26 février 2008

Pédant

Que je peux honnir les gens qui sous couvert d’expertise dans un domaine particulier ne se « prennent pas pour de la merde ». Ils ont le don de m’irriter tout particulièrement lorsqu’ils ajoutent sans arrêt « Tu ne peux pas comprendre ». Rien que cette phrase suffit à distinguer celui qui a des connaissances et qui les partage et celui qui n’a pour but que de se glorifier. Ils sont partout ces cuistres qui vous bourrent la tête de faits supposés et qui généralement voient des faits inévitables être étrangement éludés. Depuis le plus petit des sans compétence revendiquant un savoir aussi inutile qu’abscond (ah le doux plaisir d’écouter le « roi » du culinaire faisant preuve d’une morgue incroyable concernant les sandwichs Mc Donald’s) jusqu’au professoral autoproclamé œnologue déblatérant des lieux communs sur un verre de vin dont (je cite) « le grenat de la robe et le maintien en bouche sont excellents ». Ah bon ? Parce qu’en dehors de ressortir cette foutue phrase tu es capable de reconnaître un Bourgogne millésimé d’un Gewurztraminer vendange tardive ? N’ayant aucune compétence dans le domaine je me gausse pourtant de ces êtres bâtis par la prétention d’enseigner et détruits par l’inculture qui les as mis au jour.

Tout prête à ce comportement et nulle chose humaine ne saurait y échapper. Prenez la politique… non pas la fuite je viens juste de commencer ! Donc la politique : à lui seul ce domaine suffirait à remplir toutes les étagères de la bibliothèque, enfin bestiaire à opinions formatées et aux démonstrations sans aucun fondement. Certains nomment cela à juste titre la brève de comptoir, cette réflexion qui tient plus de la lapalissade que d’une analyse complète de la situation. Tenez, Poutine, ce brave président russe qui symbolise aujourd’hui le diable en occident. Demandez donc à vos experts ce qu’ils savent de lui, ce qu’ils connaissent de ses actes politiques et surtout, oui surtout soyez vicieux en leur demandant ce qu’ils auraient faits pour l’école de Beslan. Etrangement vous obtiendriez tout un tas d’idées allant de la négociation légitimant alors le terrorisme jusqu’à la plus farfelue des propositions comme une intervention limitée des forces spéciales. Comme si un chef d’état pouvait s’offrir le luxe de faire une partie de jeu vidéo quand il y a la vie d’écoliers en jeu… Bref, notre spécialiste pédant vous battant les oreilles d’un « Si c’était moi, je … » mérite autant de coups de pieds au fondement qu’il y a de bêtises dans sa culture. Cela relancerait, je crois, l’industrie hexagonale de la chaussure et même de la bottine tant cela représenterait de coups à porter !

Paradoxe de l’Homme : plus la chose est complexe à expliquer plus il aime la résumer en quelques phrases toutes faites. Telle chose aurait pu être faite parce que … telle autre n’aurait jamais du arriver parce que… C’est quand même dingue de se dire que certains vont jusqu’à s’imposer spécialistes des batailles antiques et de suggérer des stratégies différentes aux illustres généraux et/ou empereurs. Comme si Alexandre, Napoléon ou Rommel avaient eu besoin d’un guignol pour mener des batailles difficiles… C’est toujours un véritable morceau de bravoure que de les voir s’enfoncer dans l’inepte et l’incongru quand ils vous démontrent que « Si machin avait ouvert le flanc gauche de bidule, m’est avis qu’ils auraient gagnés ». Etrange qu’un conquérant ayant vaincu sans arrêt n’ait pas pensé à ça… Laissons le délirer en paix, probablement a-t-il appliqué sa stratégie dans un jeu quelconque.

Dans le quotidien vous en avez des plus proches de vous, de ces pédants qui vous suggèrent tout et n’importe quoi. Il a le bon rôle, l’expert : celui qui conseille n’est que rarement celui qui agit, et si cela mène à l’erreur il n’en subira pas les conséquences. J’ai un souvenir ému de ces tordus qui conseillaient, pince sans rire, d’acheter de l’eurotunnel en pleine euphorie. Merci à eux d’avoir ruinés des milliers de petits porteurs, tout cela au nom d’un progrès qui me semble aujourd’hui encore plus que douteux. Bon là sur ce thème je reconnais sans ambiguïté une certaine inimitié pour l’Albion, probablement eut égard à son tempérament insulaire et insolant envers l’Europe. Mais ça c’est une autre histoire. Pour tout dire (et revenir au thème qui nous intéresse) je crois que la majorité des dits pédants se trouvent hélas entre les murs isolés des banques, les fesses bien fichées dans des fauteuils de cuir et qui vous dévisagent d’un regard condescendant quand vous avez le culot de quémander un crédit.

Le pire des pédants est finalement le con (là par contre j’y vais franchement) qui vient expliquer à des parents comment éduquer leur progéniture, tout en sachant qu’il n’est pas parent lui-même. Ce serait comme un professeur de natation ne sachant pas nager, non ? Ils sont là, à dire « Il mériterait une dérouillée ce mioche » comme si la sanction avait systématiquement des vertus éducatives. C’est encore lui qui se sentira agacé de voir remuer un enfant et d’aller dire à ses parents avec un sans-gêne évident « Faudrait le tenir en laisse ». Prétentieux, évite de te reproduire, d’une part cela évitera un gosse traumatisé et d’autre part ça nous évitera surtout d’avoir à gérer ton rejeton au moment où tu auras perdu toute patience.

Par pitié faites les taire ! (Les pédants je veux dire…)

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