23 novembre 2009

Le futur, en tout cas un futur

Je me demande souvent ce que penseront les archéologues qui se pencheront sur notre passé. Jusqu’à présent, les médias n’étant que de format papier, nous devions nous appuyer sur une lecture circonstanciée de l’histoire à travers des documents parfois douteux, souvent fragmentaires, en tout cas teintés par l’air du temps. Or, l’enregistrement de la voix et de l’image étant devenus des choses ordinaires, comment vont réagir les scientifiques dans un lointain futur ?

Il y a déjà de quoi douter des résultats et analyses de ces chers scientifiques. Loin de moi l’envie de remettre en doute leurs réflexions et analyses (vu que je suis encore plus incompétent qu’eux), c’est juste que tout est sujet à caution. Quand on sait que nombre de personnes parlèrent de « hiéroglyphes » concernant des graffitis (certes très anciens) à Rome, on ne peut que rester perplexe sur la fiabilité des raisonnements. Avec l’art et la manière de décortiquer scientifiquement l’histoire antique, il arrive très souvent que des théories soient révisées, voire même infirmées à la lumière des nouvelles découvertes. Dans ces conditions, imaginez un peu la réaction d’un archéologue mettant à jour notre présent, et se penchant sur nos outils, nos us et coutumes, ou encore nos déités. Si j’aborde également la réflexion sur la foi, c’est que, mine de rien, celles-ci sont aussi temporaires que nos civilisations. N’oublions pas par exemple que le Panthéon Grec n’a plus cours, pas plus que la multiplicité des divinités Incas. Tout au plus reste-t-il de ces différents passés quelques traditions orales, ou quelques danses au sens perdu dans les limbes du temps.

Alors, vous pensez bien qu’un magnétoscope, une vidéo amateur, ou encore un de ces gadgets numériques aussi inutiles qu’indispensables semblera incongru et même incompréhensible. A titre de comparaison, nous « comprenons » dorénavant la destination de tout un tas d’objets, sans réellement nous rendre compte de leur impact au quotidien : une amphore, une lampe à huile, ou encore une urne funéraire, tout ceci n’a pour ainsi dire plus de sens dans notre temps, alors qu’il s’agissait là d’objets tout à fait communs. Je vois bien le scénario… Une équipe creuse, met au jour un ordinateur antédiluvien, et passe des semaines à en décortiquer le fonctionnement plus que primitif. De là, les voilà entrés dans le système, scrutant de la musique du fond des âges (merci les mp3), des photographies d’une autre civilisation (merci le Jpeg), et plus encore des véhicules, lieux et vêtements qui ne ressemblent plus à quoi que ce soit de connu. Ce serait comique de les entendre rire en tombant sur des données de l’Internet d’aujourd’hui avec ses guerres, ses magouilles, son H1N1, ou encore ses rubriques qu’on ose qualifier « d’expression libre ». Qu’est-ce qu’ils vont se marrer ! Rétrogrades, arriérés, ou encore « Sans cervelle », ce sont des qualificatifs dont on nous affublerait sans difficulté je pense.

Et puis, dans l’hypothèse d’une telle situation, il est tout de même intéressant de constater que les civilisations dont je parlais précédemment sont toutes disparues. Leurs héritages respectifs existent, persistent, mais en tant que tel nul ne vit plus à la Romaine, pas plus qu’on honore de dieux dans des temples dédiés à Zeus ou bien Diane. Eh oui : l’archéologie travaille sur le disparu, et si un archéologue travaille un jour sur nous, ce sera donc sur des restes d’un monde qui n’est plus. Quels seraient les phénomènes provoquant une telle situation ? Pandémie amenant l’humanité au bord de l’extinction ? Nous la frôlons avec le SIDA par exemple. Guerre totale avec usage de l’atome ? Que de sueurs froides pendant la guerre du même nom. Phénomènes climatiques majeurs ? Nous craignons le réchauffement mondial, et les cataclysmes qui pourraient en découler. Dans ces conditions, notre civilisation que nous pensons si toute puissante est susceptible de disparaître en quelques instants.

Mine de rien, tout ceci m’amuse. Si un descendant lointain tombe un jour sur mes écrits, peut-être rira-t-il de ma maladresse, de mon manque de clairvoyance, ou pire encore trouvera le tout enfantin et sans intérêt. Après tout, j’écris en mon temps, avec mes maigres connaissances, en espérant qu’un peu de colère pourra amener un peu de meilleur dans un monde particulièrement imparfait. Ce futur, qui sait, pourrait être fait d’un bonheur universel, sans guerre, autant que par un monde totalement sclérosé dans des guerre sans fin, des batailles d’opinions et d’intérêts, tout comme en notre millénaire, et ceux qui nous ont précédés. Comme quoi : rien ne changerait tant que ça alors !

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