21 mars 2008

Sic transit gloria mundi...

Ne me blâmez pas ! Je sais bien qu’il est facile de mettre en doute la validité des raisonnements d’autrui et d’y adjoindre quelques sarcasmes, mais reconnaissez tout de même que certaines situations sont inévitablement impossibles à ne pas critiquer. Dans toute chose malheur est bon déclare un vieil adage aussi creux qu’il est stupide, car j’ai bien du mal à voir en quoi certaines catastrophes peuvent nous donner quoi que ce soit de bon. Oh bien sûr il y aura toujours le cynique qui sait s’enrichir sur le malheur, l’ironique qui profitera de la chose pour en rire et même le commun des mortels qui, par la truchement de la brève de comptoir, se trouva un sujet de conversation à placer entre le dessert et le digestif pousse calories.

Dans le bestiaire des désastres on peut classer les choses en trois grandes catégories : ceux qui nous touchent directement, ceux qui nous indiffèrent et ceux qui sont finalement si bien ancrés dans les mœurs qu’on les qualifiera d’historiques. Raisonnablement on pourrait donc séparer les aspects militaires et guerriers du reste, mais à mon sens ce serait alors séparer de l’âme humaine son côté mesquin et violent, chose à laquelle je me refuse avec obstination. Evidemment que les guerres sont de grands désastres humains, prétendre le contraire ce serait réfuter 10.000 ans d’histoire… mais ce sera pour beaucoup renier des convictions si profondément ancrées qu’elles ressemblent à des dents de sagesse dans la bouche d’un vieillard édenté. Ne nous méprenons donc pas : le désastre ne se qualifie pas par la violence et par le nombre de morts mais bien par sa portée symbolique. Une marée noire mérite tout autant le terme « désastreux » qu’une invasion de sauterelles en Afrique ou bien l’utilisation abusive de l’agent orange sur les orphelinats Vietnamiens. N’oublions pas non plus de dire que le désastre peut aussi être simplement verbal ou visuel : qui a eu le malheur de supporter les interviews hautement philosophiques des candidats guignols des pseudo écoles du « spectacle », généreusement retransmises à la télévision (tout ça pour dire Star Ac’… à croire que je veux faire mon quota de mots …) sait, dans sa grande souffrance, qu’un tel désastre intellectuel mérite autant le bûcher qu’un hérétique prétendant entendre Dieu quand il colle sa tête contre sa soupière en céramique.

Y a-t-il un classement officiel ou officieux des plus grands désastres ? A ce que je sache il n’en existe aucun tant il serait vite soumis à fluctuation. L’actualité et la bêtise humaine étant sans bornes, il serait bien entendu difficile voire impossible de classer avec honnêteté nos carnages divers et variés. Ceci dit, certains laissent une empreinte plus indélébile que d’autres, avec au surplus la force de la médiatisation qui est devenue possible grâce à la fée électricité. Je songeais récemment à ce qu’est devenu Tchernobyl après autant de temps… De désastre à tout point de vue le spectre nucléaire vaut tout de même son pesant de radons je trouve : villes abandonnées, zones sinistrées pour des décennies, nourriture empoisonnée, sans compter un bilan humain atroce entre les morts irradiés et les enfants atteints de maladies diverses, Tchernobyl tiendrait sans conteste une place d’honneur sur le podium. Quoi qu’il en soit, c’est un bel exemple de désastre cumulant tant l’incompétence de politiques friands de décisions absurdes que d’une gestion de crise invraisemblable. L’accident aurait pu être évité… mais ça, bien entendu, l’histoire ne retiendra que le résultat.

Un autre désastre à mettre à notre joli compte c’est tout de même l’état pitoyable de notre environnement après notre passage. Joyeux pollueurs, inconscients des dégâts irréversibles, nous détruisons, rasons et polluons comme des sauvages sans même nous préoccuper du fait que nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Personnellement, autant nous donner quelques tronçonneuses supplémentaires histoire de solder une fois pour toute notre présence aussi parasitaires qu’inutile en ce monde ! Quitte à être débiles autant l’être correctement non ? Certes, j’admets avec une pointe de tristesse que ce serait un choix extrême, mais la nature, elle saura nous rendre notre sacrifice utile. N’est-ce pas là, le principe de la nature ? Tout recycler ? J’en vois déjà qui me prennent pour un partisan du génocide, un amateur de destruction massive. Mais non, je prône juste l’annihilation… comment ça c’est pareil ? Ah oui, il est vrai que le démon, Satan ou toute autre entité malfaisante n’a jamais été rencontrée ailleurs qu’au cinéma… ça réduit donc le champ d’investigation sur des moyens rapides et surtout efficaces pour nous éliminer. Laissons ce travail aux laborantins, quelque chose me dit qu’ils doivent bien avoir la fiole idéale, le tueur muet qui saura nous faire retourner au néant plus vite qu’un plat cuisiné finit dans la poubelle.

J’ai quelques doutes sur la liste que je pourrais dresser : le LICRA se mettra en branle pour venir me harceler de commentaires sur l’absence de la « shoah » dans mon propos, les indiens d’Amérique réclameront, eux aussi, une place dans la liste des massacrés et oubliés de l’histoire, et enfin la plupart des états africains me regarderont avec méchanceté s’ils n’apparaissent pas dans l’annuaire, que dis-je, le panthéon des désastres. A chacun de vous je vous dis merci ! Oui merci d’avoir participé à la grande œuvre de dépopulation du globe, avec au surplus une superbe réussite sur le thème du « Tuons pour rien ». A qui l’oscar du meilleur bourreau ? Mengele ? Un autre ? Peu m’importe, nous sommes, chacun à notre échelle, de désastreux citoyens du monde : entre ceux qui s’en foutent et ceux qui en crèvent, m’est avis que la communication passe assez mal. Ces derniers temps j’admets une amertume grandissante tant chacun se complait à ne pas se mouiller… ah cette agréable lâcheté de circonstance qui prétend laisser à un tiers élu le soin de se souiller les mains ! Ah, cette visqueuse fascination pour le malheur d’autrui le temps d’un reportage poignant mais toujours oublié sitôt terminé ! Et que dire de nous tous, vils dégonflés, pour qui le malheur n’est qu’une valeur marchande pour faire du tirage ou de l’audimat ? Notre désastre à tous c’est finalement d’avoir oublié ce qui faisait de nous des êtres humains au profit du souvenir de notre dernier achat…

Sic transit gloria mundi...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Normal, personne ne dit aux gens que des Sociétés de sur-consommations comme les nôtres sont vouées par cette déchéance à une fin prochaine et certaine.
Quand au Monde, cela me rapelle un propos de Weber (je crois): si nous ne sommes pas seuls dans l'Univers, qu'importe notre disparition. Mais si nous étions les premiers? Alors notre échec sur cette Terre ne serait pas qu'une catastrophe à l'échelle planétaire, mais à l'échelle universelle. Sublime et luxueux gâchis!

JeFaisPeurALaFoule a dit…

L'universalité de l'homme est dûe uniquement à son égocentrisme forcené. Quelque soit le temps qu'il faudra, nous disparaitrons avec pertes et fracas, et pourtant seul le silence en sortira vainqueur. Laissons donc le luxe de l'ignorance à la masse, elle n'en sera que plus virulente le jour du jugement dernier...