15 avril 2009

Je hais les charlatans

Je sais que par cette ouverture je vais me faire une quantité d’inimitiés garanties sur une douzaine de générations (si j’ai un jour l’occasion / la malchance / la veine - rayez les mentions inutiles – de me reproduire), et qu’au surplus je vais sûrement être sujet à critiques des plus acerbes. Oui en effet, je voue une haine farouche au corps médical, plus encore, je ne lui reconnais pas le droit de tripoter mes abats sous prétexte de vérifier si « la machine fonctionne correctement » ! Non mais ! Ai-je l’air d’être un de ces rats de laboratoire sur lequel on irait tester le dernier traitement d’un laboratoire anonyme ? Non ! Hors de question d’ingurgiter n’importe quoi en se disant « il connaît son boulot... ça devrait aller ».

Et puis quoi ? C’est vrai, quand on y songe un instant : vous pouvez confier votre vie à un inconnu en blouse blanche qui, camouflé derrière des « hmm » de circonstance lors du diagnostic vous refilera des pilules, vous fera subir le supplice de la piqûre ou, pire encore, du scalpel, le tout avec votre consentement ! On doit avoir un fond de naïveté nous autres, les béotiens en médecine. On vous dit que ça peut (et non pas va, ce qui est une sacrée nuance) vous guérir, en omettant, tant que faire se peut, les effets secondaires de ces damnés cachets bleus... Et nous voilà les applaudissant presque, remerciant leur sagesse en agissant tels des automates à heures fixes, en faisant descendre dans votre organisme malade des choses chimiques inconnues au bataillon. Quelle pitié ! Et dire que nous avons par ailleurs le culot de traiter avec condescendance les rebouteux et les acuponcteurs...

Avez-vous déjà essayé de lire à haute voix la composition d’un médicament ? Le simple fait d’articuler les noms des molécules présentes dans ces machins là mériteraient de servir, en vrac, à la formation des présentateurs télé, à l’amélioration de la linguistique des jeunes de banlieue, et, pourquoi pas, offrir une perspective d’avenir aux politiciens rois de la langue de bois mal dégrossie. Phénol chose bidule... Moi qui vous écris, je n’ai jamais eu le loisir d’apprécier la chimie à sa juste valeur, donc de fait l’obscurantisme de ces notices a le mérite de me rebuter d’autant plus. Et puis, franchement, une fois les boîtes acquises à la pharmacie, ne maudissez-vous pas le praticien en voyant la quantité à ingérer chaque jour ? On me les brise avec la cigarette que je sais nocive ... bla bla bla... Et le français moyen, le crétin avili par les somnifères et autres anxiolytiques, il ne se la bousille pas, sa santé, peut-être ?

C’est dingue, la médecine est le domaine le plus étrange qui soit. Quand, par obligation physique, vous allez au bout de la démarche et prenez rendez-vous, immanquablement votre entourage, malsain et curieux, vous dira « Ben quoi, ça ne va pas ? ». Hé ! Si je vais voir un toubib, ce n’est pas pour une visite de courtoisie ! On ne va pas chez le garagiste pour lui dire « Alors, comment elles vont ces bielles ? ». Absurde. Et puis le supplice ne fait que commencer. Je me demande parfois si certaines publications hebdomadaires ne font pas leur beurre avec les officines médicales. Toutes les salles d’attente se ressemblent : étriquées, manquant de chaises, et avec au centre un tas de magazines aussi périmés que s’adressant à une cible terriblement étroite. « Elle », « Femme actuelle »... Ben merde alors, il ne voit jamais de mec ce charlatan ou quoi !? A quand les magazines sur l’informatique ou les jeux vidéo ? Plaisanterie mise à part, on peut même trouver trace des obédiences religieuses et/ou politiques de nos chers praticiens en observant le tas de paperasse : « La croix », « Le figaro Madame » (pas magazine, faut pas déconner non plus).

Et puis là, le drame. Vous vous savez en petite forme, vous allez le voir parce que bon, l’automédication ça va cinq minutes... et puis enfin vous lui serrez la main. Poliment, vous acquiescez, vous confiez vos écarts alimentaires, de boisson et de nicotine, il vous écoute, stoïque tel un sphinx, et puis finalement, avec une familiarité déplacée vous dit : « Ho ! Hé ben... c’est pas si dramatique ! Juste un gros rhume des familles. Alors voilà, on se couvre bien, on se repose, une camomille et au pire une aspirine pour le mal de crâne ». LE CON ! Il s’est mué en chantre de la médecine douce ou quoi ? Font suer ces gens qui bousillent mes clichés mentaux...

A mort les charlatans quand même !

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