05 janvier 2009

Nouvel an cynique!

Ah, le nouvel an, ce moment où l’on se rend compte que chacun vieillit, moment où l’accolade hypocrite s’avère la seule arme autorisée, et puis cet instant de grâce où la pendule vous déclare de tout son aplomb mécanique « Ca y est, encore une année de tirée ! ». Je dois admettre que me plier à cette culture du passage ne me met guère en joie, toutefois je concède en revanche apprécier la compagnie de quelques cyniques comme moi qui, désabusés, se laissent légèrement griser à la vodka et s’adonnent alors à la moquerie du dit rituel. Après tout, quitte à faire comme les autres autant se moquer se soi, non ?

Bien sûr que la nouvelle année ne s’annonce guère clémente : crise financière qui n’en finit plus, chiffres divers et variés faits pour que tout consommateur soit plongé dans la morosité, guerres ethniques incessantes, bref encore un beau bilan à présenter en fin 2009. A mon sens pourtant je crois que chaque année ne diffère pas tant que cela de la précédente tant les situations semblent être taillées dans le marbre. L’Afrique reste encore affamée et sous la trique de quelques dictateurs, l’Europe croit encore en un avenir qu’elle n’a plus depuis l’avènement de l’Asie, et l’Asie espère concrétiser ses rêves de grandeur, rêves en devenir depuis Mao. J’en entends qui se plaignent du raisonnement en estimant que, d’une part le monde a bien changé de par la chute du communisme soviétique et d’autre part l’émergence de l’islamisme ce à quoi je vais méchamment répondre : « Erreur ! ». Le monde n’a pas changé, on ne fait que changer d’ennemi, pas de situation. En effet, avant l’islam il y a eu les terroristes de l’intérieur (Baader Meinhof, action directe...), encore avant eux les résurgences de groupes néo nazis prêts à tout, et l’on pourrait remonter ainsi jusqu’aux origines du monde. La civilisation quelque soit celle-ci a toujours engendré de la résistance, de la contradiction et donc potentiellement des actions armées. De cette conclusion l’on peut donc affirmer sans trop se tromper que le monde bouge, mais à un rythme si lent que c’en est imperceptible.

Certains s’offusquent encore en déclamant les miracles de la science ou bien l’avènement d’une Femme enfin « l’égale » de l’homme. Tiens donc, la science, en dehors de créer de nouvelles façons de tuer ou bien de détruire l’environnement, a-t-elle été si bénéfique ? L’informatique isole de plus en plus les gens, la télévision abrutit, la médecine préserve certes la vie mais prolonge aussi le martyr des morts en attente, alors où est donc ce fameux progrès ? La situation de la femme ? C’est, j’en conviens, un véritable bond en avant que de leur avoir donné le droit de vote ou d’avortement mais est-ce réellement l’égalité ? Une femme est encore rémunérée différemment d’un homme à poste et compétences égales, une femme est encore traitée en inférieure par bien des hommes et qui plus est on traite de manière peu élégante celles qui osent faire de la politique, surtout si c’est avant la ménopause. Nos mœurs sont encore barbares avec des rôles qui tardent réellement à progresser sur ce point, d’autant que les progrès d’un côté nous donnent de véritables harpies féministes pour qui enfanter relève de l’insulte à leur corps (sic). Alors des progrès ? Ca se traîne !

Nous trouvons le moyen de régresser même, c’est assez impressionnant quand on songe à la situation de « modernité » que nous revendiquons. De la famine alors que nous jetons de quoi nourrir le monde, des morts de froid alors que nous avons les moyens matériels et humains pour mieux faire, des guerres qui n’ont plus de sens mais que l’on alimente pour enrichir quelques oligarchies financières, c’est franchement digne du moyen âge plus que de notre siècle. Je sais, on va me dire qu’il y a des réfractaires, des gens qui refusent la main tendue voire pire encore qui estiment notre monde comme condamné donc comme inutile à préserver. Raisonnement égocentrique symptomatique d’une société qui se fout de son voisin plus encore que du sort d’un canidé abandonné. Où sommes nous arrivés aujourd’hui ? A l’irrespect de la condition d’Homme en ce monde et à l’idolâtrie de l’argent. Je me demande jusqu’à quel point nous oserons sacrifier notre existence pour le profit...

Et puis finalement j’embrasse quand même l’autre qui me tend la joue, j’éclate de rire à la pensée ironique qui me taraude les neurones : « Pauvre pomme, toi aussi tu auras des métastases ».

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