles dans les douves. Et quoi ? Pourquoi vous râlez qu’il n’y a pas de crocos dans les contes ? Qui s’en préoccupe ? C’est un conte après tout, et si je joue le prince charmant, je ferai ce que je veux. Mais bon, sortir la quincaillerie de l’armure, se taper la tour en colimaçon, tout ça pour que ce soit la gourde dont j’ai parlé jusqu’ à présent… Ca y est, ça me fatigue à nouveau.

«
- Ô mon prince, viens me sauver !
- T’as qu’à sauter ! Feignasse ! »

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