12 octobre 2009

Esclavage moderne

Il a souvent été dit tout et n’importe quoi sur l’esclavage, notamment une chose essentielle : bien que nombre de personnes soient convaincues du contraire, il existe toujours de par le monde, et ce même dans nos sociétés modernes. Hélas oui : l’esclavage, bien qu’interdit, est encore une source inépuisable de main d’œuvre avilie et peu chère (voire gratuite), et ce sous notre nez à tous. Notre bonne conscience, et surtout notre capacité à croire que, parce que nous sommes salariés ou entrepreneurs, ce genre de traitement inhumain n’existe pas en France est malheureusement efficace pour occulter bien des situations honteuses et indignes.

L’esclave, ce n’est pas nécessairement celui qui est attaché à un poteau, ou celui qui ramasse des années durant du coton dans des champs. Aujourd’hui, la canne à sucre est remplacée par des machines à coudre, des usines où de petites mains sont indispensables pour que nous, clients riches des nations émergentes, puissions avoir des produits manufacturés à bas prix. La vérité est une équation toute simple : vu que le coût de la matière première est mondialisé, il est donc uniforme partout. Alors, pour réduire le prix de revient, la solution la plus radicale et la plus simple est de pressurer les coûts de main d’œuvre, donc les ouvriers. C’est le bonheur des multinationales qui se moquent ouvertement du droit des enfants, de l’esclavage à la machine, et où la notion d’humanité est tout juste traitée à la même hauteur que la notion de respect pour un engrenage de l’usine.

La lucidité voudrait que l’on comprenne que nos chaussures à quelques Euros, nos vêtements à peine plus chers, ou ces bidules électroniques vendus à prix d’or mais ne contenant pratiquement rien proviennent toujours de ces mêmes pays. Pourquoi ? Parce que là-bas nul ne conteste qu’un gosse de 12 ans est un excellent ouvrier, qu’une mère doit, pour survivre, cumuler deux voire trois emplois, et que les usines ont tout pouvoir sur les communautés présentes autour. Plus d’usine ? Cela revient alors à condamner à mort des milliers de personnes. Alors on exploite, on avilit, on emprisonne même ceux qui sont réfractaires au travail obligatoire.

Il a été constaté de par le monde que nombre de grandes firmes disposent à leur guise des populations locales. De peur de perdre cette manne d’emplois, les autorités ferment les yeux sur des exactions comme l’absence de sécurité, les horaires déments, ainsi que sur des salaires scandaleux. N’est-ce pas là de l’esclavage ? La machine dicte la vie, elle donne la pitance et se moque de votre survie si vous n’êtes plus capable de produire. Derrière les logos Made In China, ou Made in France peuvent se cacher des broyeurs à vies humaines ! En France ? Vous ne le croyez pas possible ? Chaque année, des dizaines d’ateliers clandestins sont fermés, et les immigrants clandestins employés dedans renvoyés chez eux… Si chez eux il y a. Le procédé de ces monstres est terriblement simple : faites payer le voyage à des gens désespérés, puis saisissez leurs documents que vous négocierez contre un travail. La durée de cette « tâche » sera variable, mais globalement affreusement lucrative. Quelques mois de boulot et la personne sera alors libérée, mais toujours aussi clandestine sur le territoire Français. Et tout cela, sous notre nez.

Les conditions de vie de l’esclave moderne sont encore plus effroyables que de par le passé. Maltraitance, malnutrition, collusion des services de Police quand ils sont tenus au silence de par le statut de diplomate des bourreaux, le système leur offre un pouvoir sans précédent. Ils peuvent, dans une démocratie, créer de véritables centres où la torture et la barbarie règnent. Nombre de diplomates furent accusés de maltraitance contre leur personnel de maison, mais, à cette heure, très rares furent ceux sanctionnés ou même simplement rapatriés dans leur nation. Que penser de cela ? L’abolition de l’esclavage n’est pas récente, plusieurs générations sont passées depuis l’instauration d’un droit de l’Homme, or nous continuons à nous gaver, nous, peuples riches, sur le dos de ces esclaves attachés non plus à la terre mais aux usines.

S’il fallait croire en une utopie, ou une bonne raison de faire une révolution, ce gamin de 10 ans, mineur au Venezuela serait à mon sens un symbole suffisant. On a également créé l’horreur « grâce » à l’Europe et à la mondialisation : d’un côté des filières pour l’esclavage sexuel de femmes immigrées à travers la prostitution et la drogue, et de l’autre le tourisme sexuel amenant des gens à se rendre dans un pays pour s’offrir des « plaisirs » interdits. Barbarie que de fermer les yeux, honte aux nations riches de ne pas sanctionner avec sévérité ses ressortissants. J’ai honte de me dire que nous cautionnons tant par notre consumérisme que par notre silence de telles horreurs. Espérons que nous saurons faire disparaître, un jour, ces comportements intolérables. Peut-être que la peur du poteau ou de la potence…

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