02 septembre 2008

Populaire

Qu’il serait bon de se sentir populaire pour de bonnes raisons parfois ! C’est un sentiment tout de même assez flatteur que de se savoir aimé pour une qualité quelconque comme une voix agréable ou un intellect suffisamment développé pour ne pas sembler être une amibe. Pour ma part j’en suis encore à la phase « ne t’inquiète pas tu ne le seras jamais ! ». Et oui, devoir reconnaître que mon tempérament de râleur et mes envolées lyriques teintées de cynisme n’apportent guère que quelques illuminés dans mon escarcelle de fans inconditionnels.

La cohue des stades, le piaffement de la foule impatiente prête à tout casser si vous n’apparaissez pas, c’est une exaltante sensation de pouvoir qui enivrerait le plus blasé des politiciens. Que l’on n’aille pas me faire croire qu’un meeting a pour but d’engourdir le bétail électoral, cette épreuve physique permet aussi et surtout de flatter l’ego de celui qui monte sur scène. Il est d’ailleurs prouvé que les grands maniaques de cette méthode de communion avec le petit peuple faisaient en sorte de préparer avec minutie leur spectacle au point d’en faire une véritable chorégraphie. Nombre de personnes prétendaient qu’il y avait de l’embrasement dans les gestes saccadés des dictateurs… et non ! C’était avant toute chose de la comédie ayant pour résultat de faire croire que le dit dictateur était comme épris de la cause qu’il prétendait défendre, alors qu’il est de notoriété publique qu’un dictateur n’est amoureux que du pouvoir qu’il a entre ses mains. De fait, n’étant ni populaire ni dictateur, difficile pour moi de vous dire si je suis capable ou non de supporter le contact avec des milliers d’yeux avides, d’oreilles prêtes à s’abreuver de mes propos quant bien même seraient-ils insensés.

Si l’on a bâti des arènes, des théâtres antiques ou de très grandes places, c’est avant toute chose pour se mettre en scène. C’est la faculté à s’exhiber qui offre la meilleure chance de succès et les élections passées ne nous détromperont pas sur ce fait. Celui qui sait utiliser les médias sait exploiter la foule, cet adage ne se démentira sûrement pas, à moins d’envisager l’usage de la force, mais là n’est pas mon propos. Ce qui m’intéresse c’est que plus le dictateur se met sur des affiches plus la foule en fera une idole, plus il taille son image dans un cadre sobre plus on le croira proche et enfin plus il se prétendra paternaliste plus la foule lui accordera tout pouvoir jusqu’au cœur du cercle familial. N’a-t-on pas vu des milliers de salons décorés du portrait du tyran ? Cela semble choquant aujourd’hui mais hier encore c’était une chose tout à fait ordinaire et commune à bien des nations. On peut même pousser le vice jusqu’à créer des chansons à la gloire de celui qui par la suite deviendra inévitablement l’ennemi de la nation, le monstre qui a jeté son pays dans la guerre et les massacres intérieurs. De ce fait je crois que me contenter de la simple popularité grâce à mes écrits saurait me contenter… Quoique…

Bref, c’est souvent inavouable que d’aimer sa propre image, de revendiquer un onanisme intellectuel face au reflet glacial d’un miroir assassin et pourtant qui saurait refuser les compliments et les inévitables flatteries d’un statut de personnage reconnu ? Nul n’est à l’abri d’une telle existence, d’autant plus que la médiatisation à outrance permet à l’obsédé, le frustré, le malsain, le voyeur, le sportif en herbe d’exprimer son « talent » face à des caméras et même, suprême réussite, de devenir une vedette d’un soir. N’est-ce pas le concept de la téléréalité ? Mettez une bande de demeurés dans un appartement et jetez en la clé. Une fois le tout filmé sous toutes les coutures vous aurez des névrosés, des paranoïaques, quelques scènes osées et surtout des gens atteints d’un terrifiant complexe de supériorité. Admettez tout de même que dire que Loana fut une vedette populaire il y a de quoi frémir, non ? N’attendez de moi aucune charité ou pitié pour ces pantins montrant leurs miches et mettant leurs couples en péril pour quelques sous et surtout le plaisir inégalable de la notoriété. Ah ça, avoir sa gueule en première de couverture d’un torchon supposé être journalistique, c’est autrement plus excitant que de se voir publié en dernière page dans l’encart courrier des lecteurs d’un journal régional… Finalement je suis bien en tant qu’anonyme vu ce qu’on met aujourd’hui en avant : question physique aucune chance et je ne suis pas assez lisse de l’âme pour que la pellicule daigne se saisir de moi ! Alléluia mes frères, je suis un illustre inconnu !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La peau pue l'air... Autre jeu de maux?