29 novembre 2007

Moment de violence gratuite

Parfois, je dis bien parfois (heureusement d’ailleurs), il arrive qu’on évoque avec une certaine envie le plaisir malsain d’utiliser la violence, la rage sanglante qui couve en nous comme seuls arguments de communication. Bien sûr que toute personne dite civilisée ne devrait pas se laisser aller à ses instincts primaires et négocier toute échéance ou évènement avec la « pensée » posée et intellectualisée qui est supposée être nôtre depuis que nous ne vivons plus dans le arbres, mais franchement, toujours réfléchir, toujours tergiverser et négocier, personnellement il m’arrive que cela m’horripile au point d’envisager l’utilisation de termes somme toute communs tels que génocide, exécution sommaire, et parfois même pendaison par les tripes en haut de l’obélisque. Rien que d’y penser j’ai l’écume aux lèvres, la folie rageuse s’apprêtant à surgir de je ne sais quel reste d’animalité incontrôlée…

Je me remets, on respire bien fort, on inspire, expire, on se détend… et puis non finalement ! Aborder les problématiques avec une hache affutée au lieu de jouer les diplomates, il y a de quoi se soulager des frustrations quotidiennes : l’emmerdeur de voisin qui découvre la puissance de sa télévision… et un membre en moins ! L’abruti qui au petit matin, vexé de devoir attendre quelques secondes au feu rouge et qui use et abuse de son klaxon… Et vlan le capot dans les dents ! Et puis cette vieille qui tente de vous prendre la place dans la queue au supermarché sans la moindre excuse ni regard… et un coup de pied dans les rotules à la vioque ! Rhaaa ! Ca me rend dingue ! La vengeance n’est pas une solution parait-il, mais là, en toute honnêteté, j’ai des envies d’homicide et de brutalité sanguinaire…

Je vous vois vous demander et vous gratter la tête en signe d’interrogation concernant cette poussée imprévue de haine gratuite, certains hochant négativement la tête en signe de désaccord ou pire encore de désespoir… pourquoi donc, alors que d’habitude je fais preuve d’une saine virulence lexicale qui parfois, quand la chance est avec moi, vire au lyrique suis-je donc devenu « bourrin » ? Parce que ! Une envie, ça ne s’explique pas, ça s’exprime, tout comme le bébé communique par le râle aigu qui tente la communication qui n’est finalement rien de plus que la satisfaction d’une exigence biologique quelconque. Primaire il est dans ses babillements, primaire je suis dans mes attitudes là. Faites place, le tank se lance à l’assaut de l’humanité et tel Attila j’empêcherai à l’herbe de repousser sur mon passage !
Assis sur un chariot de bois je fonce à travers les troupes inconnues mais forcément ennemies, juché sur un cheval je pourfends la masse haletante… Et les époques se succèdent au rythme de mes névroses. Romains, Soviétiques, Polonais, Américains, Allemands, Teutons, Chevaliers croisés, je suis tout le monde, je suis une brute vouée au combat et à la victoire ou la mort. Sans s’arrêter pour respirer je démolis, rase les villes, conquiert des univers entiers et des steppes nues, je grimpe des montagnes pour aller débusquer mes adversaires par delà les neiges éternelles… je suis …

…Une main se pose alors sur mon épaule. Du parfum de la poudre et des cendres d’un monde honni s’élève la senteur suave de violette de son parfum. Reniflant cette étrange présence je reprends peu à peu mes esprits, mon corps se décontracte lentement tandis que mes doigts gourds d’avoir serrés trop de cous haïs libèrent des armes souillées. Je la sens, elle est là, toute proche, se collant à moi et soupirant mon prénom comme je pourrais soupirer le sien. Elle m’enlace alors que la crasse de ma colère me colle encore à la peau. Sa bouche m’offre alors la délicate sensation d’être à nouveau quelqu’un, non plus un monstre mais un être désiré, aimé et chéri tant en gestes qu’en pensées. Je la vois alors, fragile et pourtant indestructible dans ses convictions, soutenant mon regard fou injecté de sang. Elle me sourit, je fonds insensiblement vers ma nature profonde, l’enfant adulte qui aime être aimé…
On s’embrasse, on repousse les corps décharnés du massacre, on éteint la lumière et nos vêtements disparaissent dans les ruines d’une journée que j’aurais aimée normale. Suis-je donc un assassin ? Rien que par la pensée, rien que par l’imagination sûrement, mais jamais encore je n’ai laissé la violence prendre le pas. Dieu merci tu es là, patiente et charitable avec ton fou d’amant…

Et dire que j’aurais aimé en finir avec ces Hommes qui sentent la pourriture de l’âme et qui exhalent la vacuité des cœurs ! La prochaine fois peut-être…

Et je ferme les yeux en souriant.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore ce texte !!! :)

Philippe

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JeFaisPeurALaFoule a dit…

Merci ! Je viens de lire le blog, j'aime assez le style.

Anonyme a dit…

Je l'ai lu silencieusement, mais cela ne me convenait point; alors je l'ai lu à ma Douce avec énergie à voix haute et forte, avec violence et tendresse, au gré des mots et des maux infligés. Béni soit ce jour, les Barbares ont enfin un hymne!!! Que cela soit lu, que ceci soit su. Et que le hérault de ces lieux soit notre héros!!!

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Je me suis esclaffé en imaginant ce stentor d'ami qui se lançant dans une lecture homérique de mes chimères intellectuelles. Effectivement, faisons de la saine colère un hymne à la joie, et que la route soit tracée au milieu des ruines pour y dessiner notre drapeau libertaire.