18 février 2010

Robotique

Quel monde étrange nous vivons là ! Nous sommes encore à une époque où le robot se contente d’être une machine dénuée d’intelligence, cantonnée à des tâches répétitives dans les usines, et où nous autres humains, nous pensons avoir le pouvoir sur la machine. C’est d’autant plus amusant que nous ne pouvons plus vraiment produire sans ces automates de plus en plus agiles, nous leur déléguons même des opérations délicates et dangereuses comme le déminage, la manipulation de matières dangereuses dans le nucléaire, ou des actions infaisables par l’homme telle que l’exploration des fonds marins, ou celle des planètes du système solaire. Or, c’est abus de langage que de parler de robots, car ces machines ne sont pas réellement autonomes, elles sont dépourvues d’une véritable autonomie de prise de décision. Nous décidons, nous les programmons, elles exécutent. Au mieux, elles s’adaptent un peu et tentent des solutions prédéfinies, au pire, elles attendent un acquittement humain pour agir.

Mais quel sera le monde de demain, quand ces robots seront devenus abordables, et de plus en plus présents dans notre quotidien ?

Loin de moi l’idée de soutenir l’idée de l’avènement d’une intelligence artificielle. L’Homme est bien trop paranoïaque pour laisser de tels dispositifs sans sécurité, et de plus, notre méfiance systématique envers la technologie ne permettra pas, du moins à un horizon proche, d’avoir autour de nous des robots totalement autonomes et dotés d’une possibilité de choix individuel. Attention, quand je parle de choix, j’entends par là de juger une situation afin d’avoir un ersatz d’intelligence, pas d’effectuer des opérations telles que « si la porte est fermée, et que j’en ai le droit, je l’ouvre en actionnant mon bras ». Par contre, je crois qu’il est, et ce dès maintenant, indispensable d’analyser quels seront les impacts de la propagation de ces machines parmi nous, ainsi que les risques engendrés par l’usage de robots au milieu des hommes. Nous gardions les robots dans des salles confinées, avec des espaces de sécurité empêchant toute personne d’accéder au périmètre, et donc de mettre sa vie en danger. Une machine ne tient que rarement compte de son environnement ! A l’avenir, ces barrières disparaîtront, et nous devrons donc appréhender la présence de machines plus fortes, plus robustes

Je n’ai aucune difficulté à accepter ce progrès, notamment parce que nous pourrions alors gérer des situations qui, aujourd’hui, nécessitent des humains dans des métiers soit peu gratifiants, soit psychologiquement difficiles à gérer. Prenons quelques exemples qui peuvent nous ouvrir nombre de perspectives. Dans nos cités, le nombre d’habitants ne cesse de croître, et en proportion tant les problématiques de gestion des déchets, que celle de la maintenance des infrastructures. On peut donc imaginer une robotique dédiée au nettoyage urbain, effectuant ces tâches complexes de tri, sans le risque sanitaire inhérent à l’exposition aux ordures. On peut aussi concevoir des robots spécialisés pour la réparation des rues, de l’entretien des réseaux d’énergie, ou encore la prise en charge du courrier papier. De cette manière, on aurait plus une société finançant non les services, mais la maintenance de ceux-ci.

J’imagine également un véritable rôle social pour ces robots d’un nouveau genre. Les pays riches vieillissent, et ce à tel point que nous aurons plus de retraités que d’actifs. Le service à la personne devient une véritable branche de l’économie, avec toutes les problématiques délicates : gestion de l’hygiène, de la santé, des risques physiques, de l’activité permanente de la surveillance… Un robot serait alors apte à l’accompagnement des personnes à mobilité réduite, leur offrant leur force pour compenser les handicaps liés à l’âge. De plus, un robot, n’ayant, dans l’absolu, aucun besoin de repos, celui-ci pourrait alors être un garde malade efficace, sûr, et exempt du risque de distraction ou de la fatigue d’une telle tâche. Je n’envisage pas le remplacement de l’être humain par ces machines, mais plus une délégation de ce genre de nécessités. Je ne crois pas qu’on cèdera le champ d’investigation médical au robot, car cela relève de l’intelligence, de l’examen, de l’analyse de symptômes, chose qu’une machine n’est pas capable de faire (à moins de revenir au fantasme d’intelligence artificielle quasi humaine).

Enfin, imaginez donc ces villes capables de changer grâce aux machines qui construiront vite, bien, et sans risque pour les hommes. Imaginez également la résolution des incidents de la vie courante par des machines : plus besoin d’attendre une équipe spécialisée pour gérer les chutes d’arbres lors d’une tempête. On enverra un bataillon robotisé qui saura traiter le problème, rouvrant rapidement les voies de circulation, réparant les réseaux électriques et téléphoniques, et offrant ainsi une efficacité et une sécurité inconnue jusqu’alors. Enfin, nous pourrons aussi reprendre en main nos solutions temporaires de stockage des déchets, lancer des usines automatisées de recyclage de nos monceaux d’horreurs, et ainsi assainir des décennies de gâchis consumériste.

La seule chose que je craigne, c’est qu’on délègue la sécurité et la guerre aux machines. Là, que se passera-t-il ? Une machine ne connaît ni le sentiment ni le remord. Une machine ignore la pitié, elle ignore tous les concepts qui font notre humanité. Alors, concepteurs de robots, faites en sorte qu’ils soient uniquement dédiés à notre service et notre confort.

Et un vœu pieu de plus à mettre dans ma liste…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Un petit mot pour vous dire que je trouyve votre article trés interressant.

Je suis le président d'une association de robotique se penchant, entre autre, sur l'impact des robotique dotés d'intelligences artificielles de type forte.

Il y a énormément de vrai dans ce que vous dites mais certains postulats de départ sont erronnés comme le fait qu'une machine sera incapable d'éprouver des sentiments. je ne parle pas de sentiments humains qui sont propre à notre biochimie mais les modèles montrent que ces machines éprouverons des émotions trés fortes qui seront aussi incompréhensibles pour nous que les notres pour elles. Mais ce sujet est complexe et je vous invite a lire mon interview, dans un premier temps, qui vous apportera peut être un éclaircissement sur certain point de débats : http://www.osereso.com/l-intelligence-artificielle.html

Enfin, si le coeur vous en dit, je vous invite a venir en débattre avec les "penseurs" de notre communauté sur notre forum à l'url : http://forum.caliban-web.com/ sachant que je pense que cette rubrique devrait particulièrement vous intérresser :
http://forum.caliban-web.com/college-reflexion/

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Merci pour ces informations!

Je suis flatté par ce commentaire, car il démontre plusieurs choses:
- Que je suis lu de manière assez large, et pas uniquement par une communauté de personnes me connaissant
- Que je peux avoir de "pas trop mauvaises" vues sur certains sujets.

Je m'empresse de lire et d'analyser vos deux liens, ils m'ouvriront, je pense, d'autres voies d'exploration et de compréhension du sujet.

Bill2 a dit…

Merci pour cette découverte !

Moi aussi j'ai toujours été passionné de robotique, et comme vous, je n'ai pas souhaité pousser mes études trop loin.
J'aurai pourtant adorer étudier la programmation des IA de toutes sortes.
Je viens de lire l'interview, riche d'enseignements. (Je suis sans doute encore trop influencé par la vision Asimovienne de l'avenir de la robotique ...)
Je vais aller jetter un oeil au forum, et mettre tout ça en favoris.