10 décembre 2007

Hystérique ?

Vu mes derniers textes je peux supposer que certains de mes lecteurs me prennent pour un hystérique, ou du moins pensent que je n’ai pas pris mes anxiolytiques. Désolé de décevoir les mauvaises langues ainsi que les beaux parleurs, en dehors de quelques troubles mentaux inhérents à la condition d’être humain ma santé mentale semble se porter à merveille ! Eh non, ce n’est pas pour demain que je serai vêtu d’une chemise blanche qui s’attache dans le dos.

Quoi qu’on puisse en dire, il arrive parfois qu’on puisse légitimement se poser des questions sur le sens même de la science psychiatrique. D’emblée j’arrête toute réaction épidermique de cette chère confrérie à la blouse blanche : je ne suis pas suffisamment prétentieux pour aller dire que l’étude des mœurs et déviances mentales est inutile et encore moins apprendre au monde une nouvelle science comme a pu le faire le docteur Freud. Non, là je parle de la médecine mise au service de l’état, la technique éprouvée par énormément de gouvernements qui déclarèrent fous les opposants et les firent interner de force. Si l’on se réfère au système de l’internement, il s’avère que celui-ci diffère radicalement de la mise sous les verrous car dans ce dernier cas la durée de la peine doit être définie et annoncée au condamné, tandis que lors d’un enfermement en établissement psychiatrique la durée est à la discrétion des médecins en charge des lieux, et sans limite sur les renouvellements de la « condamnation ». En pratique, cela signifie donc que le comité chargé du jugement des cas peut tout à fait maintenir à vie un malade mental derrière les barreaux. Bien sûr, on se rassurera en songeant que ceux et celles subissant un tel traitement sont de véritables « monstres » trop dangereux pour nous côtoyer en société, mais si l’on est un tant soit peu pessimiste cela signifie aussi que toute personne enfermée à tort peut y rester jusqu’à sa mort. Terrifiant, notamment quand on sait qu’en France par exemple la perpétuité n’a pas vraiment de sens (c'est-à-dire qu’un condamné à perpétuité voit sa peine assortie d’une peine de sûreté qui garantit une durée minimale de détention au-delà de laquelle il pourra avoir le droit à une demande de mise en liberté ou de réduction de peine), alors que ce mot serait tout à fait à propos dans un hôpital psychiatrique.

Bien sûr, il est plus qu’évident que cette logique est hors de propos en France, surtout si l’on se réfère au principe que nos médecins ne sont pas des instruments du législateur et que le serment d’Hippocrate leur impose le respect de la nature Humaine… Quoique. Je reste dubitatif sur cette affirmation tant il est vrai que j’estime que la psychiatrie est une science expérimentale plus qu’une méthodologie carrée. On ne diagnostique sûrement pas une pathologie mentale comme on discerne les symptômes d’une mauvaise grippe, et qui plus les médications permettant le traitement des troubles d’ordre mentaux sont autrement plus lourdes et délicates à mettre en œuvre qu’une simple aspirine. Relativisons : la majorité des cas répondent à des schémas, des archétypes bien détaillés dans des ouvrages, mais qu’on ne me fasse pas avaler la couleuvre de la connaissance quand on sait tous que le cerveau n’est qu’une vaste zone inconnue et difficilement explorable. Les électrochocs sont-ils si légitimes, en dehors de l’aspect sanction de la chose ? Peut-on encore parler de soin quand un patient erre sans but, totalement abruti par ses cachets ? Je suis perplexe…

C’est curieux : on a peur de la folie sans même savoir si nous ne sommes pas les fous. On se pose en juges de ce qu’est la normalité sans douter un seul instant de notre propre « bonne santé » mentale. Il y a là un point fâcheux tout de même : si nous étions fous et internions les vrais saints d’esprit ? Gênant comme raisonnement mais pas si dénué de fondements. Fut des temps encore trop proches nous faisions arrêter les épileptiques, bannir les borgnes, boiteux et bossus, et pardessus tout nous avons craints la cécité et la surdité comme des tares monstrueuses. Le moindre comportement mental « bizarre » pouvait valoir la mort dans certaines contrées, la vie était donc faite de peurs héritières de tout l’obscurantisme accumulé sur des siècles. Ca me rappelle une petite comptine assez sympathique…

« Une sorcière, bannie d’un royaume chatoyant, pour se venger empoisonna tous les puits de manière à rendre fous tous les habitants. Le seul puit qu’elle ne put empoisonner fut celui du Roi. Rapidement tous les habitants devinrent fous et seul le Roi resta « saint d’esprit » et fut accusé de folie par son peuple. Comprenant le désastre, le Roi but de l’eau empoisonnée… et le peuple le déclara guéri. »

A méditer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis fou à lier ! Je n'ai pas de télévision ...