04 juin 2009

A trop s’interroger…

Ah, ce besoin maladif de tout savoir ! Nous en sommes tous là, à nous reluquer la couenne dans le miroir en soupirant, nous demandant si la foudre ou l’atome aura raison de notre chère carcasse enrobée de tissus adipeux. En tout état de cause, la chasse à l’âge est de rigueur : entre les cosmétiques supposées vous plâtrer les ridules, et la chirurgie prévue pour tendre la trogne comme de la peau de tambour, nous autres humains sommes devenus les pourfendeurs des dégâts du temps. Après tout, si cela crée des emplois dans les cosmétiques et fait vivre des cafards, pardon avocats se nourrissant sur les cadavres des échecs du scalpel, je n’y verrais aucun inconvénient, mais tout de même, en quoi est-ce si mal de vieillir ?

La beauté est subjective, et ce n’est pas certains acteurs qui me contrediront. Sean Connery semble, malgré son âge canonique, toujours autant séduire ces dames, et certaines actrices restent belles et ce en contradiction avec bien des idées préconçues sur les femmes. Alors quoi, être vieux c’est être ringard ? Les cheveux blancs, la mine qui se burine avec le temps, ça craint ? Bon les jeunots braillards et avides de SMS, foutez moi le camp, je cause avec des grands là ! Revenons à nos moutons, pardon consommateurs : il faut rester jeune tant en apparence qu’en idées. La course au jeunisme est là, latente, et c’en est même spectaculaire dans les grandes villes. Admettez que croiser une grand-mère affublée d’un lecteur mp3 qui s’avère être un Iphone, ça ne manque pas de piquant ! Franchement, pourquoi devoir absolument se coller dans la mouvance, ceci en sachant pertinemment que ces petits ingrats feront tout pour déloger les « vieux » de leur milieu. C’est éternel ça : les jeunes qui boutent les vieux hors de leur territoire… à méditer je pense.

Que l’on soit amusé ou non par l’idée d’éternelle jeunesse, j’aime à me payer la fiole de ces quadra / quinquagénaires qui se veulent encore fillette. Désirez vous en admirer quelques spécimens ? Prenez un centre commercial quelconque, et identifiez dedans une boutique dédiée aux jeunes filles (vous savez bien, ces boutiques de fripes hors de prix qui taillent si mini qu’une adolescente normale semble démesurément grande face leur XL supposé). Plantez vous à proximité, et là, bonne rigolade en vue : maman qui accompagne la fille, ou bien l’inverse ? Un peu de sens de l’observation ne nuit pas, mais, je vous rassure, la mère tente donc de se fournir au même endroit que sa progéniture… Y aurait pas comme un souci là ? En tout cas, j’en rigole encore et plus quand je croise la version masculine du phénomène. Un quinquagénaire en baggy…. Fou rire assuré !

On a totalement biaisé l’image du corps, de la perfection, et surtout détérioré notre relation avec. Lifting, gammes cosmétiques tant étendues que l’on croirait utile de se tartiner le blase toutes les deux heures avec un produit différent, images de mode, campagnes publicitaires, cinéma… En gros, tout est fait pour que nous soyons des clones de vedettes qui, en général, ont autrement plus de temps que le blaireau moyen pour s’occuper de leur image. Le salarié moyen a-t-il dix heures à consacrer par jour à la musculation et à la méditation ? Madame, mère de famille et elle aussi salariée, a-t-elle le temps et les moyens de se coller deux plombes par jour chez l’esthéticienne ? Cassons donc cette image qui dit que la gonzesse se doit d’être taillée comme une planche de surf, maquillée comme un as de pique et sapée comme une poubelle Ikea. La Femme, comme l’Homme, devrait redevenir propriétaire de son corps, et non pas support publicitaire pour un roi du produit chimique en vrac.

Et après tout, arrivé à l’âge où rien ne saurait plus faire fléchir le temps, n’a-t-on pas l’air cons à avoir vainement luttés contre lui, ce Lui qui passe, inlassablement, et qui depuis le berceau s’acharne à nous faire blanchir la tignasse, flétrir la paillasse, pour enfin ronger notre carcasse ? Tu as gagné, temps fuyant : je laisse mes cheveux blancs gagner, et puis… ça me fait marrer que l’on me vieillisse. Le jour des enterrements des autres, je peux dire : je suis plus vieux mais encore en vie, tas de parasites !

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Ne va pas à l'enterrement des autres, ils ne viendront pas au tien...