01 juillet 2008

Tremblez !

Dit-il en brandissant sa pancarte arborant un slogan parlant de fin du monde, de cataclysme et de destruction de Sodome et Gomorrhe… Ah les prédicateurs de tous poils, ils sont comme les puces sur le dos d’un chien car plus on fait tout pour s’en débarrasser plus il y a de chances d’en trouver en quantité. Depuis l’antiquité ce rôle d’inquiet menaçant est toujours apparu comme nécessaire aux civilisations, pour finir aujourd’hui en rôle de l’idiot du village qui braille en vain ses menaces sur la société en décomposition. C’est une constante chez les énervés du prêche : la civilisation dans laquelle il vit est systématiquement corrompue, toujours source de mal-être social et pardessus le marché pervertie par tout un tas de facteurs incontrôlables comme le sexe, l’argent et la drogue. Pour ma part ces gens là m’amusent car ils ont le don non d’alerter sur de grandes vérités mais au contraire de décrédibiliser tous les combats menés contre les déviances du monde où ils vivent.

Comme par nature les hommes sont superstitieux, on peut se rappeler de ce « couturier » devin (non je ne me suis pas trompé de mot à mettre entres les guillemets…) qui a craint la fin du monde pour l’an 2000. Vision d’horreur : la chute de la station MIR ou bien un bombardement de météorites (je ne sais plus vraiment), mais en tout cas une triste fin violente pour l’humanité. Dommage mon grand, tu nous auras bien fait marrer le jour de l’éclipse totale supposée être l’annonce du déluge final, de l’anéantissement de l’être humain par des forces obscures. Pour ceux qui s’en souviennent, il fut tout de même interviewé sur nombre de plateaux de télévision, exhibé en une des journaux à fort tirage et même cité à des milliers de reprises dans tous les organes d’informations possible en France. Risible ? Inquiétant plutôt tant l’impact médiatique fut grand. Mine de rien, ce fut l’année Paco Rabanne et sa connerie et non pas l’année de l’éclipse totale, ou bien l’année de l’an 2000. Comme quoi, il nous aura fait rire mais il aura eu son moment de gloire moins éphémère qu’il n’y paraît de prime abord.

Remontons un peu plus loin dans le temps. Aujourd’hui que risque vraiment un oiseau de mauvais augure ? Au pire l’internement et l’injection de médicaments à fortes doses, mais sûrement pas le bûcher ou bien la torture. Nous sommes devenus des êtres civilisés qui ne pratiquent plus la question avec des tenailles, nous le faisons par l’usage de stupéfiants redoutables. Dans ces conditions, rien d’étonnant à croiser un type se prenant pour le messager d’un dieu quelconque derrière les murs d’une institution psychiatrique. Dommage tout de même, la torture en place publique avait quand même pour avantage d’être ludique, d’enseigner l’anatomie aux enfants et même, suprême luxe, d’offrir un divertissement efficace à la foule illettrée. Aujourd’hui on remplace cela par le football… quel gâchis ! Je m’égare… donc… Ah oui je disais donc que nous sommes autrement plus tolérant envers les messies en goguette car finalement nous ne les écoutons plus autrement que d’une oreille amusée et dédaigneuse. C’est probablement ça, la force des médias modernes : enterrer des « fous » pour en montrer d’autres plus présentables. C’est vrai qu’un Saddam en uniforme fait plus crédible qu’un type en pagne vociférant contre les USA… sur les trottoirs des champs Elysée. Question de standing.

Pourtant, ma plus grande déception est que finalement ces pauvres bougres transportent dans leurs imprécations des choses authentiques, souvent une véritable volonté d’alerter l’opinion à propos de phénomènes de société menant à l’autodestruction. A l’instar d’une Rome se décomposant à grande vitesse pour finir par voler en éclats, le monde actuel arrive à une société basée sur le loisir et non plus sur la production. Conquérir, oui mais conquérir quoi ? A force de saturer l’économie et les marchés potentiels nous en sommes donc plus à envisager une croissance mais plutôt à comment faire pour éliminer des marchés fiables pour les faire ensuite renaître (concept de la guerre écrémant les populations, détruisant les moyens de production et paradoxalement relançant les industries et le commerce). Au fond, le loisir c’est dans énormément de cas non pas s’amuser mais au contraire tester ses propres limites morales. Les romains testèrent toutes les « déviances » possibles, tous les abus alimentaires, physiques et visuels possibles en leur temps, tout cela pour se rassurer de leur propre grandeur. Les messies critiquant l’abus d’alcool, de stupéfiants, le pourrissement des relations humaines par la finance, ont-ils fondamentalement si tort que ça ? Je ne sais quoi en penser tant il est vrai que l’Homme s’évertue à tester ses bornes et à les outrepasser sans s’en rendre compte.

Alors, le messager de l’apocalypse, un symptôme d’une société qui va mal ? Peut-être pas tant que ça, il est surtout l’héritier d’une étiquette qu’il s’évertue à trimballer comme un fardeau et à l’afficher à la face du monde qui, bien entendu, s’en moquera ou la fustigera avec force. On n’aime pas qu’on nous mette nos vérités sous le nez, d’autant moins quand il s’agit de nos vices. Ceci dit, je me ferais bien une petite balade avec un panneau mentionnant en grosses capitales d’imprimerie « Tas d’idiots, nous sommes tous condamnés ! » d’un côté, et de l’autre « Bah oui, nous sommes tous mortels ! »…

Mais de là à croire que les gens ont de l’humour…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand les gens se veulent laïcs, ils croient en l'Apocalypse. Cela les rapproche du Grand Barbu sans en faire allusion... Quelque part, cela les rassure.