25 novembre 2009

Ce qu’il reste après le néant

Pour me rattraper du texte absent d'hier, en voici un second pour le plaisir de mes lecteurs...

Notre inconscience n’a d’égal que notre volonté à croire que nous pouvons tout maîtriser. Dans sa grande mansuétude, la nature nous octroie la compréhension de notre environnement, ce qui ne fait que nous inciter qu’à constater l’étendue de notre malheur (paraphrase de Pierre Desproges). Après tout, c’est en bout de piste que la mort nous attend, identique pour tous, éternelle et inamovible. Aujourd’hui, nous luttons contre elle à travers la science et ses progrès, alors que nous lui avons voué un culte permanent et dévot pendant des millénaires. D’où vient cette volonté de surpasser la nature ?

Une des plus grandes erreurs de l’homme est de tenter l’impossible. Il n’arrive pas à admettre que le dernier souffle est une étape finale, une condamnation dès la naissance. J’aime beaucoup l’analyse faite de Shakespeare concernant la naissance du futur roi au même moment où l’on creuse une tombe. La parabole est très juste : notre premier cri lance le décompte inéluctable vers la fin. Et on croit pouvoir y résister ? Quelle ironie ! Lutter, c’est de l’espoir, alors qu’il est vain et cruel de s’entêter. Je crois, en tout cas j’en suis convaincu, qu’il faut plutôt se tourner vers le concret du présent, de savoir regarder l’avenir en acceptant ce qu’on ne peut pas modifier ou toucher. La politique, les gens, les droits, les lois, tout peut changer, mais sûrement pas la Mort. Alors autant faire avec et ne pas se rendre malade au quotidien, non ?

Et pourtant, nous nous trompons de cible, et notre regard pointe vers une bataille déjà perdue dès notre naissance, alors qu’il serait tellement plus gratifiant et utile de progresser sur notre entourage. Lorsqu’un proche s’en va, nous ne pleurons pas son départ, nous sommes tristes pour nous-mêmes, pour le vide qu’il laisse dans nos vies, et non pour sa mort. L’éternité, les regrets, ce ne sont que des mots, des sentiments qu’on peut très bien accepter, avec du temps et de la patience. Quoi qu’il en soit, ce n’est que trop tard que nous apprenons à dire « je l’aimais malgré tout », alors qu’on n’avait pas la moindre once de dignité en repoussant toute trêve avec un proche encombrant. Nul être humain peut prétendre à la perfection morale, nul homme ne peut m’affirmer sans frémir de sa propre bêtise qu’il est « propre ». Nous faisons des erreurs, nous devons les assumer, et, ainsi, accepter ce que sont les autres. Regretter après un décès, c’est juste un sentiment égoïste, une remontrance faite à soi-même, la planche de salut de l’âme pour éviter de regarder en face ses propres errements.

Je me demande si nous savons vraiment ce qu’est vivre en société. Nos frustrations, nous les déversons sur notre entourage, et nous les poussons même jusqu’à la colère. Au lieu de courir après une vie plus longue, pourquoi ne pas courir après une vie meilleure ? Je suis ébahi et écoeuré à l’idée que les gens puissent abandonner leurs proches à l’hôpital ou en maison de retraite, j’ai des envies d’usage de la violence contre ces ordures qui se débarrassent littéralement de leurs parents quand l’âge les rend moins indépendants. Et quoi ? N’est-ce pas eux qui, quelques décennies auparavant, leur torchaient les fesses et géraient leurs larmes en pleine nuit ? On a parfois du mal à faire ce qu’il faut, la maladie, la fatigue, cela peut nécessiter des services impossibles à obtenir à domicile… Mais de là ne même pas daigner faire une visite régulière à ses propres géniteurs, il y a tout de même une foutue marche ! Et les excuses fusent : « Tu comprends, je suis en appartement », ou l’inusable « Je n’ai pas le temps ». Nombre de proches qu’on est supposé aimer ne sont ni diminués intellectuellement, ni même impotents au point de ne plus savoir quoi faire d’eux-mêmes. Alors tout ceci… Aux oubliettes !

Et on se plaint, et l’on geint pour des broutilles, alors qu’il serait tellement plus utile d’accepter la vie telle qu’elle vient ! Certains ont tout, et pensent ne rien avoir, d’autres vont jusqu’à se rompre le cou, sous prétexte que la « vie est dégueulasse ». Celui qui a un toit sur la tête, des gens aimants, n’ont pas le droit d’aller jusque là. Ils doivent comprendre ce qu’est le monde, ce qu’ils sont, c'est-à-dire un rouage dans une machinerie complexe et étrange que l’on nomme société. Par lâcheté et égoïsme, ils se disent « Tout est pourri »… Eux en premier finalement. Ai-je peur de tout perdre ? Tout ? S’il s’agit des gens que j’aime, oui j’ai peur de les perdre, tous, sans exception, sans fard. S’il s’agit de mes possessions terrestres ? Je ne serai pas enterré avec ma bagnole ou ma télévision que je sache… Si le destin décide de m’enlever mes richesses si temporaires, qu’il le fasse. S’il compte m’ôter ce que j’aime pardessus tout, ces gens, cette famille, ces proches, alors qu’il s’attende à une lutte sans merci.

Vivez, vivez honnêtement, car demain ne s’écrit pas toujours avec l’encre de votre plume. Parfois, c’est une main inconnue, un bouton appuyé par erreur, ou encore un évènement du destin qui vient tout bouleverser. Si vous aimez, dites le sans hésitation ni honte. Il n’est pas honteux d’aimer, il est honteux de ne pas avoir le courage de le dire…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Des fois , tu espères jusqu'au bout celui que tu aimes ,alors tu réagit violemment quand la mort arrive .Jamais tu l'as envisagé, .... la haine Pourquoi ? .avant d'accepter... Pleurer est humain.
Perdre l'amour ...
ça marque à vie ...


corrine