20 juillet 2009

La phrase du siècle ?

Aujourd’hui, 20 Juillet 2009, nous pouvons fêter les 40 ans des premiers pas de l’homme sur la lune. A ce jour, nous sommes encore à rêver de telles missions, et le fantasme d’une base lunaire reste bien au fond des cartons des grands de ce monde. A l’époque, nombre de personnes se prirent à rêver d’une vie permanente sur l’astre colonisé, et à un réseau de navettes dédiés aux transferts depuis le caillou vers la planète bleue. Fantasme, rêve, illusions, désillusions surtout, la lune est tout de même le premier corps céleste que l’homme a pu aborder physiquement en dehors de notre terre ! L’exploit en soi est donc à maintenir dans les mémoires, et à célébrer comme il se doit.

Si l’on excepte la raison fondamentale de ce geste, l’idée même que la lune fut un jour foulée par des hommes demeure un évènement essentiel du siècle précédent. Ceci dit, pour moi, savoir le pourquoi d’une telle opération est aussi indispensable que d’en admirer la réussite. En 1961, le président Kennedy lança un défi gigantesque à sa nation : mettre des hommes sur la lune d’ici la fin de la décennie. Le discours fut donc triple : défier l’espace, progresser technologiquement pour y parvenir, et surtout défier les soviétiques en leur adressant un message fort. L’exploration spatiale est aujourd’hui nommée « La course aux étoiles ». Pour nous, génération vivant hors de l’époque de la guerre froide, cette course semble plus tenir d’une aventure que d’un véritable enjeu politique et stratégique, et pourtant… Pourtant la réalité était tout autre : si vous pouvez envoyer quelqu’un sur la lune, envoyer un missile par delà les mers n’est plus qu’une formalité. Ainsi, cette course à l’espace est, à elle seule, un symptôme de la guerre est ouest. D’ailleurs, les soviétiques aussi tentèrent de parvenir à la lune, mais des ennuis techniques, ainsi que la réussite des américains mirent un terme au projet. Personnellement, j’aurais trouvé très ironique que le drapeau rouge soit planté, lui aussi, quelque part sur la lune. Au moins, les nostalgiques de l’ère communiste aurait pu regarder le ciel en soupirant !

Force est de constater que l’impact idéologique est énorme : tout le monde a vu ou verra une photo ou une vidéo de l’évènement. D’ampleur planétaire, il n’existe pas (Corée du Nord excepté) de nation où les premiers pas de l’homme sur la lune ne soit pas connu. Je suis fermement convaincu que Armstrong et Aldrin furent au moins aussi forts comme impact idéologique, que toutes les autres propagandes Américaines réunies. « Les USA sont sur la lune ? Cela veut donc dire qu’ils sont les plus forts ! » Avec notre recul, nous ne mesurons que très difficilement à quel point les missions Apollo furent motrices de notre quotidien. Sans la mission sur la lune, l’idée même des vols habités serait aujourd’hui bien moins admise qu’elle l’est réellement. D’une certaine manière, nos satellites, les missions de réparation (voir la correction de la « vue » de Hubble en orbite), ou encore les bases habitées seraient restées dans des cartons, ou au mieux envisagés plus que mis en œuvre. Difficile d’imaginer le monde sans les GPS, la téléphonie actuelle, la télévision par satellite !

L’Histoire retient aujourd’hui la beauté du geste, l’esthétique des clichés et vidéo, et surtout la phrase « C’est un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité ». C’est une grande vérité : nous faisons progresser le monde par des évènements qui restent dans les mémoires, mais souvent ils sont le fruit d’actes individuels, ou du moins d’anonymes participant à la même action. Apollo, c’est 400.000 personnes entre les ingénieurs, les astronautes, mais également les ouvriers et les sous-traitants. Imaginez cette foule réunie pour célébrer leur réussite ! Retenons également le coût humain des missions échouées, des accidents plus ou moins graves, des heures de doute où chacun pensait que cela ne fonctionnerait pas. Apollo XIII, symbole de la réussite échouée, c'est-à-dire une mission échouée, mais réussissant à ramener l’équipage sain et sauf, c’est ça aussi, la course à la lune…

Maintenant, il s’avère qu’un américain sur cinq est convaincu que tout est faux, et que c’est le gouvernement qui a créé ces images à des fins de propagande. Fort bien, admettons, mais après tout, Apollo a fait rêver des générations de gamins avides d’aventures, a créé un mouvement mondial de liesse (URSS excepté je suppose), et a offert un nouveau regard sur la terre. S’il est important que la vérité soit connue, il est tout aussi important de convenir que, de toute façon, des sceptiques trouveront toujours quelque chose à redire ! Personnellement, je crois surtout que si c’est un bidonnage, c’est sûrement la plus grande opération d’intoxication de l’opinion de l’histoire de l’humanité. De plus, si c’est faux, c’est aussi un véritable camouflet pour notre foi en nos technologies. Dites vous bien que si le 20 Juillet 1969 est faux, alors nos certitudes dans les grands évènements ne peuvent être que douteuses. Dans ces conditions, il est « normal » que le secret demeure à jamais tant l’impact serait désastreux.

Je me moque de savoir si le tout fut tourné en studio en fait, ce qui compte à mes yeux c’est qu’il y a un rêve qui devint réalité, et qu’aujourd’hui encore une telle mission reste très difficile à réaliser. Le tourisme lunaire n’est pas pour demain, je ne verrai sûrement jamais de mon vivant une base habitée, et qui sait quand le monde reprendra des initiatives aussi osées. A vous les astronautes de l’impossible, je vous dis merci pour cette part de rêve que vous nous avez offerts.

1 commentaire:

Voluta a dit…

"Never was so much owed by so many to so few."
Sans doute à peine moins connue, cette phrase héritière d'un Henry V shakespearien m'émeut toujours par sa justesse et son impact.