07 juillet 2008

C’est standard ce truc ?

C’est en regardant avec dédain mon communicateur de substitution (comprendre un vieux téléphone portable dont j’ai actuellement l’usage en remplacement de celui que je me suis offert à prix d’or et qui s’est pris de convulsions électroniques… enfin là n’est pas le sujet) qu’il m’est apparu comme évident que le mot standard est une chose des plus incongrues dans notre monde. Passionnés par la « norme », nous recherchons sans cesse quelque chose permettant de dicter des règles de bonne conduite, des technologies permettant, paraît-il, de se défaire des problématiques de compatibilité, tout cela pour en arriver à un constat des plus lamentables : le standard, ce n’est pas la chose qui est commune à tous, mais juste l’adoption par certains d’un moyen de fonctionner en commun qui se fera une joie de ne pas être adaptable au standard autoproclamé du voisin…

Ah, ces appareils électriques que l’on trimballe avec soi pour pêle-mêle recharger son téléphone portable, se sécher les cheveux ou se raser ! N’ont-ils pas un côté frustrant lorsque l’on part à l’étranger et que l’on constate avec horreur qu’au mieux la prise est inadaptée, et au pire la tension est différente ? Nos chers voisins anglo-saxons utilisent des prises à bouts carrés alors que les nôtres sont rondes, et si vous avez le malheur de passer la frontière du pays à la bannière étoilée, préparez vous à un choc des cultures car la tension est de 110 et non 220 (en fait 230 Volts) dans notre cher pays. De là, il existe des adaptateurs, accessoire indispensable du voyageur que, bien entendu, personne n’emmène avec lui par méconnaissance du problème. Avec de la patience et de l’entêtement on finit bien entendu par trouver le petit machin en plastique qui vous permettra de vous refaire la tignasse, ceci bien entendu au détriment de quelques heures de vos si précieuses vacances ! Et puis, pour revenir sur les téléphones portables, quel luxe d’embouts différents, quel florilège de formats propriétaires qui ne sont compatibles avec personne : tentez donc de brancher un téléphone de la marque A sur le chargeur de la marque B, vous m’en direz des nouvelles. Le premier sera bien entendu cylindrique comme un embout de transformateur, le second sera rectangulaire et plat comme une limande. Dans l’esprit on pourrait alors imaginer qu’il s’agit là d’un psycho-test comme on en fait passer aux enfants avec des trous de formes géométriques…

Pour le moment il s’agit d’une anecdote, d’un aspect presque comique du standard proclamé, mais allons plus loin. Qui n’a pas hurlé à la mort en constatant qu’un petit appareil utilise des piles d’un format inconnu au bataillon ? Kodak par exemple (oui c’est une marque, mais elle a réussi à me rendre dingue, donc je la cite !) produisait fut un temps des appareils photos « bas de gamme » appareillé avec un flash simple et alimenté par une pile. Jusque là, tout va bien, mais c’est au moment du remplacement de la pile que les ennuis ont commencés. La dite pile avait une taille d’une hauteur moitié plus petite que celle d’une télécommande par exemple, mais moitié plus grosse en diamètre, ainsi que des caractéristiques très particulières de tension et d’intensité. Pas décontenancé, je me mis alors à arpenter les magasins, boutiques d’électronique et autres spécialistes en photographie… Peine perdue ! Tous furent sidérés par la chose, tous me répondirent « C’est quoi ce truc ? », ce qui m’amena à envisager de me soulager de ma peine par l’usage du maillet sur le dit facétieux appareil photo. Le salut provint d’un divin hasard, un passage chez un horloger pour réparer une montre où je pus enfin acheter l’objet de ma convoitise (après six longs mois de quête tout de même). Standard ? Mon œil oui !

Si seulement le terme standard ne cachait pas aussi des dangers ! On a pu constater que le standard est inhérent tant à une volonté industrielle qu’à une métrologie particulière. Typiquement les anglais usent et abusent d’un système qui n’est pas métrique (merci les pouces !) et dont le sens de rotation des vis est à l’encontre de celui utilisé par chez nous. Maintenant imaginez qu’une vis d’un diamètre donné en millimètres bien franchouillards se retrouve mêlée à celles en pas anglais. L’une et l’autre se ressemblent mais l’écart infime de filetage (taille et pas de la vis) a provoqué des accidents d’avion ! Et oui : on ne monte pas impunément une vis d’une taille (même) très légèrement inférieure dans un logement qui ne lui est pas destiné. Si ça se visse, ça ne veut pas dire que c’est fait pour. Je pense que les survivants du crash sont d’accord avec moi. En étant moins effrayant il fut un temps où les premiers vélos fabriqués en Asie apparurent sur le marché français. Il s’avéra que toute la visserie des dites petites reines était bien entendu en pas anglais, ceci amenant au gag des premières réparations impossibles par déficience des outils ou d’une quelconque visserie de rechange. Les premiers acheteurs furent probablement ravis de s’entendre dire par le vendeur « allez en quincaillerie ou dans un garage spécialisé dans les anglaises, qui sait, avec un peu de chance… ».

Après tout, c’est sûrement le besoin maladif de l’humain de « si c’est simple, c’est que ce n’est pas assez compliqué ! » qui nous amène à de tels résultats ! Notez que le standard très personnel peut aussi révéler des décisions stratégiques et/ou politiques. L’écartement des rails dans les pays européens fut décidé de sorte à ce que deux pays frontaliers ne puissent pas utiliser en commun les réseaux ferroviaires, ceci afin d’éviter tout risque d’invasion. Ainsi l’Espagne et la France ont des écartements différents. De la même manière nombre d’armées adoptèrent des calibres de munitions de sorte à ce que l’ennemi ne puisse pas utiliser tout stock abandonné sur le front. Alors, standard salvateur ? Mouais… alors les militaires sont donc plus malins que le commun des mortels ?

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