30 juillet 2009

Erreur colossale

Qu’honneurs et décorations soient donnés à ces héros quotidiens, ces gens qui, anonymes, agissent pour le bien de la communauté. Vous les côtoyez sans les voir, vous entendez parler d’eux sans pour autant les connaître. Hé oui, ce sont des fantômes, des gens qui agissent sans l’ombre pour que notre société avance. Ils sont là. Nous comptons sur eux… Ce sont…

Rhaaaaa ! Je me suis trompé de bande son d’accueil dans mon cinéma intérieur ! C’est quand même pénible de subir ainsi ses propres constructions mentales. J’étais déjà en train d’échafauder une note sur l’héroïsme ordinaire de nombre de personne, quand mon regard s’est posé sur ces gens justement ordinaire. Bordel, quel choc ! Moi qui pensais leur dresser un autel garni d’offrandes, je sens que je vais remballer marteau et burin pour surtout ne pas leur tailler une statue glorificatrice. Les gens sont des sagouins, la majorité ignore tout du courage, et quand ils sont confrontés aux situations de crise, ils pratiquent la méthode lemming. Qu’est-ce qu’un lemming ? Un sympathique animal qui, de temps en temps, se met à migrer sans qu’on sache pourquoi, et qui tente de traverser des rivières et même des mers…

… Sans savoir nager.

Comme je le disais plus haut, j’allais me fourvoyer en vains compliments pour les rares courageux et déterminés qui considèrent leurs actions comme utiles, quant bien même sont-elles désintéressées et sans retour. Il suffit d’observer les rues et avenues pour s’en convaincre ! Un père courageux qui s’occupe de son enfant ? Ah, donc l’abruti de base qui laisse son chiard brailler dans un centre commercial, celui qui lui cogne une torgnole pour tout et n’importe quoi, ou encore celui qui se croit viril en poussant une gueulante à tout bout de champ… Que j’aime ces caricatures de parents qui, sous couvert d’éducation, se font plus bourreaux qu’éducateurs ! Et puis, pourquoi faire des gosses si l’objectif est d’en faire des souffres douleurs ?

Je caricature ? J’exagère ? L’anonymat prévaut énormément dans la brutalité ordinaire. Nous, tous autant que nous sommes, avons sous les yeux le naufrage systématique de notre conscience collective, et ceci au profit de l’individualisme forcené. Ah, ce sont vos voisins avec le petit dernier. Vous connaissez le prénom du gosse, vous ? Avez-vous déjà dépanné en sucre ou en café la voisine du dessus ? Nombre de personnes revendiquent d’habiter dans un « village urbain ». La bonne blague ! Ce n’est pas une fête annuelle des immeubles qui va tisser des liens sociaux entre des gens qui se contrefoutent les uns des autres ! Touchez vous le nombril, c’est sûrement la meilleure manière de vous rassurer de votre inutilité ! C’en est caricatural : chaque jour, des centaines de personnes sont roulées dans la farine par des escrocs leur promettant monts et merveilles, alors qu’elles se refusent à donner un sou à qui que ce soit. L’égoïsme est flagrant dans les deux cas, car à chaque fois c’est sur la cupidité que se basent ces montages fumeux ! Et nous serions donc des gens généreux ?

Certains iront me faire remarquer que nombre de professions nécessitent une forme d’abnégation, d’autant plus si la fonction a un aspect social. Fort bien : alors pourquoi nombre de métiers de la fonction publique sont aujourd’hui des postes « pour se planquer » ? La sécurité de l’emploi prime bien sur les convictions, non ? Et puis le gauchiste convaincu de pouvoir refaire le monde, pourquoi accepte-t-il alors de rentrer dans le rang et de bosser comme chaque mouton que nous sommes ? Par dépit, ou par lucidité ? Cessons un peu d’être des prétentieux, des auto-satisfaits de la conscience ! Nous sommes tous avides, cupides, égocentriques, et nos envies dépassent souvent nos possibilités. Est-ce de l’ambition ? Plutôt de la gourmandise finalement…

Alors, empiffrons nous, tant que la terre pourra nous nourrir !

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