21 février 2008

Journalisme

Il m’arrive de vilipender la profession de journaliste au titre que j’estime qu’une personne supposée véhiculer l’information n’a pas à être partisan dans ses propos mais au contraire de pouvoir restituer celle-ci dans son aspect le plus réaliste possible. Hormis ceux qui travaillent sous une chape éditoriale fortement connotée (tous les partis se reconnaîtront je pense), il est devenu difficile de trouver des plumes franches et dénuées d’influences au point même que certains journaux en font trop : Marianne ne sera jamais l’organe de l’UMP pas plus que le figaro se fera l’écho des communistes. Enfin bon, dans ce monde où le tirage joue autant que la franchise, je suis souvent attristé de voir que certains grands titres sont obligés de se vendre au plus offrant pour survivre.

On accuse un peu facilement les médias alternatifs d’être la cause de la mort progressive de certains journaux : radio, télévision et Internet sont souvent pointés du doigt comme étant les vecteurs de l’information au détriment du papier. Je conteste fermement cette assertion surtout eut égard à la différence majeure entre l’instantané et le raisonné. La radio peut diffuser sur le champ les informations, la télévision présenter des vidéos choc dans la minute où elles sont enregistrées et l’Internet se faire écho des deux premiers. La plume, le crayon et maintenant le clavier sont plus précieux, nécessitant une plus intense analyse pour que le corps du texte soit riche et surtout soit compréhensible par les lecteurs. Le devoir du journalisme d’écriture est donc celui de l’investigation, de la démonstration parfois fastidieuse mais néanmoins indispensable, chose que bien des chaînes de télévision se devraient de faire. La réaction à chaud est devenue la norme au point qu’on en oublie que peu de choses arrivent par hasard et qu’une conséquence a besoin de causes qui sont souvent complexes à comprendre.

Ce qui est irritant c’est que le mot journalisme regroupe trop de fonctions et de métiers où la qualité est plus que variable. L’éditorialiste du nouvel observateur n’est sûrement pas à comparer avec celui de la « presse » (j’en frémis) people (beurk) et le premier peut se targuer de savoir se servir de ses connaissances autrement que pour distinguer les miches flottantes d’une princesse en goguette sur un cliché flou. Bien entendu il en faut pour tous les (é)goûts et c’est avec circonspection que je vois ces feuilles de choux se vendre à la pelle. Devenus organes d’information aussi analysés que le sont les autres vrais journaux, ces amoncellements d’inepties, de ragots et de vies privées exposées à la plèbe me retournent franchement l’estomac. Sans rire : qu’est ce que cela change à ma vie si X couche avec Y alors qu’il est marié avec W ? Rien. Par contre, comprendre pourquoi deux peuples s’entretuent me semble plus nécessaire, ne serait-ce que pour se dire que nous sommes encore une fois des ignares bornés quand il s’agit de regarder le tiers monde autrement qu’avec commisération.

Qui j’admire dans la presse ? En fait je crois que ceux que je trouve admirables sont ceux qui sont au contact direct des évènements. Certains parlent de voyeurisme quand un photographe prend un cliché de la misère en Afrique, on parle même de violation de la dignité quand un portrait présente la douleur d’une mère après la mort de son unique enfant. Oui les photos peuvent être dures, oui en effet on peut taxer tout cela de malsain mais en toute honnêteté je leur tire mon chapeau. Relater les faits avec l’œil acéré d’un objectif est autrement plus difficile que de rédiger une brève laconique derrière un bureau confortable. Parmi toutes les photographies, au milieu de la quantité astronomique de photos dites historiques, certaines marquent les esprits au point qu’elles en deviennent symbole : le portrait du Che, Mitterrand à Solutré, les photos des camps… il fallait montrer, informer et présenter le monde tel qu’il est et non pas tel qu’on voudrait qu’il soit.

La vidéo est devenu elle aussi un vecteur d’informations seulement rares sont ceux qui s’en servent sans les détourner. Un exemple rare : le « no comment » de Euronews qui a le mérite de présenter sans commentaire les images du monde. A chacun de se faire une idée de se qui se passe et d’en comprendre les finesses. Pas de commentaire signifie non pas un refus d’explication mais en réalité un refus de donner une seule version des faits. Le regard humain a pour défaut d’accepter trop facilement une version erronée des choses quand la parole vient détourner les faits. N’importe quelles images peuvent se voir ruinées et torturées pour dieu sait quelle cause : les attentats du 11 septembre tournés en complot mondial paranoïaque par du pseudo journalisme, des images de guerre où l’ennemi est celui qui est mis en avant et ainsi de suite.

Pour ma part je ne demande qu’une seule chose aux journalistes : refusez les pressions, faites votre métier avec toute l’honnêteté qu’on attend de vous.

Je mets ci-dessous quelques photographies qui me semblent autant « belles », que dures et même parfois pathétiques. No comment ? Aucun commentaire dessus, comprenez les comme vous le souhaitez…

Le chat et le soldat
Napalm girl au Vietnam
l'étudiant de Tienanmen
Le Che

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