23 février 2010

Jeux d’hiver

Mais pourquoi diable notre râleur n’a-t-il pas encore réagi concernant les JO ? Pourquoi ne s’est-il pas fendu d’un mot dont il a le secret ? Peut-être tout simplement parce que je ne suis ni amateur de sports d’hiver, ni vraiment féru de retransmission télévisée de curling. Allez savoir si, par hasard, je n’aurais pas une forme de réticence face à l’effort physique chronométré…

Bon, je peux tout de même déclarer que j’admire les différentes performances, et qu’aucun des sports présentés n’est ridicule. Si je cite le curling, ce n’est pas pour le moquer, car, d’un point de vue purement technique, réussir à obtenir de la précision et de l’efficacité dans ce sport n’a rien d’une sinécure, donc, de fait, ce n’est pas la performance qui me dérange. Ce qui me gêne un peu plus, c’est ce chauvinisme de circonstance. En effet, je reste éminemment perplexe face à l’engouement temporaire pour ces sportifs, passion qui ne survivra guère après la fin des jeux. De fait, j’ai l’impression que ce n’est pas tant la qualité des réalisations qui est observée, mais essentiellement le fait de pouvoir défier les autres nations au petit jeu du « Qui aura la plus grosse moisson de médailles ». Le super G ? La descente ? Le bobsleigh ? Je n’y comprends pas grand-chose, comme d’ailleurs l’immense majorité des spectateurs qui couinent « allez la France » avec maillot et peintures de guerre de circonstance.

J’ai en horreur le chauvinisme, d’autant plus quand il s’agit du sport ! C’est quand même paradoxal que des sports « obscurs » deviennent médiatiques et intéressants au moment où ils apportent une médaille d’or ? Le biathlon, qui sait comment ça se concourt ? Agaçant pour le béotien que je suis, surtout quand on a le droit au flash essentiel à l’existence dans les médias relatant l’exploit « première victoire Française depuis xxx années ! ». Il ne manquerait plus que le son et le grésillement des années 30 pour que cela ressemble aux images de propagande durant la seconde guerre mondiale. Enfin bon, qu’importe, cela amène un sentiment de satisfaction à la population, alors pourquoi s’en priver ?

Notez un autre travers assez pénible pour les jeux olympiques. Autant on a revendiqué les scandales du dopage dans le vélo, autant là on tait tout ou presque. Alors, l’athlète sur skis n’est pas susceptible de se donner un bonus chimique ? Ou alors la blancheur immaculée des pentes garantirait-elle une moralité supérieure ? J’ai peine à croire que le milieu des JO soit épargné par de telles affaires. Laissez moi rire aux éclats ! Si argent il y a, si enjeu il y a, il y a forcément des tentatives plus ou moins grossières de frauder pour gagner les centièmes nécessaires à la victoire. C’est triste, dégradant pour l’esprit des jeux, mais très pragmatique et probablement pire que cela dans les faits.

Quand j’allume la télévision, j’observe ces jeux et me dis « Merde, c’est un sport de bourgeois ! ». Hé oui : ce n’est pas le smicard qui va accéder aux pistes, s’offrir les skis nécessaires, et encore moins payer sa semaine de détente sportive dans les stations réputées… A moins qu’il soit assez cinglé pour se ruiner et s’endetter pour toute une année ! Autant la course à pieds ne nécessite pas grand-chose, autant dévaler les pentes blanches impose de s’équiper en conséquence. Alors, le ski, populaire ? Certainement, mais parce que la France n’est pas encore un pays pauvre, et parce qu’on a envie de se faire plaisir. Ceci étant, ce n’est pas abordable, et organiser ces jeux olympiques a également un coût faramineux. Quoi qu’il en soit, j’estime donc être doublement exclu des JO : par mes finances, et par mon absence de passion pour les sports de glisse.

Et, dernier point, et non des moindres, c’est cette monumentale hypocrisie politique qui tourne autour des JO. Je ne réserve pas cette critique qu’à ceux de Vancouver, mais à tous les JO sans exception. Les organisateurs acceptent toutes les nations, ceci dans l’esprit où l’on dit « toute nation qui a des athlètes doit avoir sa chance, à égalité avec les autres ». Ah bon ? Cela impose donc de fermer les yeux sur les exactions de la Chine, d’oublier les crises mondiales, la répression policière, de rester muet concernant la déportation ou l’oppression de populations ? C’est moralement inacceptable ! Je suis de ceux qui estiment qu’on ne saurait organiser des jeux tant que d’un côté on tolèrera les dictatures, et que de l’autre les dites dictatures auront le droit d’être représentées. C’est de l’ordre du bon sens : on ne saurait dire que les muets (donc accord tacite) sont plus légitimes que les oppresseurs (qui reçoivent le dit accord tacite pour tout un tas de raisons).

PS : J’allais oublier, mais là, c’est mon côté emmerdeur qui se réveille. Je n’éprouve guère de passion pour certains de ces sports, les trouvant simplement… sans attrait ? La performance du patineur sur glace est splendide, mais, comment dire, je ne me sens pas touché par la « grâce » d’un type efféminé moulé dans une tenue à paillettes. Admettons que ça plaise, ça fera plaisir aux spectateurs, mais pas à moi. J’ai bien une idée : et si l’on se lançait dans un mélange des genres ? On lâcherait sur les pistes les despotes du monde, on leur laisserait une minute d’avance, ensuite on leur collerait des experts du tir aux fesses, de sorte à cumuler sport (ski de fond, alpin, tir…) et effet bénéfique sur l’humanité ! CA, ça serait du grand spectacle à applaudir à tout rompre. Ah, doux rêves…

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