29 avril 2008

Ah le printemps

Cette saison unique où la renaissance est le maître mot, où l’hiver disparaît en fondant paisiblement au soleil, et où la Nature s’éveille en s’étirant lentement tel un géant assoupi… Le printemps est fabuleux car il est le symbole de la couleur, il est un prisme qui divise la lumière et la disperse sur toutes choses : le vert des plantes, le rouge des fleurs, le violet de l’ancolie perçant la terre… C’est une indescriptible magie, une sensation incomparable sur la peau et dans le cœur. Qui aime le printemps aime la Vie, qui aime la Vie apprendra à aimer le printemps.

Ouvrez la fenêtre qui donne sur la cour grise qui fut inondée, souillée et flétrie par la nuit et tendez l’oreille. Malgré le bitume des chants, des mélopées percent le silence, vous entendrez alors le merle, le pigeon envahissant mais si vivant et avec de la chance vous percevrez le gazouillement d’une portée de moineaux venant d’ouvrir leurs yeux sur la ville. Dans les premières feuilles d’un vert émeraude on imaginerait presque le félin domestique avachi sur une branche, les pattes pendant nonchalamment sur le monde et son bâillement s’étirer en longueur pour marquer son éveil. Doux moment pour les animaux, retour aux sources pour énormément d’espèces, ils vivent sans nous, se moquent de nos conflits et reflètent ce qu’est la paix intérieure. Et pourtant, que n’avons-nous pas dits sur le printemps ? Attendre le printemps pour l’offensive, au printemps les manœuvres sont possibles… Imbéciles que vous êtes, le printemps est là non pour nous donner la malchance de nous battre mais au contraire donner la chance à la Vie d’avancer coûte que coûte.

Perdu dans la glace, enterré vivant pour s’isoler du givre, l’hivernage est terminé. Ils revivent, s’éveillent, cherchent à se nourrir et réapparaissent dans nos forêts. L’ours secoue sa fourrure, sa progéniture sera peut-être enfin tranquille pour cette année, et le miel recommencera à s’agglutiner dans les ruches d’abeilles enfin arrachées à la torpeur. Certains se plaignent de la pluie mais elle est ondée, elle est gouttes légères arrosant l’herbe qui vous parfume l’âme et vous asperge les yeux de sa foison. Pâquerettes éparses dans les jardins publics, que d’enfants vous aurez amusés en subissant le jeu d’amour du « un peu, beaucoup… ». Voyez donc, pauvres fous, à quel point la Nature renaît et elle n’est pas cendres comme nous le sommes hélas trop souvent. Admirez la, aimez la, chérissez la tout comme vous lui demandez de vous héberger, de vous nourrir, de vous supporter. Merci à toi, printemps, corne qui prépare l’abondance de l’été, bourgeons qui s’apprêtent à m’offrir des abricots, des pommes ou des pêches. Beaux buissons, je n’attends que votre bon vouloir pour que je puisse picorer vos baies et autres fruits des bois. Je m’en délecte déjà par le souvenir, j’en attends la saveur avec impatience et tendresse. Souvenirs ? Pas seulement, avenir aussi, désir de partager ma récolte avec l’être aimé, de lui tendre un petit sac maigrelet mais qui sent si bon !

Ne vous plaignez pas de la bruine qui persiste, ne râlez pas après les derniers brouillards, montagnards abandonnez la neige qui s’enfuit… nous n’avons à dicter aux saisons ce que nous désirons, apprécions ce que l’on peut obtenir dans l’instant présent. Qu’il est bon de flâner au bord d’un lac et d’y écouter les canards s’ébrouer, de fouler l’herbe perlant de rosée et de trouver une souche pour s’y asseoir. Certains disent « vivement l’été », moi j’aime le printemps qui selon moi devrait être éternel. Revivre, encore et encore, s’émerveiller comme le gosse que j’ai été en voyant les premiers rayons du soleil assécher mon petit parc sablonneux, le fouler du pied et me dire qu’enfin le ballon pourra à nouveau rouler sans la boue. C’est si difficile d’aimer quelque chose d’aussi simple ?

Et enfin, printemps, grâce à toi j’accueille le retour des fleurs comme l’on attendrait quelqu’un trop longtemps parti et qui revient enfin. Déjà un an et pourtant j’ai l’impression que c’était hier. Le temps passe, inexorable, patient et déterminé. Il n’est pas humain, il se moque bien de planifier quoi que ce soit. Pour lui, tout est écrit, le retour des hirondelles, le départ des cigognes, la neige sur les cheminées… Tout est normal pour lui, rien ne le choque ni le presse, quoi qu’on puisse en dire. Nous autres nous nous pressons, pas le monde, pas la nature, pas la mer qui se démonte parfois pour se remonter ensuite en huile bleutée. Voir la mer au printemps, c’est sentir le monde qui ne change finalement que parce que l’on croit que nous sommes éternels. La pierre prend son temps, faisons en autant. La mousse revit sur la roche… soyons mousses agglutinées, heureuses de vivre un peu de quiétude….

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Joli voyage au pays des nuances du monde.
Le temps, celui vécu, reste Printemps éternellement.